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JOHN DEGENKOLB – "La France est le pays du cyclisme"

Degenkolb coureur cycliste Parus-Roubaix Grand PrixDegenkolb coureur cycliste Parus-Roubaix Grand Prix
(Photo AD lepetitjournal.com/francfort)
Écrit par Alexandre Duchenne
Publié le 29 novembre 2015, mis à jour le 2 mai 2019

Il est le vainqueur de Paris-Roubaix 2015, a été sacré pour la troisième fois de suite "sportif francfortois de l'année" et a accordé une interview exclusive à lepetitjournal.com/francfort dans laquelle il revient sur son année 2015 et se projette aussi sur la saison à venir
 

Lepetitjournal.com/francfort : Nous connaissons depuis quelques semaines le trajet du Tour de France 2016 ; avez-vous déjà coché quelques étapes ?

John Degenkolb : Pour être honnête je n'ai pas encore regardé particulièrement certaines étapes. Je sais qu'il y aura plusieurs étapes pouvant donner lieu à des arrivées au sprint. Mais je ne sais pas à quel moment elles se trouvent dans les trois semaines de course. Je n'étais pas à la présentation du parcours. Mais je crois que ça ne va plus tarder avant que l'on me communique plus d'informations sur le détail des étapes et il sera alors temps de se concentrer sur le Tour.

Est-ce que pour vous aussi le Tour de France est la principale course à étapes en comparaison au Tour d'Espagne et au Tour d'Italie ?

Oui bien sûr le Tour de France est la principale course à étapes ; pour moi mais aussi pour le public c'est ce qui se fait de mieux dans le cyclisme.

Vous avez déjà gagné des étapes sur la Vuelta (Tour d'Espagne) et le Giro (Tour d'Italie) mais pas encore sur le Tour de France. Cette année vous avez terminé deux fois deuxième. Qu'est-ce qui vous a jusqu'à présent manqué pour gagner une étape du Tour ?

J'ai participé trois fois au Tour de France et c'est vrai que jusqu'à présent ça n'a pas suffit pour remporter une étape et ça me contrarie. J'espère que je vais pouvoir changer ça à l'avenir. Je ne sais pas vraiment pourquoi ça ne marche pas. La concurrence est bien sûr très forte et pour gagner une étape du Tour tout doit bien fonctionner, il faut être au top niveau. Cette année en raison de mon très bon début de saison j'étais dans un rôle de favori et il y avait une pression supplémentaire ce qui ne facilite pas les choses. En plus mon équipe a rapidement été diminuée au début du Tour avec entre autre l'abandon de Tom Dumoulin. Il est important que tout fonctionne bien sur le Tour et si ce n'est pas le cas, il n'est pas possible de se battre pour la victoire.

Vous connaissez cependant le succès en France puisque depuis 2010 vous y gagnez au moins une course par an (entre autre deux étapes du Tour de Bretagne en 2010, deux étapes du Critérium du Dauphiné en 2011, le Grand Prix d'Isbergues en 2012, Paris-Tours en 2013, une étape de Paris-Nice en 2014 et Paris-Roubaix en 2015). Vous avez remporté plus de 20 courses en France ! Est-ce que vous vous sentez particulièrement bien dans ce pays et attendez-vous avec une certaine impatience les courses qui s'y déroulent ?

Oui j'aime vraiment beaucoup les courses en France. Il y a toujours une atmosphère particulière et les spectateurs sont de bons connaisseurs du cyclisme, ça me motive aussi pour donner le meilleur de moi-même. La France est le pays du cyclisme comme le prouve aussi le Tour de France. Et il manque en effet à mon palmarès une victoire sur le Tour ; c'est vraiment un rêve que j'ai envie de réaliser.

En 2014 vous finissiez deuxième de Paris-Roubaix, cette année vous l'avez remportée. Qu'est-ce qui rend cette course si particulière ?

Paris-Roubaix est une des courses d'un jour les plus difficiles du calendrier. C'est un monument du cyclisme. Cette année elle faisait plus de 250 kilomètres avec plus de 50 kilomètres de pavés. Et pas des beaux pavés comme on en connaît en Allemagne, mais des vrais pavés anciens et cabossés ! Pour moi c'est magique de pouvoir rouler sur des routes qui pour certaines ont plus de 100 ans. C'est vraiment quelque chose de particulier qui à mes yeux à un côté mythique. C'est aussi pour ça que je suis amoureux de cette course.

Etant donné que vous gagnez tous les ans en France, pouvez vous nous dire quelle(s) course(s) vous allez/voulez gagner en France en 2016 ?

(Rires) Vouloir gagner des courses c'est assez simple. Cette victoire dans Paris-Roubaix c'était vraiment un rêve et renouveler cette victoire est un rêve encore plus grand ! Je vais tout mettre en oeuvre pour être au départ en pleine forme. Mais avant,  il y aura Paris-Nice que je disputerai selon le programme. Ensuite j'espère bien sûr participer au Tour de France puis au Grand Prix Ouest-France de Plouay et enfin à Paris-Tours où je n'étais pas cette année et qui est pour moi un classique avec une belle ambiance.

Vous êtes le deuxième Allemand à gagner Paris-Roubaix, le premier c'était Josef Fischer en ? 1896. Avant Paris-Roubaix vous avez aussi remporté cette année Milan-San Remo et êtes ainsi le troisième coureur à gagner ces deux monuments du cyclisme la même année. Avez-vous conscience d'écrire l'Histoire du sport ?

Cette combinaison San Remo et Roubaix était bien sûr pour moi quelque chose de particulier mais dans un premier temps je n'en ai pas réalisé l'ampleur. Ce sont des journalistes qui m'ont fait remarquer à quel point il est particulier de faire le doublé San Remo-Roubaix. J'en suis heureux et fier ! Cela m'aide à trouver la motivation et à me préparer pour l'année prochaine, pour être prêt dès le début de la saison. Le plus important c'est que je continue à avoir faim pour pouvoir donner le meilleur de moi-même, parce que c'est le seul moyen d'exister dans ces courses. Si l'on se croit arrivé, que l'on se satisfait de ce que l'on a et que l'on n'a plus la passion nécessaire, il est difficile d'obtenir quelque chose. Ces classiques de printemps sont vraiment mes courses préférées. Gagner un de ces monuments du cyclisme c'est vraiment du bonheur à l'état pur et c'est assez difficile de décrire ce que l'on ressent.

La saison prochaine sera marquée par les Jeux Olympiques ; quels seront vos objectifs ?

J'espère que je réussirai de nouveau à avoir mes moments forts en début d'année ; en particulier durant la période qui s'étend de San Remo à Roubaix. Ces trois semaines sont les plus importantes de l'année pour moi. Ensuite je ferai une pause pour récupérer et me concentrer sur le Tour de France, qui sera le deuxième objectif de la saison. J'espère que je pourrai faire la paix avec le Tour de France.

Quelle course que vous n'avez pas encore remportée, souhaitez vous absolument gagner avant la fin de votre carrière ?

Les championnats du monde ! Le maillot arc-en-ciel est un des grands objectifs que je souhaite atteindre avant de mettre un terme à ma carrière.

Comment allez-vous vous préparer dans les semaines, les mois qui viennent pour être en forme au moment des classiques de printemps ?

En ce moment je roule beaucoup et je fais beaucoup de musculation. Plus on va se rapprocher du début de saison, plus je vais travailler l'endurance sur le vélo. En décembre aura lieu le premier camp d'entraînement avec l'équipe, on va faire encore plus de kilomètres et augmenter le volume de travail. En janvier ce sera pareil puis en février il y aura les premières courses. Donc en fait on n'a pas beaucoup de temps : seulement novembre, décembre et janvier pour se préparer à la nouvelle saison. Ensuite on utilise les premières courses pour encore monter en puissance. Il faut déjà être en forme à la sortie de Paris-Nice si l'on veut être à son top niveau pour les classiques.

Est-ce que l'on ressent de la peur quand on sprinte au sein du peloton pour la victoire finale ?

Je ne dirais pas que l'on ressent de la peur mais  plutôt de l'excitation, de l'humilité  face à la possibilité d'une chute, d'une situation inattendue. L'expérience dont on dispose est un élément important. Si on a peur, on ne peut pas donner le meilleur de soi-même. La peur n'est vraiment pas un sentiment souhaitable si l'on veut s'en sortir dans un sprint massif. La plupart des sprinteurs aiment cette poussée d'adrénaline et c'est le cas pour moi aussi. Plus on s'approche de la ligne plus le niveau d'adrénaline monte et c'est toujours une super sensation.

Quelle est l'importance du mental dans votre sport ? Travaillez-vous avec un coach pour cet aspect ?

Le mental est très important et je pense que ça va être de plus en plus le cas dans notre sport. Nous avons une saison très longue et le niveau est de plus en plus élevé. A peine une course est-elle achevée qu'il faut déjà penser à la suivante. Si on n'est pas assez fort mentalement pour faire face à cette pression, on ne peut pas faire de bonnes performances. Sur le long terme je peux m'imaginer travailler avec un coach mental mais pour le moment je n'ai pas encore l'impression d'en avoir besoin. Mais qui sait? je dis que je n'en ai pas encore besoin mais parce que je n'en ai pas encore côtoyé. Je pense que ça pourrait être judicieux.

Aviez-vous un modèle parmi les cyclistes lorsque vous étiez enfant ?

Quand on commençait le cyclisme, en tant qu'Allemand, c'était forcément Jan Ullrich qui représentait un modèle qu'on cherchait à imiter. On rêvait d'arriver là où il était. C'était une époque marquante pour notre génération, l'époque Telekom. Le cyclisme a connu un essor, il était populaire. C'est la raison pour laquelle beaucoup d'entre nous se sont tournés vers le cyclisme et les coureurs de l'époque étaient forcément nos modèles.

Pouvez-vous vous imaginer devenir entraîneur de jeunes à la fin de votre carrière pour transmettre votre expérience ?

C'est une question difficile... Je peux m'imaginer faire quelque chose en lien avec les enfants pour leur faire profiter de mon expérience ; mais sous quelle forme, selon quels aspects je n'en ai encore aucune idée. Je suis encore trop jeune pour avoir une idée arrêtée là-dessus. Mais c'est bien possible, on verra ce que l'avenir me réserve mais pour le moment j'ai encore envie de continuer ma carrière pendant au moins 10 ans.

Merci pour cette interview et bon courage pour la prochaine saison !

lundi 30 novembre 2015

 

Alexandre Duchenne
Publié le 29 novembre 2015, mis à jour le 2 mai 2019

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