Un décret gouvernemental visant à réduire l’exploitation des eaux souterraines, des retards dans les projets d’approvisionnement, des tarifs peu attractifs. Plusieurs districts de Hanoï (Thanh Xuan, Nam Tu Liem, Thanh Oai et Hoai Duc) se sont retrouvés à sec en ce mois d’octobre, après avoir déjà vécu un été difficile.
A certains endroits, on a assisté à des scènes dantesques, avec des gens faisant la queue jusqu’à deux heures du matin pour quémander de l’eau auprès de camions-citerne.
On aurait pourtant pu croire qu’avec la fin de l’été, la demande allait décroître, d’autant que le niveau des fleuves et rivières qui traversent la capitale, lui, a augmenté grâce aux fortes pluies et aux inondations qui se sont produites en amont.
Il est vrai qu’une agglomération de 8,4 millions d’habitants est forcément difficile à approvisionner, mais tout de même.
Des eaux souterraines encore sous-exploitées à Hanoï
Sur les 1,5 millions de mètres cubes qui sont fournis quotidiennement aux hanoïens, la moitié provient des eaux souterraines, des nappes phréatiques autrement dit. Mais c’est justement là que le bât blesse, car à force d’être surexploitées, ces nappes phréatiques tarissent, quand elles ne sont pas contaminées à l’arsenic.
Face à cette situation, les autorités ont décidé de miser davantage sur les eaux de surface et de laisser les nappes phréatiques se reconstituer. Il est même prévu que l’exploitation des eaux souterraines passe de 770.000 mètres cubes aujourd’hui à 413.000 d’ici 2050.
Certaines usines ont du coup fermé leurs installations. C’est par exemple le cas de la station de pompage de Ha Dinh, qui a fermé 8 de ses 17 puits et qui ne fournira plus que 10.000 mètres cubes par jour jusqu’en 2030, soit le tiers de sa capacité normale.
Des projets qui n’aboutissent pas.
C’est donc vers les eaux de surface que se tournent désormais les regards, mais force est de reconnaître que beaucoup de projets restent justement à l’état de projet.
Il est notamment prévu que l’eau du fleuve Rouge soit mise à contribution. Aussi les travaux d’une station de pompage, d’une capacité de 300.000 mètres cubes par jour, ont-ils démarré dans le district de Dan Phuong.
La station en question aurait dû être opérationnelle début 2021. Elle sera - au mieux - achevée fin 2024.
Et que dire des travaux d’agrandissement de l’usine de Bac Thang Long-Van Tri ? Ils auraient dû être achevé voici cinq ans et ils n’ont toujours pas démarré ! Même scénario pour l’usine de Xuan Mai, qui aurait dû être achevée en 2020 et qui n’est encore qu’une abstraction pure.
Les zones périphériques durement impactées
C’est en banlieue que la situation est la plus critique. La fusion de la province d’Ha Tay avec Hanoï a eu pour effet d’entraîner un phénomène d’urbanisation galopante dans les districts de l’ouest et du sud-ouest.
Seul problème, et non des moindres : le réseau d’approvisionnement en eau n’a pas suivi ce rythme effréné.
Dans les zones suburbaines, on dénombre 139 communes qui ne disposent pas de leur propre réseau d’adduction d’eau. C’est le cas, notamment, dans le district de Hoai Duc, où les pénuries d’eau se multiplient depuis le mois de juin, et où la sortie du tunnel n’est toujours pas en vue.
On pourrait en dire autant des communes de Soc Son, Dong Anh, Gia Lam, Chuong My, Xuan Mai et Dan Phuong, où les travaux d’adduction d’eau ont pris un retard conséquent, à moins qu’ils n’aient tout simplement pas débuté.
Des prix peu attractifs
Le 1er juillet 2023, les tarifs de l’eau à usage domestique sont passés de 5.793 à 7.500 dôngs pour les 10 premiers mètres cubes, et il est prévu qu’ils augmentent jusqu’à 8.500 dôngs courant 2024.
Si l’on en croit Truong Viet Dung, du comité populaire de Hanoï, cette hausse des tarifs est la première en l’espace de dix ans. Il faut ajouter à cela que l’exploitation de stations de pompage en surface est plus coûteuse, ce qui explique cette augmentation.
La ville a réussi à attirer 23 investisseurs pour 40 projets d’approvisionnement en eau, ce qui devrait faire passer sa capacité à 2,3 millions de mètres cubes par jour, a assuré ce même Truong Viet Dung, qui a également précisé qu’en zones rurales, 96% de la demande devrait être satisfaite dans un avenir proche, contre 80% aujourd’hui.
Sur place, la situation est plus incertaine. Les travaux nécessitent des coûts énormes, et les tarifs pratiqués, même révisés à la hausse ne suffise pas à garantir l’achèvement des projets.
Le Van Du, en charge des infrastructures au département de la construction, a admis que tant que les travaux de construction des usines d’adduction d’eau traîneraient en longueur, les pénuries risquaient fort de perdurer.
Pour ce qui est de l’été 2024, les perspectives ne sont guère réjouissantes : Hanoï pourrait connaître un déficit d’environ 50.000 mètres cubes par jour, principalement dans les districts de l’ouest et du sud-ouest.