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FOOTBALL – Les 60 ans du ”miracle de Berne”

Écrit par Lepetitjournal Francfort
Publié le 3 juillet 2014, mis à jour le 1 juillet 2014

Alors que l'équipe de France rencontre ce jour l'Allemagne pour les quarts de finale du mondial 2014 au Brésil, lepetitjournal.com/francfort vous propose de revenir sur un événement historique ?le miracle de Berne?. Il y a 60 ans aujourd'hui, le 4 juillet 1954, l'Allemagne remportait son premier titre de champion du monde de football. Un événement qui va bien au-delà du sport?
 
Stèle Fritz Walter
(Photo AD lepetitjournal.com/francfort)

La cinquième coupe du monde de football s'est déroulée en Suisse du 16 juin au 4 juillet 1954. Suite à la Seconde Guerre Mondiale l'Allemagne n'avait pas été autorisée à participer à la coupe du monde de 1950 au Brésil et fait donc son retour en Suisse. La République fédérale d'Allemagne (RFA) avait gagné le droit de participer au tournoi en terminant première de son groupe de qualification devant la Sarre, qui n'était pas encore rattachée à la RFA, et la Norvège. Toutefois les joueurs allemands, qui n'étaient pas professionnels, ne figuraient pas parmi les favoris de la compétition.

L'esprit de Spiez
Durant la coupe du monde l'équipe de RFA réside à l'hôtel Belvédère dans la petite ville de Spiez. Dans cette bourgade tranquille située sur les rives du lac de Thoune le sélectionneur allemand, Sepp Herberger, prépare son équipe à donner le meilleur d'elle-même. Ce tacticien hors pair, connu pour ses aphorismes, insistait beaucoup sur l'esprit de groupe, il disait ainsi à ses joueurs : ?Vous devez être 11 amis?. Cette camaraderie qu'il souhaitait tant s'est effectivement développée dans l'équipe et reste connue sous le nom d'esprit de Spiez (Geist von Spiez).
Dans un groupe composé de la Corée du Sud, de la Turquie et de la Hongrie, la RFA parvient à se qualifier pour les quarts de finale en terminant deuxième derrière l'équipe hongroise qui l'a battue 8-3 et qui est la grande favorite du tournoi. Pour se qualifier pour les demi-finales la RFA bat la Yougoslavie 2-0 avant d'écraser l'Autriche 6-1 pour se retrouver en finale face à la Hongrie.
Pour beaucoup d'observateurs l'issue de la finale ne fait alors guère de doute, l'équipe hongroise est en effet invaincue depuis 4 ans et a dominé l'Allemagne 8-3 en phase de groupe. Mais lors de ce premier match le sélectionneur allemand avait volontairement choisi de ne pas aligner sa meilleure équipe, de nombreux titulaires avaient donc été laissés au repos.

Monument en l'honneur des 5 joueurs de Kaiserslautern champions du monde
(Photo AD lepetitjournal.com/francfort)

Quand la météo s'en mêle
En ce 4 juillet 1954 la pluie s'abat sur Berne et ce détail a son importance pour deux raisons :
-    le capitaine allemand Fritz Walter, atteint de malaria pendant la Seconde Guerre mondiale, éprouvait depuis lors des difficultés à jouer par forte chaleur et préférait évoluer sous la pluie, à tel point qu'il a donné son nom aux jours de pluie, pour les Allemands il s'agit d'un Fritz-Walter-Wetter ;
-    dans le staff de l'équipe d'Allemagne figurait Adi Dassler, le fondateur d'Adidas, qui avait mis au point les crampons vissés permettant de changer la taille des crampons en fonction des conditions du terrain. Cette innovation a conféré un avantage technique indéniable pour l'équipe allemande sur le terrain détrempé du Wankdorfstadion de Berne.
Malgré ces raisons d'espérer, la RFA se retrouve menée 2-0 après 8 minutes de jeu. Mais confiants en leurs qualités les joueurs allemands ne baissent pas la tête et parviennent à revenir au score avant la mi-temps. Durant la deuxième période les Hongrois poussent et sont proches d'inscrire un troisième but mais c'est la RFA qui finalement y parvient par l'intermédiaire d'Helmut Rahn à la 84ème minute. Quelques minutes plus tard les joueurs allemands qui ont réussi à maintenir ce score deviennent champions du monde et leur capitaine Fritz Walter reçoit le trophée des mains du président de la FIFA, le Français Jules Rimet. Cette victoire est tellement inattendue qu'elle est qualifiée de ?miracle de Berne? (das Wunder von Bern).
Le capitaine hongrois Ferenc Puskás, déçu d'avoir perdu, accuse les joueurs allemands de s'être dopés. Ces accusations dommageables ont trouvé un certain écho mais il n'a jamais été formellement prouvé que l'équipe de RFA était dopée.

Une victoire importante
Moins de 10 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, la RFA domine le monde. Certes il ne s'agit que de football mais cette victoire pacifique achève de réintégrer l'Allemagne de l'Ouest dans le concert des nations et permet à ses habitants d'avoir une raison d'être fiers ; ils se sentent de nouveau acceptés, c'est le ?Wir-sind-wieder-wer? Gefühl. Pour le politologue Arthur Heinrich et l'historien Joachim Fest le ?miracle de Berne? marque d'ailleurs ?la réelle naissance de la République fédérale d'Allemagne?.
Cet événement notable dans la RFA d'après-guerre fait régulièrement l'actualité en Allemagne. C'est ainsi qu'une comédie musicale sobrement intitulée ?Das Wunder von Bern? sera à l'affiche du nouveau Stage Musicaltheater de Hambourg à partir du mois de novembre. Elle reprend la trame du film du même nom réalisé en 2003 par Sönke Wortmann. Si le football y tient une grande place il y est également question de la situation sociale de la RFA à cette époque et notamment de la réintégration parfois difficile des prisonniers de guerre.

Alexandre Duchenne (www.lepetitjournal.com/francfort) vendredi 4 juillet 2014






lepetitjournal.com Francfort
Publié le 3 juillet 2014, mis à jour le 1 juillet 2014

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