Ce n’est un secret pour personne : le référendum n’est pas un outil massivement utilisé à l’échelle nationale. Pourtant, à l’échelle régionale, cette initiative suscite un réel engouement. C’est notamment le cas dans le Land de Hambourg, qui s’apprête à organiser ce dimanche 12 octobre un référendum d’importance sur deux sujets distincts : le revenu de base et les objectifs de neutralité carbone.


Ce dimanche , les habitants inscrits sur les listes électorales du Land de Hambourg auront l’occasion de participer à un référendum tout particulier. En effet, ceux qui se rendront aux urnes auront l’occasion de voter non pas pour répondre à une, mais bien à deux questions concernant la vie de la communauté hambourgeoise. Une telle initiative n’est pas une exception dans la vie locale allemande, mais elle confirme cependant le statut de Hambourg comme l’un des Länder les plus avancés en matière de démocratie directe.
Deux questions d’importance avec une vision d’avenir
Loin de porter sur des questions anecdotiques, ces deux questions référendaires concernent des sujets bien précis, tout aussi importants pour la vie collective de la ville que pour son avenir.
Un test grandeur nature pour le revenu de base
La première question porte sur un projet ,à la fois de loi et de société, concernant la notion de revenu de base (Grundeinkommen). Le but de ce projet de loi est de verser, pendant trois ans, un revenu de base à 2 000 personnes tirées au sort parmi les habitants de Hambourg. Il s’agit d’un test grandeur nature destiné à mesurer les effets d’un revenu de base sur plusieurs critères : le travail, la qualité de vie ou encore la santé mentale.
Les participants seront sélectionnés de manière représentative, en veillant à inclure autant de profils de vie différents que possible, afin d’obtenir des résultats complets et fiables. L’objectif à long terme est clair : tester ce revenu à l’échelle locale, étudier les résultats de cette expérimentation et, ainsi, nourrir un futur débat national sur le revenu de base en Allemagne.
Si, à première vue, ce projet semble séduisant, il suscite cependant un vif débat au sein de la société hambourgeoise. Les partisans du non avancent plusieurs arguments pour s’y opposer. Ils jugent tout d’abord le coût global de l’opération trop élevé , il devrait atteindre plusieurs dizaines de millions d’euros pour la ville. Ils dénoncent également le risque de créer de fausses attentes, Hambourg n’ayant pas les moyens, selon eux, de financer un revenu de base pour l’ensemble de ses habitants. Enfin, des partis comme la CDU ou le FDP estiment qu’il ne revient pas au Land, mais bien à l’État fédéral, de débattre d’un tel projet.
L'accélération du processus de neutralité carbone
La seconde question à laquelle les Hambourgeois devront répondre ce dimanche concerne la loi de planification de la neutralité carbone.
Si l’Union européenne a fixé, via le Pacte vert européen, l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050, l’Allemagne s’est quant à elle fixé un objectif encore plus ambitieux : atteindre la neutralité carbone d’ici 2045. Dans ce cadre, la communauté de Hambourg soumet à ses citoyens la question suivante :
« Hambourg doit-elle modifier sa loi sur la protection du climat afin d’atteindre la neutralité carbone dès 2040, au lieu de 2045, avec des objectifs annuels contraignants et des mesures correctrices automatiques ? »
Le « oui » vise donc à avancer de cinq ans la date de l’objectif de neutralité carbone par rapport à l’objectif fédéral, tandis que le « non » vise à maintenir la législation actuelle.
Les arguments des partisans du oui sont nombreux. Le premier est celui de l’urgence climatique. Dans le cadre des accords de Paris, signés par l’Allemagne, les scientifiques estimaient que l’objectif de 2045 allait dans le sens de ces engagements. Cependant, les scénarios du GIEC estiment que les pays industrialisés devraient atteindre la neutralité carbone dix ans avant le reste du monde. C’est ce constat qui inspire des localités comme Hambourg à proposer la date de 2040, plus en phase avec l’urgence climatique.
Les arguments suivants sont plus spécifiques à la ville de Hambourg. D’abord, c’est une ville riche et innovante, qui dispose des moyens financiers pour mener une transition plus rapide. De plus, et c’est un autre argument des partisans du oui, de tels investissements permettraient de créer de l’emploi local et durable. Enfin, cet objectif est aussi symbolique et stratégique : en adoptant une date plus ambitieuse, Hambourg souhaite se positionner comme une ville modèle dans les domaines des transports, de la rénovation et des technologies vertes, et ainsi inspirer d’autres grandes villes allemandes.
Là encore, le camp du non, soutenu par le gouvernement local composé majoritairement d’élus CDU et FDP, possède de nombreux arguments pour tempérer l’enthousiasme des partisans du oui. Le premier est, encore une fois, celui du coût : selon eux, avancer de seulement cinq ans la date limite pour atteindre la neutralité carbone ne justifie pas les milliards que la ville devrait investir pour y parvenir. De plus, à l’instar de la première question, la CDU et le FDP estiment que ces problématiques relèvent du pouvoir fédéral : les objectifs climatiques sont fixés à Berlin, et Hambourg, seule, ne pourrait pas aller beaucoup plus vite.
Enfin, les partisans du non défendent une approche qu’ils qualifient de réaliste : selon eux, certains secteurs, comme le bâtiment ou l’industrie portuaire, ne pourraient pas réduire leur empreinte carbone aussi rapidement. Ils estiment donc qu’il faut un plan crédible et progressif pour atteindre la neutralité carbone, plutôt qu’une date symbolique.
Les conditions légales du référendum
Avant même d’évoquer les conséquences possibles du vote sur ces deux questions, il est important de rappeler les conditions légales d’adoption d’un référendum à Hambourg.
D’abord, le référendum se fait à la majorité simple, c’est-à-dire qu’il doit recueillir plus de 50 % de « oui » pour que la question soit validée. Ensuite, pour que le référendum soit promulgué, le nombre de votes favorables doit représenter au moins 20 % de l’ensemble des électeurs inscrits à Hambourg, soit environ 260 000 voix.
C’est donc un moment fort de débat et de démocratie que va vivre Hambourg en ce début d’automne. Reste à savoir, maintenant, qui du « oui » ou du « non » l’emportera ce 12 octobre.
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