Quand la Banque centrale européenne signe une augmentation record de ses taux d’intérêt, le Bankenviertel écoute attentivement. Focus sur l’une des plus grandes places financières d’Europe.
Depuis la fin du vingtième siècle, Francfort se développe en tant que pôle financier européen majeur. L’apparition de plusieurs gratte-ciels lui vaudra même le surnom de “Mainhattan” en référence au fleuve Main qui traverse la ville.
Une actualité mouvementée
Jeudi 14 septembre, la Banque centrale européenne a annoncé augmenter ses taux de 3,75% à 4%. Les gouverneurs des banques nationales de la zone euro ainsi que les six membres du directoire de la BCE ont convenu qu’une telle mesure était nécessaire pour continuer de freiner l’inflation face aux éléments extérieurs. Bien moins contrôlable que la politique monétaire, la guerre en Ukraine et sa conjoncture imprévisible a un impact conséquent sur l’économie depuis ses débuts.
Pour les banques européennes, cela signifie concrètement qu’elles vont payer plus cher leur financement auprès de la BCE. Elles vont donc à leur tour augmenter leurs taux pour ainsi réduire le nombre de prêts accordés et inciter les ménages à épargner plutôt qu’à consommer.
En revanche, baisser l’inflation fait baisser la demande des ménages et entraîne une production moins importante, pouvant freiner la croissance d’un pays. Alors que certains pays, dont l’Allemagne, sont entrés dans un période de récession, l’annonce de Francfort amène certains observateurs à craindre ce ralentissement de l’économie.
Concentration d’institutions
Dans un contexte de proximité et de prospérité relative, les banques francfortoises ne sont pas en reste. Les 300 banques nationales et internationales qui se trouvent dans le quartier “Bankenviertel”, à l’est de la gare, se complaisent dans cette mesure qui vise à garantir un contexte économique plus stable, s’éloignant ainsi de toute panique bancaire.
Derrière Londres, Paris et Amsterdam au classement des pôles financiers européens (Statista, 2023), Francfort séduit entreprises et particuliers par son attractivité économique et son regroupement d’établissements liés au monde des affaires. Dans le décor urbain, plusieurs tours dépassent les 200 mètres, la plus haute d’entre elles se hisse à 259 mètres. La Commerzbank Tower abrite le siège de la deuxième plus grande banque d’Allemagne et possède le titre honorifique de plus haut gratte-ciel de l’Union européenne.
Les sièges de la Deutsche Bank et de la Deutsche Bundesbank sont eux aussi dans les quelques kilomètres carrés qui délimitent le quartier d’affaires. Dans un autre registre, la bourse allemande, connue par son indice “DAX”, est aussi basée à Francfort.
Francfort bénéficie de sa concentration de sièges sociaux d'entreprises, où les experts en réglementation, en durabilité et en numérisation sont réunis. Sept des dix plus grandes banques allemandes ont leur siège à Francfort.
Plusieurs cordes à son arc
Mais au-delà de concentrer l’activité financière en son sein, Francfort diversifie le caractère de celle-ci. La métropole compte banques privées, bourses, institutions et banques publiques mais aussi le siège européen du plus grand fonds d’investissement au monde, BlackRock. Cette pluralité différencie Francfort de Londres, Paris ou Amsterdam.
A titre d’exemple, la ville prend une longueur d’avance dans le secteur de la supervision. Déjà en place depuis 2003, l’Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles sera bientôt rejointe par la future Autorité européenne de lutte contre le blanchiment d'argent (AMLA). Annoncée par la Commission européenne en mars dernier, elle permettra de mieux lutter contre la fraude fiscale à l’échelle européenne et emploiera 250 personnes sur son site.
Pour en savoir plus sur l’origine de la Banque centrale européenne et sur son rôle central dans l’éclosion d’une plateforme de la finance en Allemagne, cette courte vidéo explique l’origine de la volonté de créer une monnaie commune.
De l’emploi en abondance
Avec ses nombreuses banques et grandes entreprises implantées dans la région comme Sanofi, Opel ou Lufthansa, Francfort a vu sa population grimper dans les 20 dernières années. Les 773 068 habitants au 31 décembre 2022 dépassent largement le nombre d’habitants au début du siècle, autour de 640 000 en 2001.
Véritable pôle financier, Francfort opère un recrutement important dans un secteur qui, outre la violente crise de 2008, semble être en extension permanente. Par ailleurs, la récession ne fera pas fuir ses habitants tout de suite : selon un classement établi par le média américain Forbes, Francfort serait la 17ème ville la plus agréable à vivre au monde. Juste devant Berlin, classée 18ème
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