En 2023, plus de 200 000 étudiants vietnamiens ont opté pour des études à l’étranger, avec en tête la Corée du Sud. Le gouvernement vietnamien s’engage activement en faveur de l’internationalisation de l’enseignement supérieur, en renforçant sa coopération universitaire avec des pays comme la Corée, le Japon ou encore les Etats-Unis. Récemment, ce dernier pays attire autant qu’il n’inquiète, notamment en raison du durcissement migratoire décidé par l’administration Trump.
L’internationalisation des études s’impose comme une évidence
Selon les chiffres du Ministère de l’éducation vietnamien, en 2024, environ 200 000 étudiants vietnamiens étaient inscrits dans des universités étrangères.
Parmi eux, 70% se concentrent sur 7 destinations clés : la Corée, le Japon, l’Australie, les Etats-Unis ou encore Taiwan, la Chine et le Canada.
Selon le vice-ministre de l’Education, Nguyen Van Phuc, les études à l’étranger jouent un véritable rôle dans l’intégration internationale du Vietnam. Cette internationalisation des études permet de développer ses ressources humaines et intellectuelles.
La Corée : destination prisée des étudiants vietnamiens
C’est la Corée du Sud qui figure en tête des destinations pour les échanges universitaires. En 2023, plus de 43 000 étudiants vietnamiens suivaient les cours dispensés par des universités coréennes.
En Corée, la majorité des étudiants étrangers inscrits en ingénierie et en sciences naturelles sont vietnamiens. Le pays a récemment annoncé une augmentation significative de son budget pour son fonds de bourses destiné aux étudiants d’exception en sciences et en ingénierie.
Lors du Forum des études coréennes au Vietnam qui s’est tenu à Hanoi le 9 mai dernier, le professeur Hoang Anh Tuan, président de l'Université des sciences sociales et humaines, a souligné « nous entrons dans une nouvelle phase de développement, une phase de partenariat stratégique global entre le Vietnam et la Corée ». La Corée et le Vietnam ont intensifié leur collaboration scientifique, technologique et universitaire ces dernières années avec l’instauration d’un partenariat stratégique global en 2022.
Cette intensification de leurs relations représente un espoir pour la coopération entre les chercheurs, les universités, les entreprises et les agences gouvernementales.
Le choix des USA
De l’autre côté du Pacifique, les États-Unis comptent parmi les destinations les plus attractives pour les étudiants vietnamiens, avec environ 30 000 d’entre eux y poursuivant un cursus. La moitié d’entre eux suivent des cursus STEM – sciences, technologies, ingénierie et mathématiques – permettant au Vietnam de développer ses industries de haute technologie en renforçant sa main-d’œuvre.
De son côté, le Vietnam se place au 5e rang mondial des pays qui envoient le plus d’étudiants aux Etats-Unis, et au 1er rang des pays de l’ASEAN.
Les deux pays ont avancé ces dernières années vers une coopération éducative bilatérale renforcée. Une cinquantaine de programmes conjoints existent déjà dans les domaines de l’ingénierie, de l’informatique, de l’économie ou encore de l’environnement. Fin mars 2024, le premier ministre Pham Minh Chinh avait proposé d’approfondir cette coopération, lors d’une rencontre avec 21 universités américaines.
Le gouvernement vietnamien souhaiterait également élargir le programme de bourses américaines, ou bien réduire les frais de scolarité pour les Vietnamiens. Actuellement, ces frais restent souvent assumés personnellement par les étudiants, et restent colossaux.
Quid du durcissement migratoire américain sous Trump ?
Le retour au pouvoir de Donald Trump, marqué par son durcissement migratoire, a suscité l’inquiétude de bon nombre d’étudiants en échange.
En mars dernier, l’administration Trump a en effet lancé son programme de révocation de visa. Au 27 mars, plus de 300 étudiants étaient concernés par ces révocations. Au 14 avril, le nombre a grimpé à 1 179 cas confirmés. Des universités prestigieuses comme Harvard, Stanford ou Colombia ont annoncé avoir été touchées elles aussi par des cas de révocations.
Le secrétaire d’Etat des Etats-Unis, Marco Rubio a demandé un renforcement des contrôles des infractions et des publications sur les réseaux sociaux. Une infraction, même mineure, pourrait alors entraîner l’expulsion ou l’interdiction d’entrée pendant 5 ans. A travers la pression exercée sur les réseaux sociaux, tout le contenu en ligne est sous surveillance. Une attitude perçue comme « hostile à la culture américaine » pourrait ainsi conduire à un refus de visa.
En réponse, le consulat vietnamien de San Francisco avait lancé un appel à la prudence. Il a souligné l’importance de vérifier la validité des cartes vertes, visas, de rester conforme aux lois américaines, et d’éviter les publications politiques, extrémistes ou controversées sur les réseaux sociaux.
Les universités américaines rassurent leurs étudiants
Plusieurs universités américaines tentent de rassurer les étudiants étrangers. Elles conseillent néanmoins de prendre le chemin de la prudence en évitant de quitter le territoire, même pour ceux ayant une carte verte.
La directrice de Summit Education, Mme Tran Phuong Hoa, tente de rassurer les étudiants vietnamiens en relativisant les effets réels du programme américain. En réalité, les annulations touchent moins de 0,1% des plus d’un million d’étudiants internationaux aux Etats-Unis.
« Il n’y a pas lieu de paniquer […] pour les étudiants vietnamiens qui étudient normalement et ne violent pas la loi » avait déclaré Mme Tran Phuong Hoa.
Bien que ces chiffres semblent élevés, ils représentent une proportion relativement faible par rapport au total des étudiants internationaux aux États-Unis (1,13 millions, selon le rapport Open Doors 2024). Avec l’amplification des médias, les familles vietnamiennes et les candidats étaient inquiets quant à leur demande de visa.
Les universités américaines et les autorités vietnamiennes tentent de rassurer les candidats. Ils affirment que le marché américain des études reste dynamique, et les opportunités académiques toujours nombreuses.
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