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Irlande du Nord: Londres va "intensifier" ses discussions avec l'UE 

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Face à des désaccords menaçant de tourner à la guerre commerciale, le Royaume-Uni a annoncé vendredi "intensifier" ses discussions avec l'Union européenne sur les dispositions post-Brexit en Irlande du Nord, Bruxelles saluant un "changement de ton".

La tension est montée des deux côtés de la Manche ces derniers jours, au point que Dublin évoque cette semaine la possibilité d'une suspension de l'accord de libre-échange qui avait permis d'éviter in extremis fin 2020 une brusque rupture voire le chaos aux frontières britanniques.

Lors d'une réunion avec le vice-commissaire européen Maros Sefcovic à Londres, le secrétaire d'Etat britannique au Brexit David Frost "a souligné qu'il était important d'apporter une nouvelle énergie et un nouvel élan aux discussions", a indiqué le gouvernement dans un communiqué.

Les négociations vont donc "s'intensifier" et reprendront la semaine prochaine à Bruxelles, a précisé la même source.

Pour l'instant, "d'importantes différences" persistent mais "le Royaume-Uni préfère toujours trouver une solution consensuelle", a-t-elle assuré.

Devant la presse, M. Sefcovic s'est réjoui d'un "changement de ton dans les discussions avec David Frost": "J'espère que cela va mener à des résultats tangibles pour la population d'Irlande du Nord".

"J'espère que la recherche de solutions pratiques prévaudra plutôt que la tentation de calculs politiques", a-t-il ajouté.

Londres exige de renégocier en profondeur le protocole nord-irlandais conclu dans le cadre du Brexit, qui maintient la province britannique de fait dans le marché unique et l'union douanière européens. Cela crée une frontière de facto en mer d'Irlande, ce qui perturbe les approvisionnements depuis l'île de Grande-Bretagne et provoque la colère des unionistes attachés au maintien au sein de la couronne britannique.

Bruxelles refuse, proposant uniquement des aménagements.

Faute d'obtenir satisfaction, Londres a menacé de recourir à l'article 16 du protocole lui permettant d'en suspendre unilatéralement certaines dispositions. Selon Dublin, les Européens pourraient en réponse aller jusqu'à suspendre l'accord de libre échange en vigueur depuis le début de l'année.

   - "Jeu dangereux" -

Cette perspective avait provoqué la colère de Londres, dans un climat déjà tendu de bras de fer avec Paris sur la pêche.

Les discussions de la semaine prochaine doivent se concentrer notamment sur les questions douanières et les livraisons de médicaments. Il s'agit, selon M. Sefcovic, d'arriver à "une réduction importante de la paperasse" liée aux procédures douanières qui empoisonnent la vie des entreprises nord-irlandaises.

En revanche, a-t-il averti, "rien n'a changé" concernant le refus de Bruxelles de supprimer le droit de regard de la Cour de justice de l'UE sur l'application du protocole.

Londres, qui exige de le remplacer par un arbitrage international, n'a pas évoqué le sujet dans son communiqué vendredi.

Sur le terrain, la pression monte. Furieux, les unionistes nord-irlandais ont indiqué cette semaine avoir reçu des assurances que s'il n'y a pas de prgrès Londres prendra des mesures unilatéralement dans les semaines à venir pour se débarrasser du protocole.

Effectif depuis le début de l'année, le texte vise à empêcher le retour d'une frontière physique sur l'île d'Irlande qui risquerait de fragiliser l'accord de paix de 1998. Ses conséquences ont malgré tout relancé les tensions communautaires entre unionistes, surtout protestants, et républicains favorables à la réunification avec l'Irlande, en majorité catholiques. 

Les deux parties se sont affrontées pendant trois décennies lors des Troubles qui ont fait quelque 3.500 morts.

Cette semaine, des lignes de transports en commun ont été suspendues plusieurs jours à Belfast, deux bus ayant été incendiés dans des quartiers unionistes

Pour les Européens, le protocole nord-irlandais reste cependant la meilleure solution de préserver la paix.

"Nous avons besoin de solutions --et il existe des solutions aux problèmes actuels - et pas d'une politique de la corde raide", a tempêté vendredi la cheffe du parti républicain Sinn Fein, Mary Lou McDonald. "Nous n'avons pas besoin de voir le gouvernement, David Frost ou autre, jouer à un jeu dangereux avec les institutions européennes".

Sans attendre un éventuel accord entre Londres et Bruxelles, l'Irlande, en première ligne, a indiqué mardi travailler sur des mesures d'urgence en "dépoussiérant" le plan préparé en cas de "no deal" l'année dernière.
 

Germain MOYON

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