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MICRO-TROTTOIR – Le salaire minimum, l’ami incompris des Allemands

MICRO-TROTTOIR – Le salaire minimum, l’ami incompris des Allemands est revaloriséMICRO-TROTTOIR – Le salaire minimum, l’ami incompris des Allemands est revalorisé
(Photos JC lepetitjournal.com/francfort)
Écrit par Lepetitjournal Francfort
Publié le 11 décembre 2018, mis à jour le 11 décembre 2018

En 2015 l’Allemagne a introduit le salaire de revenu minimum de 1440 euros brut par mois pour aider et sécuriser les travailleurs les plus démunis. Aujourd’hui, il avoisine les 1500 euros tout comme en France, en Grande-Bretagne, en Belgique. Une augmentation de 34 centimes de l’heure avait déjà eu lieu en 2017 et une prochaine augmentation entrera en vigueur en début d’année 2019 pour atteindre les 9,35 euros de l’heure à l’horizon 2020. Mais que pensent les Allemands de ce revenu minimum ? Qu’est-ce que cela a changé pour eux, qu’ils soient employés ou employeurs ? Rencontres.

 

Depuis la création du salaire minimum qu’est-ce qui a changé pour vous en tant qu’employé ?

Sezer, employée dans une boulangerie : « Je trouve que la création du salaire minimum est une bonne chose, car personnellement ça me sécurise au niveau de mon emploi, je me dis que pour ce que je fais je ne peux pas être payée en dessous de ce montant et je ne suis pas obligée de cumuler plusieurs petits boulots, néanmoins je trouve que vu l’effort que je dois fournir tous les jours à la boulangerie et le coût de la vie dans le pays, cela reste à mon sens insuffisant.

Selim, vendeur dans un magasin de chaussures : « En ce qui me concerne, j’ai arrêté les études il y a peu de temps, j'ai commencé au magasin en touchant le salaire minimum, c’est possible de s’en sortir mais il ne faut pas faire n’importe quoi, quand je compare avec d’autres pays européens comme la France par exemple, je ne comprends pas que l'Allemagne ait mis autant de temps pour fixer un salaire minimum. Cela reste pour les “petits” travailleurs une sécurité pour l’emploi à mon avis et c’est déjà un pas vers le progrès ici. »

 

L'Allemagne souhaite amorcer une nouvelle augmentation du revenu minimum d’ici à l'année prochaine, qu’en pensez-vous ?

Sezer : « J’ai entendu parler de ça, mais sincèrement je travaille beaucoup et je pense qu'il me faudrait plus de 2000 euros net par mois pour avoir un salaire minimum qui correspond à ce que je fais (Rires). Je ne pense pas que beaucoup de gens dans mon cas s’en soucient, parce que ça ne représente pas une nette amélioration de nos conditions de vie. »

 

Le salaire minimum est-il un frein ou un avantage pour l’embauche ?

Solange employée chez Edeka : « Je pense que ce sont des questions seulement politiques, le salaire est toujours relativement bas et l’avantage revient toujours à l’employeur puisque ces salaires sont destinés à des métiers physiques et difficiles. Pour moi le fait d’augmenter le salaire minimum de quelques centimes, c'est seulement pour qu’on parle de ça mais ça ne changera rien d’important à mon avis. »

 

Cela fait seulement 3 ans que le revenu minimum a été mis en place dans le pays, dans certains cas certains employeurs ont pu attendre 2 ans avant de l’appliquer réellement comme dans le cas des jobs saisonniers, pour les moins de 18 ans ou dans le domaine de la restauration. Qu’est-ce qui a changé pour vous ?

Daniel, employeur dans une boutique de lunettes : « Pour ma part, je pense que c’est une très bonne initiative, car j’estime que tout travail mérite salaire et un salaire correct, certes cela fait des charges en plus pour l’employeur et je sais que beaucoup d’employeurs ne seront pas d’accords avec mes propos, mais même si je tiens ma petite boutique à bout de bras, je préfère embaucher moins et que mon employé soit payé correctement qu'avoir une usine à gaz et sous-payer mes collaborateurs. Je vous dis ça parce que quand on a été déjà connu la précarité que l’on sait ce que c’est vraiment, on revoit ses positions. J’aurais été employé de ma propre boutique, j’aurais aimé être payé décemment et c’est tout à fait normal. De plus, un salaire convenable incite les employés à être plus impliqués et productifs au travail.»

Joseph, propriétaire d’un café : « Même si je trouve que cela est une bonne chose pour les salariés, les charges pour l’entreprise sont importantes, ce qui fait qu'avant 2015, je pouvais embaucher plus de personnel, aujourd'hui je me contente de deux salariés et cela me coûte cher. J’arrive difficilement à faire tourner la boutique.»

 

Le « Hartz 4 », équivalent du revenu minimum, a été introduit en 2005 sous le mandat du Chancelier Gerhard Schroeder. Est-ce selon vous une indemnisation suffisante pour vivre tout en incitant les gens à retrouver du travail ?

Daniel : « Je suis partagé concernant cette question. Tourner avec environ 400 euros par mois après un an sans travailler compte tenu du coût de la vie, ce n’est vraiment pas suffisant, même si le Hartz 4 comprend également une aide au logement, mais je pense qu’une aide sociale trop conséquente n’inciterait pas les gens à travailler non plus. Le souci c’est que parmi les propositions de travail que l’on vous fait en période de « Hartz 4 », vous n’avez pas toujours beaucoup le choix et devez accepter, je dirais presque « sans conditions », si vous ne voulez pas tout perdre. »

Joseph : « Je pense que cette indemnisation est importante après la fin d’un emploi, et qu’elle incite à retravailler sans se retrouver complètement démuni et à la rue. Vous ne pouvez pas rester indéfiniment au chômage en attendant que le travail vienne à vous. La première année, une personne seule peut percevoir jusqu'à 60% de son ancien salaire tout en reprenant une activité salariée à cote (maximum 15h) et je trouve que cela permet aux personnes concernées de se réadapter au travail. Passé ce temps, ils touchent une enveloppe réduite car l’objectif est de leur permettre de se réintégrer dans la vie active, d'accepter les offres d'emplois et ne pas rester trop longtemps assistés.»

Jordan Chaboy (www.lepetitjournal.com/heidelberg-mannheim), mardi 11 décembre 2018

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Publié le 11 décembre 2018, mis à jour le 11 décembre 2018

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