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TRADITION – Les pulls d'Aran ont toujours la cote

Écrit par Lepetitjournal Dublin
Publié le 25 octobre 2010, mis à jour le 14 novembre 2012

Si les tricoteuses se font de plus en plus vieilles et de moins en moins nombreuses, les pulls d'Aran rencontrent toujours autant de succès. Originaires des îles de l'ouest de Galway, ils sont aujourd'hui exportés dans le monde entier



Photos: Laura Béheulière

Pêcheurs, fermiers, tenants de bar ou de chambres d'hôtes : voilà les seuls métiers, ou presque, exercés sur les îles d'Aran, dans la baie de Galway. Sans oublier bien sûr les fabricants de pulls... Ces célèbres pulls en laine, connus dans le monde entier. Épais et de couleur écru, leur qualité, leur aspect traditionnel et typique de l'Irlande séduisent plus d'un touriste.

Ce n'est pas un hasard si les îles d'Aran sont le lieu de naissance de ces pulls. Au regard du climat rude, humide et venteux de la côte ouest de l'Irlande, on comprend facilement que les pêcheurs et fermiers de cette zone aient eu besoin de vêtements chauds et résistants, qui les protègent de la pluie et du vent. La solution ? Des pulls en laine. Réponse idéale à l'environnement inhospitalier, d'autant que les îles d'Aran ont toujours été peuplées de nombreux moutons.

Identifier le corps des pêcheurs noyés
La laine fait partie intégrante de l'histoire et du patrimoine irlandais. Ce sont certainement les Celtes, en venant s'installer, qui ont apporté des moutons avec eux et ont commencé à confectionner des vêtements basiques en laine. Plus tard, pendant les longues nuits d'hiver, ce sont les femmes des pêcheurs et fermiers qui, par passe-temps dans un premier temps, se sont mises à tricoter pour leurs maris.

A l'origine, le pull d'Aran était intimement lié aux clans et à l'identité de chacun d'entre eux. Chaque clan, chaque famille, possédait son propre motif reproduit sur les pulls, et transmis de générations en générations. Facilement reconnaissables, ils permettaient d'identifier le corps des pêcheurs échoués sur les plages, victimes des aléas de la mer. Les dessins des pulls d'Aran sont riches en symboles et signification. Certains représentent des filets de pêcheurs, d'autres la richesse du sol et de la nature, tandis que d'autres encore possèdent des connotations plus religieuses. Beaucoup sont inspirés de l'art celtique.

La machine a remplacé l'homme
Autour des années 1900, six étapes étaient nécessaires à la réalisation d'un pull. La laine, bien sûr, devait dans un premier temps être tondue. Les choses n'ont pas changé tant que cela, les moutons doivent toujours être tondus en mai. La laine était ensuite lavée, brossée, puis filée afin d'obtenir le textile final. Elle était enfin enroulée en de grosses bobines, prête à être utilisée. Un pull fini compte environ 100.000 points et sa réalisation peut durer plus de 60 jours.

Mais aujourd'hui rares sont les pulls encore tricotés à la main. Comme partout, la machine a remplacé l'homme et les tricoteuses qualifiées ne sont plus qu'en nombre restreint. Anne O'Maille,  elle-même tricoteuse et vendeuse de pulls à Galway, explique la situation: "Ma famille emploie aujourd'hui plus de 200 tricoteuses qui travaillent de chez elles, dans toute l'Irlande. La plus âgée a 91 ans. Et la plupart d'entre elles ont entre 60 et 85 ans." Mais si le succès est aujourd'hui au rendez-vous, Anne O'Maille se fait plus pessimiste pour la suite: "Nous vendons actuellement des centaines de pulls, mais ce nombre va décliner. Les jeunes femmes ne tricotent pas !"

Les pulls d'Aran fabriqués à la main ont ainsi pris de la valeur, certains atteignant les 80 euros. Ils sont exportés partout dans le monde: Etats-Unis, Grande-Bretagne, Norvège, Suède, Danemark, Allemagne, Belgique, Suisse, Autriche, France, Italie, Espagne, Japon, Argentine, Australie... Et si la somme vous paraît astronomique ou si les pulls d'Aran ne vous siéent guère, il y en a aujourd'hui différentes déclinaisons; écharpes, bonnets, chaussettes, gants en laine ?  

Laura Béheulière (lepetitjournal.com/dublin) Lundi 25 octobre 2010

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Publié le 25 octobre 2010, mis à jour le 14 novembre 2012

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