Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

DUBLIN/SOCIAL – Le réseau d’aides aux sans-abris totalement saturé

Écrit par Lepetitjournal Dublin
Publié le 20 novembre 2009, mis à jour le 13 novembre 2012

L'actuelle crise économique provoque de graves répercussions sociales, notamment une augmentation toujours croissante du nombre de personnes qui se retrouvent à la rue, complètement démunies. Le réseau des associations irlandaises d'aide aux sans-abris ne sait plus où donner de la tête, voyant leurs effectifs et leurs listes d'attentes exploser. Reportage.

(Un sans-abri dans les rues de Dublin - Photos Daisyhouse association)

Dans les locaux de Merchants Quay Ireland, tous les jours à 7h30 pétantes, des dizaines de petits-déjeuners sont distribués gratuitement. Une foule de personnes fait la queue : souvent des hommes et des femmes seuls, parfois quelques mères accompagnées de leurs enfants. « Les gens qui viennent manger ici matin et soir dorment dans les foyers d'urgence. La plupart du temps, ils ne peuvent qu'y dormir et doivent partir le jour. Ici, on les reçoit pour les nourrir », explique Sean, un bénévole de l'association. Quelques rues plus loin, dans la petite boutique jaune de l'association Simon Community située en haut de Camden Street, on y vend des vêtements usagés : 2 euros le tee-shirt, 4 euros le pantalon, 3 euros le pull? « De plus en plus de monde vient acheter des vêtements ici », remarque Sara, la vendeuse. « Ce ne sont pas que des sans abris. Des mères de famille viennent aussi. La crise est bien réelle. » Et tous les soirs, les six foyers d'urgence de l'association Depaul Ireland disséminés dans les quartiers de Dublin sont pleins à craquer. « Nous avons une capacité de 150 lits. C'est beaucoup mais pourtant, nous ne pouvons pas accueillir tout le monde, nous sommes obligés de refuser certains SDF », regrette Annmarie Brennan, la responsable de la communication de Depaul Ireland.

Multiplier les associations de logement aux longs termes

(Marc vit depuis six mois dans un des logements de l'association Daisyhouse - Photo Manon Loubet)

Actuellement, selon la dernière enquête de l'agence irlandaise des sans-abris (Homeless Agency) réalisée en 2008, 2.366 adultes seraient sans-abris en Irlande, soit près de 300 personnes de plus que l'année précédente. « Les chiffres de l'année 2009 vont être catastrophiques. Toutes les associations remarquent une augmentation des demandes d'aides, que ce soit pour se loger ou se nourrir », lit-on sur le site de l'agence des SDF. Le réseau des associations d'urgence est complètement saturé. De nouvelles personnes ne situation précaire arrivent et se confrontent aux anciens, qui parfois vivotent de foyer d'urgence en foyer d'urgence depuis plus de 10 ans. Les associations insistent sur le fait qu'il est absolument nécessaire de développer des lieux de relogement à plus long terme, pour soulager les foyers. Par exemple, Sonas Housing et Daisyhouse sont des associations qui fournissent des logements individuels : « Nous avons trois complexes avec six petits appartements indépendants à l'intérieur. Chacun est logé pour 18 mois, le temps de retrouver un travail et un vrai logement », explique Colette Byrne de Daisyhouse. Mais ces logements provisoires sont difficiles à obtenir : les listes d'attentes sont très longues et les postulants ne doivent plus avoir de problèmes d'addiction de drogues ou d'alcool. Actuellement, seulement 23% des sans-abris bénéficient de ces appartements. « C'est souvent un engrenage : les personnes addictes aux drogues vont faire une cure et reviennent en espérant obtenir un logement. Mais l'attente est tellement longue qu'ils replongent dans la drogue », déplore Colette Byrne.

Moins de moyens pour plus de besoins
Alors que les associations plaident auprès du gouvernement des aides supplémentaires pour surmonter la crise et l'hiver qui approchent à grand pas, le gouvernement irlandais a prévu dans le nouveau budget du 9 décembre 2009 des réductions sévères concernant les subventions allouées aux associations de soutien aux sans-abris. «Nous attendons les résultats mais nous avons peur. Ces réductions de subventions peuvent remettre en cause toutes nos actions et nos employés. Le gouvernement préfère aider les banques que ses propres citoyens. C'est très dangereux», conclut Colette Byrne.

Manon Loubet (www.lepetitjournal/dublin.com) Vendredi 20 novembre 2009

logofbdublin
Publié le 20 novembre 2009, mis à jour le 13 novembre 2012

Flash infos