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Philippe Gustin, "Dans la 7ème circonscription, je me sens chez moi"

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(Photo © P. Gustin)
Écrit par Valérie Keyser
Publié le 24 mai 2019

A peine les élections présidentielles viennent-elles de se terminer et ouvrent la voie à un nouveau quinquennat avec Emmanuel Macron comme nouveau président que les Français doivent déjà reprendre le chemin des bureaux de vote pour élire cette fois leurs députés. A l'étranger, les élections législatives françaises se dérouleront les 4 et 18 juin 2017. Les éditions Allemagne de lepetitjournal.com s'unissent pour présenter à leurs lecteurs, avant le 4 juin, l'ensemble des candidats de la 7ème circonscription qui comprend 16 pays dont l'Allemagne. Philippe Gustin, candidat investi par Les Républicains pour l'élection législative dans la 7ème circonscription des Français établis hors de France, ouvre la série.
 

Candidat LR dans la 7ème circonscription des Français établis hors de France, Philippe Gustin, qui sillonne les routes d'Europe centrale, d'Europe de l'Est et des Balkans depuis le début de sa campagne il y a plus de deux ans, à la rencontre des Français de l'étranger, met en avant trois aspects qui lui tiennent à coeur et semblent rejoindre les préoccupations de nombreux compatriotes expatriés : l'éducation, la fiscalité et la vocation sociale des consulats. Rencontre en Allemagne, le pays où il a démarré en tant qu'enseignant en 1980 avant de rejoindre le corps préfectoral et où il y a environ 115 000 Français inscrits au registre consulaire sur une population de plus de 142 000 Français dans la circonscription.
 

Lepetitjournal.com/francfort : pouvez-vous nous résumer votre parcours et nous préciser quelles ont été vos motivations pour entrer en politique ?
 
Philippe Gustin : j'ai commencé une carrière d'enseignant en 1980 en Allemagne grâce à l'OFAJ, l'Office franco-allemand pour la Jeunesse, organisme phare né du Traité l'Elysée en 1963, pilier de la réconciliation et de l'amitié franco-allemande. J'ai exercé d'abord à Bad Bergzabern puis dans les écoles des forces françaises à Tübingen, Achern et Landau avant d'être directeur de cours de l'Institut français de Budapest en Hongrie puis attaché culturel à Vienne en Autriche. Cette vie d'enseignant m'imprègne encore et j'attache beaucoup d'importance à l'éducation en général. J'ai eu la chance de vivre des moments historiques notamment à la Chute du Mur lorsque j'ai logé des Allemands de l'Est chez moi à Budapest. J'en garde un souvenir inoubliable. J'ai ensuite passé le concours de l'ENA et intégré le corps préfectoral. Ce fut une grande étape dans ma vie. En 2007, j'ai rejoint le cabinet de Christine Lagarde ministre de l'économie, des finances et de l'emploi puis j'ai été 3 ans directeur de cabinet de Luc Chatel, ministre de l'Education nationale avant d'être nommé ambassadeur de France en Roumanie en 2012 puis directeur général des services de l'Eure. Tout ce que j'ai accompli dans ma carrière a une logique, celle de l'intérêt général et comme beaucoup de hauts fonctionnaires, je connais la valeur du travail qui est pour moi une discipline de vie.
 
Mes motivations pour entrer en politique reposent tout d'abord sur un constat : la France va mal. J'ai servi notre pays en tant que haut fonctionnaire et afin de redresser ce pays qui s'essouffle, il m'apparait nécessaire de mettre en place des réformes.
Deuxièmement, j'ai 57 ans, j'ai encore la force de m'engager, d'être utile. Les législatives sont des élections de proximité, je vais à la rencontre des gens dans les différents pays de la circonscription. Ma communication est basée sur la relation avec l'autre. Je ne peux bien évidemment pas rencontrer tous les électeurs mais au bout de vingt-quatre mois, j'aurai parcouru les 16 pays de la 7ème circonscription pour aller à la rencontre des Français établis à l'étranger, le plus souvent grâce à des solutions de transport très bon marché comme les bus "low cost" et même dans des zones peu faciles d'accès, en Albanie, en Macédoine. En Allemagne, je suis venu par exemple une dizaine de fois à Francfort mais aussi à  Darmstadt, Wiesbaden, Berlin, Cologne, Hambourg, Heidelberg, Munich, Stuttgart...
 

Etre député de la 7ème circonscription, qu'est ce que ça représente pour vous ?
 
Ça représente trois choses : premièrement le député de la circonscription est élu de la Nation, il représente le peuple français, il doit agir comme les autres députés de l'hexagone mais doit se faire le porte-parole des Français vivant à l'étranger et expliquer à la représentation nationale que ça peut se passer autrement hors de l'hexagone car son ancrage c'est l'étranger.
 
Il y a aujourd'hui trois millions de Français vivant à l'étranger, 300 000 dans la 7è circonscription, de plus en plus font le choix de s'expatrier, ça représente 5 % de la France. Ces Français de l'étranger ont des préoccupations bien particulières : qu'en sera-t-il de leur retraite ? Comment celle-ci leur sera-t-elle versée ? Comment sont-ils couverts quand par exemple survient un accident de la vie, une perte d'emploi, une grave maladie ?
Les Français de l'étranger sont muets, anonymes, ils sont bien souvent à tort assimilés à des exilés fiscaux alors que la réalité est souvent tout autre. Il existe une diversité très forte de profils et situations avec des préoccupations qui leur sont propres. Le député des Français de l'étranger a donc un rôle primordial à jouer pour faire entendre la voix de ces Français.

Enfin s'il connaît bien les pays de sa zone, il peut agir en faveur des relations bilatérales entre la France et chacun des pays concernés et cela à un niveau politique. C'est ce qu'on appelle la diplomatie parlementaire.


Quels sont vos liens avec cette large circonscription qui compte 16 pays ?
 
J'ai un véritable tropisme pour cette zone. Mes parents ont vécu 10 ans en Allemagne où ils avaient gardé des amis qui m'ont accueilli dés que j'ai commencé à apprendre l'allemand à l'âge de 10 ans. Mon ex-épouse est allemande, ma fille aînée vit à Trier, en Allemagne, mes petits-enfants sont franco-allemands, j'ai toujours un pied à terre à Budapest... J'ai vécu dans quatre pays de la 7ème circonscription, j'ai ainsi passé 8 ans en Allemagne, 2 ans et demi en Autriche, 6 ans en Hongrie et 2 ans et demi en Roumanie. Autant dire que j'ai vécu les ¾ de ma vie d'adulte dans la circonscription que je connais bien, "Je m'y sens chez moi". Je suis arrivé en Allemagne en 1980, en Hongrie en 1988 et j'ai toujours gardé un lien avec ces pays. Cela représente 30 ou 40 ans de relations, d'amitiés. Mon lien culturel et linguistique pour cette zone est important. Je parle allemand, hongrois, roumain et même un peu russe. Cela me permet aussi de bien comprendre le monde slave. Je n'oublie enfin jamais l'article 1 du Traité de l'Elysée : les deux pays s'engagent à encourager l'apprentissage de la langue du partenaire. J'attache beaucoup d'importance à cet aspect, sinon la relation devient muette ou ne se nourrit que d'échanges en anglais qui sont moins profonds.
 

Quelles sont vos trois priorités parmi les problématiques concernant les Français vivant à l'étranger (emploi, fiscalité, éducation, culture, représentation, administration...) ?
 
Il y a de nombreux aspects que je souhaiterais renforcer, de dispositifs à mettre en place si j'étais élu député des Français de l'étranger de la 7ème circonscription, mais s'il s'agit de ne citer que trois priorités, l'éducation, la fiscalité et les questions consulaires font partie de mes chantiers prioritaires.
 
Lorsque je rencontre les Français de cette circonscription quel que soit le pays, je constate qu'une de leurs principales préoccupations reste avant tout l'éducation. Il se pose souvent  la question suivante : quelle langue mon enfant utilisera pour parler à ses grands-parents, à ses cousins restés en France ? Comment se fera son apprentissage du français écrit, quelles références linguistiques et culturelles aura-t-il ? Or, 70 % des Français de la 7ème circonscription n'ont pas accès aux réseaux de l'enseignement AEFE (Agence pour l'enseignement du français à l'étranger). Cette agence est à bout de souffle. Le budget alloué a baissé de 6,25% au cours des 5 dernières années alors que le nombre d'élèves augmentait de 2 à 3% par an. La charge est donc de plus en plus supportée par les parents qui n'ont pas de mot à dire dans la gestion des établissements de l'agence. Nos écoles de l'AEFE sont des entreprises qui subissent la concurrence des écoles anglo-saxonnes. Il est donc essentiel de revoir le modèle économique en associant mieux les parents, les autorités locales et les investisseurs privés. Aujourd'hui, l'agence AEFE s'occupe de tout. Il faudrait scinder les métiers, réformer le système, responsabiliser les enseignants et créer une véritable marque "école française" marquée par l'excellence. Les écoles locales doivent, elles, permettre l'intégration dans le pays d'accueil en particulier en permettant l'apprentissage de la langue. Mais inversement, il faut que la France respecte ses engagements en matière de langues étrangères et en particulier de la langue allemande en France. Les cinq dernières années auront été marquées par un gâchis phénoménal dans le domaine de l'apprentissage des langues en France ce qui a un impact sur les relations bilatérales de la France avec l'Allemagne par exemple.
 
Une autre de mes priorités, c'est la fiscalité. Nous venons de vivre 5 ans de socialisme et de matraquage fiscal des Français y compris ceux de l'étranger avec l'instauration de la contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS) pour leurs revenus du patrimoine. C'est une erreur de croire que les Français qui vivent hors de l'hexagone sont tous de riches exilés fiscaux, la plupart souhaitent en disposant d'un bien immobilier en France dont ils ont souvent hérité, garder un lien avec leur pays en vue d'en faire profiter leurs enfants. La pression fiscale qui s'exerce sur eux est inadmissible.
 
Troisièmement, je souhaiterais renforcer la vocation sociale des consulats. Il y a eu un désengagement pendant les 5 dernières années de la réponse consulaire sur ce point. Or, on estime à environ 30 000 le nombre de nouveaux arrivants rien qu' en Allemagne durant la même période; ce sont souvent de jeunes diplômés venus chercher un travail. Leur relation au travail est différente de celle des plus anciens. Certains rencontrent des difficultés, peuvent avoir des soucis d'argent ou de santé. Quand les problèmes surviennent, ils ne savent souvent pas vers qui ou quoi se tourner. Les fonds du consulat consacrés à l'aide sociale sont de l'ordre de 1000 euros par an pour 15 000 personnes dans une circonscription comme Francfort. C'est très peu et ne permet pas de pouvoir apporter une réponse adaptée. Les personnes âgées, qui se retrouvent seules, isolées  ou encore celles qui sont atteintes de la maladie d'Alzheimer constituent une autre catégorie de public fragile. Il est nécessaire qu'un réseau d'aide sociale se mette en place mêlant les structures locales mais aussi le tissu associatif en particulier francophone qui joue un rôle très important dans l'intégration des ces personnes fragilisées.
 

Quel bilan portez-vous sur l'action de Monsieur Pierre-Yves Le Borgn', député sortant ?
 
Le premier reproche que j'aurais à faire au député sortant Pierre-Yves Le Borgn', est de ne pas avoir pris la mesure de la fonction. Il aurait dû endosser le rôle d'ambassadeur politique, de lanceur d'alertes par rapport à la suppression des classes bi-langues par exemple qui a été une véritable catastrophe.

Par ailleurs, je lui reproche son amnésie. A l'été 2012, il a voté le collectif budgétaire qui a créé la CSG-CRDS. Quand il y a le feu à la maison et qu'on a craqué l'allumette, il faut assumer. C'est une question de responsabilité. Tout le monde fait des erreurs, il ne faut jamais faire mine de les oublier.

Et enfin un troisième reproche : Monsieur Le Borgn' a été solidaire de son gouvernement. S'il se représente, il doit assumer le bilan du gouvernement socialiste qu'il a soutenu pendant 5 ans. Il a voté tous les textes à deux exceptions près.
 

Sur quel (s) plan (s) auriez-vous agi différemment ?
 
Il me semble très important d'avoir un tropisme fort pour la circonscription dans laquelle on est élu afin d'assurer au mieux ses fonctions de député des Français qui y sont établis, mieux comprendre ceux-ci et pouvoir les aider en restant au plus près de leurs préoccupations. Cette circonscription est découpée de façon à avoir environ 100 000 électeurs. Il y a pour autant dans cette zone une cohérence philosophique et géographique. On y travaille par exemple la terre de la même manière, le descendant de bouilleur de cru que je suis remarque qu'on y distille partout... au-delà de l'anecdote, nous avons des valeurs communes et des cultures proches qui font la richesse de l'Europe. Il faut toujours avoir cela à l'esprit quand on veut représenter ses compatriotes.

S'agissant plus particulièrement de l'Allemagne, j'aurais sans nul doute plus investi que ne l'a fait le député sortant, comme je l'ai d'ailleurs fait depuis deux ans pour promouvoir la relation franco-allemande. 50 % des Français d'Allemagne sont binationaux et/ou ont un conjoint allemand, et sont par conséquent franco-allemands. C'est un socle inestimable sur lequel il faut s'appuyer pour comme le dit le titre de l'essai que j'ai écrit avec Stephan Martens relancer le moteur de l'Europe grâce à une relance du moteur franco-allemand.


Quelle est votre réaction à l'élection d'Emmanuel Macron ? Si vous êtes élu, allez-vous soutenir son travail ou être dans l'opposition ?

Je suis personnellement frustré de la manière dont s'est déroulée cette campagne présidentielle et du fait que les Français aient été privés du débat qu'ils attendaient à un moment crucial pour notre pays. Je souhaite au nouveau président élu de réussir pour le bien de la France et des Français. Pour cela, il lui faudra une majorité et jamais de l'histoire de la Vème République, une élection législative n'aura revêtu une telle importance. Plusieurs options sont possibles en fonction du résultat le 18 juin prochain. Ce sera comme tout au long de ma vie le souci de l'intérêt général qui guidera mon action, en fonction du résultat, sans dogmatisme sectaire.

Dans tous les cas, même  si je perds cette élection, je garderai la satisfaction d'avoir beaucoup écrit sur des sujets de fond, d'avoir suscité des débats, d'être allé à la rencontre de nombreux Français établis hors de France, d'avoir eu une relation privilégiée avec eux et d'avoir finalement réussi la gageure de  faire une campagne de proximité avec 105 000 électeurs repartis dans 16 pays.

mardi 9 mai 2017

Le blog de Philippe Gustin : http://philippegustin.eu/agenda-2/

 

Valérie Keyser
Publié le 8 mai 2017, mis à jour le 24 mai 2019

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