Du 10 au 17 juillet 2025, la ville de Besançon a accueilli le XVIe Congrès mondial de la Fédération internationale des professeurs de français (FIPF). Un événement d’ampleur mondiale, placé sous le signe des « utopies francophones en tous genres ». Parmi les délégations remarquées : celle du Réseau international des Maisons des Francophonies (RIMF), venue porter la voix d’une Francophonie concrète, enracinée et engagée.


Après l’édition parisienne de 2000, la FIPF a choisi de revenir en France pour son 16e congrès mondial. Et c’est Besançon, berceau de Victor Hugo et creuset d’utopies sociales, qui a été retenue. « L’idée a germé en 2021 avec le Centre de linguistique appliquée, et depuis quatre ans, nous avons construit cette aventure collective », rappelle Viviane Youx, présidente de l’AFEF.
Ville à taille humaine, riche d’un patrimoine intellectuel fort, Besançon s’est transformée, le temps d’une semaine, en capitale mondiale de la francophonie éducative. Le congrès a investi ses lieux emblématiques – Kursaal, Théâtre Ledoux, Palais Granvelle, université Marie et Louis Pasteur – mobilisant 1 200 congressistes, 120 bénévoles et plus de 60 partenaires logistiques. « Quand on nous a dit que Besançon allait être le centre du monde, nous en avons été fiers », confie la maire Anne Vignot.
Utopies partagées, pratiques croisées
« Les utopies francophones en tous genres » : un thème ambitieux qui a traversé les 400 communications, 200 ateliers et 24 conférences du congrès. Diversité linguistique, pratiques d’écriture, littérature, usage du français comme langue de travail… autant d’angles pour interroger les méthodes, croiser les expériences et faire émerger de nouvelles pistes pédagogiques.
Pour Cynthia Eid, présidente de la fédération, ce rendez-vous est d’abord une aventure humaine : « Nous sommes une fédération forte de 220 000 sympathisants dans le monde, mais 30 % des enseignants quittent la profession : c’est un signal d’alerte mondial. » À côté des interventions plus formelles, le congrès fut aussi un temps de respiration, propice aux liens spontanés et aux élans collectifs – du karaoké francophone à guichets fermés aux discussions nocturnes dans les ruelles de la vieille ville.
La FIPF, un réseau mondial en mouvement
Présente dans 140 pays, la Fédération internationale des professeurs de français constitue l’un des plus vastes réseaux associatifs de la francophonie. Sa présidente, Cynthia Eid, insiste sur l’importance de ces rencontres, bien au-delà de la formation continue.
« Ce congrès, c’est un lieu de projets, de découvertes, de rencontres. Une bouffée d’oxygène pour une profession souvent isolée. » - Cynthia Eid, présidente du FIPF
Elle n’élude pas les défis : précarité croissante, départs massifs, transformation des outils pédagogiques. Mais elle garde foi en « ce métier extraordinaire qui peut allumer des étincelles dans les yeux des apprenants ». Pour elle, la solution passe aussi par la valorisation de la diversité des parcours : enseignement, édition, communication, culture… autant de débouchés possibles pour les amoureux du français.

Le RIMF, partenaire des professeurs pour une francophonie citoyenne
Au cœur du Kursaal, entre deux stands institutionnels, celui du Réseau international des Maisons des Francophonies (RIMF) offrait un espace vivant, dialoguant, résolument tourné vers l’action. Le samedi 12 juillet, le RIMF a également animé un atelier dans le cadre officiel du congrès. Sa présence portait un message fort : la Francophonie ne se limite pas aux traités ni aux chancelleries. Elle se construit aussi — et surtout — sur le terrain, au contact des enseignants, des élèves, des citoyens.
« Être ici, avec une délégation jeune, engagée, c’est affirmer que la Francophonie est d’abord une relation humaine, une solidarité vivante », rappelle Éliane Nsom, co-présidente fondatrice du RIMF. Aux côtés de Christian Philip, également co-président, et avec la participation de Paul Nelson, Jeune ambassadeur Francophone, et Éloïse Giry, engagée au sein de la Maison de la Francophonie de Lyon, le RIMF a illustré cette vision d’une Francophonie intergénérationnelle, inclusive, connectée au réel.
Mais au-delà de la parole, le message était un appel : le RIMF est prêt à accompagner les professeurs de français partout dans le monde, en leur offrant des relais locaux, des outils, des appuis, des espaces d’expression. Là où les institutions internationales peinent parfois à descendre jusqu’au quotidien des classes, les Maisons des Francophonies, elles, sont sur place — dans les quartiers, les écoles, les bibliothèques — et peuvent servir de passerelles.
C’est cette Francophonie citoyenne, complémentaire de la Francophonie diplomatique, que le RIMF incarne. Non plus une vision descendante, mais un réseau vivant d’acteurs locaux, qui partagent leurs initiatives, leurs ressources, leurs voix. Grâce à ses outils numériques — application mobile, radio, webjournal —, le RIMF se positionne aujourd’hui comme une plateforme d’engagement collectif à l’échelle mondiale. Pour ceux qui enseignent le français, le vivent, le font rayonner, il propose un allié de terrain, disponible, agile et profondément humain.

Une francophonie vivante et incarnée
Le congrès de Besançon n’a pas seulement été un sommet académique. Il a permis de faire exister une francophonie plurielle, habitée, vibrante. « Dans un monde qui se fragmente, la langue permet de recoudre des liens », a affirmé la maire Anne Vignot. Loin des grands discours, le terrain a parlé : celui des enseignants, des médiateurs, des passionnés, mais aussi des structures comme le RIMF, qui œuvrent au quotidien dans l’ombre.
Et si l’élan venait d’en bas ?
Le XVIe Congrès mondial de la FIPF a montré que l’avenir de la Francophonie ne se décidera pas uniquement dans les grandes institutions. Il se construit au quotidien, dans les salles de classe, les maisons des francophonies, les échanges entre jeunes, les partenariats locaux.
Pour le RIMF, cette rencontre internationale n’a fait que renforcer une conviction ancienne : la Francophonie, loin d’être une utopie, est déjà une réalité vivante, portée par ses enfants, les citoyens du monde qui l’habitent, la parlent, la transmettent.
« Ce que nous proposons, c’est une Francophonie qui agit, qui relie, qui transforme », - Éliane Nsom, co-présidente fondatrice du RIMF
À Besançon, le RIMF n’a pas simplement présenté un réseau : il a tendu la main. Une main tendue aux enseignants isolés, aux associations locales, aux collectivités prêtes à s’engager. Le message est clair : là où il y a de l’envie, il peut y avoir une Maison de la Francophonie.
Et si la Francophonie de demain n’attendait plus d’être proclamée d’en haut — mais simplement accueillie, animée, et partagée sur le terrain ? Le RIMF en est convaincu : c’est en agissant dès maintenant, localement, que l’on changera durablement le visage de la Francophonie mondiale.
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