Le professeur Albrecht Beutelspacher, directeur du Mathematikum
(Photo IF lepetitjournal.com/francfort)
Depuis son inauguration le 19 novembre 2002 par l'ancien président fédéral Johannes Rau, le Mathematikum a connu un succès surprenant : alors que 60.000 visiteurs annuels avaient été pronostiqués, 120.000 personnes ont afflué vers le musée dès la première année. En 2010 le cap d'un million a même été franchi et l'intérêt du public ne se tarit pas. Lepetitjournal.com/francfort est allé à la rencontre du directeur du Mathematikum, le professeur Albrecht Beutelspacher.
Ouvrir une porte inconnue aux mathématiques
Contrairement aux autres musées des mathématiques qui existent déjà un peu partout dans le monde, le Mathematikum est un musée interactif et invite à toucher et à découvrir avec tous les sens ; il n'y a ni explications théoriques ni ?solutions correctes? . Au lieu d'étudier des formules, le visiteur pourra admirer la beauté des formes géométriques, essayer de construire le pont de Léonard, se casser la tête en décodant un chiffre énigmatique ou bien découvrir le nombre d'or de son propre corps. Ainsi il pourra trouver des réponses ou bien essayer d'aller plus loin, la curiosité une fois éveillée. La devise du fondateur et directeur du musée, le professeur Albrecht Beutelspacher, est de ?prendre au sérieux à la fois le visiteur et la science?. Il ne s'agit donc pas de créer des effets artificiels, mais de faire parler les phénomènes par eux- mêmes. On ne propose aucun circuit précis au visiteur. Pourtant, même si le musée se veut auto-explicatif, il y a toujours un collaborateur pas trop loin toujours prêt à apporter un complément d'informations. Aujourd'hui les activités encadrantes, comme par exemple une conférence sur ?les chiffres dans la poésie? ou des cours magistraux spécialement conçus pour les enfants contribuent à la popularité du musée.
Le musée Mathematikum
(Photo IF lepetitjournal.com/francfort)
Un enthousiasme contagieux
Tout a commencé par les observations d'Albrecht Beutelspacher, professeur de géométrie et mathématiques discrètes à l'Institut de mathématiques de l'Université Justus-Liebig de Giessen. ?J'ai souvent été confronté à l'opinion très courante selon laquelle les mathématiques seraient ?incompréhensibles? et de nombreuses personnes m'ont confessé avoir été nuls en maths? indique le professeur. ?Un jour j'ai donné à mes étudiants un devoir consistant à construire un modèle géométrique et d'en expliquer le fonctionnement ?mathématique? devant le groupe. J'ai été si fasciné par l'engagement inhabituel et l'enthousiasme de mes étudiants que l'idée m'est venue d'exposer ces modèles d'abord à Gie?en et d'en faire plus tard une exposition itinérante dans toute l'Allemagne? poursuit-il. Le succès encourageant de cette première expérience a donc été l'impulsion de départ pour la création de son musée. Albrecht Beutelspacher a su convaincre la ville de Gießen et le Land de Hesse, qui soutiennent considérablement le projet et avec qui le musée collabore continuellement.
Le panneau des arcades au Mathematikum. Illusion d'optique : qui est plus grand ?
(Photo IF lepetitjournal.com/francfort)
Les expositions en France
Maintenant des expositions itinérantes ont trouvé leur chemin dans de nombreux pays d'Europe et même sur d'autres continents, généralement sous l'égide de l'Institut Goethe. ?La France est le pays avec les contacts les plus étroits? précise Albrecht Beutelspacher, ?Dans aucun autre pays les expositions n'ont duré aussi longtemps? renchérit-il. Contrairement à l'Allemagne, les mathématiques sont en effet hautement respectées en France et jouissent d'un très haut prestige public, sans pour autant être toujours appréciées par les élèves?au contraire, les maths étant souvent source d'angoisse pour beaucoup d'entre eux. L'intérêt de connaître d'autres approches aux mathématiques est par conséquent aussi grand en France qu'en Allemagne, et l'exposition itinérante ?Les mathématiques à la portée de tous?, entre autre à Strasbourg, à Nancy et à Bordeaux a remporté un vif succès.
D'ailleurs les visiteurs francophones avec peu de connaissance en allemand n'ont rien à craindre lors d'une visite du musée de Gießen : comme sa conception est auto- explicative, il y a très peu de commentaires en allemand et en anglais et pour ceux qui souhaitent s'informer davantage, une brochure en français est à leur disposition. Enfin?un atout à ne pas sous-estimer : le musée se trouve à deux minutes de la gare !
Ingrid Frieg (www.lepetitjournal.com/francfort) mardi 15 juillet 2014
Mathematikum Gießen e.V.
Liebigstraße 8, 35390 Gießen. Site internet ici