Édition internationale

LE GENIE DE LA LANGUE - Pirates : Hackers et Geeks

Écrit par Lepetitjournal Hambourg
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 5 janvier 2018

 

Qui sont ces étranges pirates virtuels qui s'affublent de noms américains décoiffants ? Appelant à ce qu'ils nomment la démocratie directe,  ils ont touché à Berlin un électeur sur 10 et sont entrés au Landtag de la Sarre, pulvérisant les Libéraux et inondant nos journaux de noms sortis des puces (informatiques). Qui sont ces nouveaux grands frères ou ... Big Brothers ?

Ces nouveaux Pirates viennent de Suède. Ils prônent la libre circulation des savoirs - "la propriété c'est le vol", vieille antienne. Sur la Mare Nostrum virtuelle, peuplée de daemon et autres chevaux de Troie, on surfe sur la vague. "Terre en vue" titre le Frankfurter Rundschau. Faut-il le dire, le chef des Pirates est un informaticien ? Les technoïdes sont parmi nous.
Le dessinateur Schot aux Pays-Bas souligne la "Hessellisation"1 des propos de ces indignés-en-ligne : dans la Süddeutsche Zeitung, il illustre le propos par un écran d'ordinateur avec cible unique, et pour touches clonées des points d'exclamation. Feu à volonté ! Ce qui rappelle la cible affichée à la télé dans les années 1960 par le trublion J-C Averty avec l'injonction "Prenez un marteau et tentez d'atteindre la cible". Nombreux furent les crétins au marteau.

Le monde sera webcamé ou ne sera pas
Le peiratès grec est celui qui s'essaie contre (verbe peiraein), qui tente sa chance - aux dépens de ceux qui ont la malchance de le rencontrer. Dès l'Antiquité, ils évoluent dans une zone de non-droit : Cicéron les fustige. Les pilleurs de ressources et de la libre circulation commerciale des hommes et des biens sont pour les Romains des auteurs de crimes contre l'humanité (hostes humanis generis).
Aujourd'hui, les pirates appellent à se rallier au pavillon de la e-Flibuste, avec les mots magiques "liberté'" et "transparence". Cette nouvelle glasnot tient de la dénonciation genre Anonymous et Wikileaks et de la plus trash des télé-réalités. Quant à la liberté "que de crimes commet-on en ton nom !" s'écriait Mme Roland, déjà sur l'échafaud.

Après les religions du Livre, celle de l'iBook ?
Bible des Pirates hacktivistes, ou hackers, la "Déclaration d'indépendance du cyberespace" de John Perry Barlow, rancher du Wyoming, parolier de Grateful Dead, cofondateur de l'Electronic Frontier Foundation.
To hack signifie hacher, craquer un système.  Et le hacking, au foot, c'est le coup de pied dans les tibias. Notons que the hack peut signifier esclave ou mercenaire.
Petit peuple des Pirates : Geeks - en argot américain, grosses  têtes, drogués d'informatique et d'heroic fantasy. Vient du haut allemand Geck - le fou et, à partir du XVIIIè siècle, le monstre de foire - qu'on retrouve dans les "Gicques" des carnavals du nord de la France. Nolife (sans vie) ou hikikomori japonais souffrant d'addiction totale, accros "suicidés" dans le virtuel. Nerds - solitaires plutôt polars des sciences et  techniques.
Tous ces zombies du virtuel surgissent désormais de l'écran. Pour programmer quel monde ?

Elizabeth Antébi (www.lepetitjournal.com/cologne) Mardi 10 avril 2012

1 Cf. S. Hessel

A relire :

logo carré 2024_0
Publié le 10 avril 2012, mis à jour le 5 janvier 2018
Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.

Flash infos