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CULTURE - Et si le meilleur musée du whisky était irlandais ?

Écrit par Lepetitjournal Dublin
Publié le 19 février 2015, mis à jour le 20 juillet 2016


Rendez-vous 15h au musée. Pour ne pas nous égarer nous nous sommes retrouvées devant Trinity College. Pas facile de se perdre finalement puisque le musée est juste en face, à côté de l'Office de Tourisme. Au programme : battre les Ecossais au whisky. Pas si facile.



La façade épurée mais tape à l'?il ne nous échappe pas, même si l'on se demande ce que l'on va trouver derrière cette devanture si étroite. Passé la porte, voilà l'accueil où nous attend Ailbhe Roche, directrice générale du musée. En attendant l'arrivée du thé, elle relate l'origine de l'Irish Whiskey Museum : "Keith McDonnell est le directeur de la compagnie d'excursions Extreme Ireland mais aussi le propriétaire du bâtiment. Il s'est rendu compte qu'il était mal exploité et qu'il fallait réfléchir à en faire un nouveau point d'intérêt pour les touristes. Avec la relance dans le milieu industriel du whisky, il a eu l'idée de créer un musée sur l'histoire du whisky irlandais regroupant toutes les marques ensemble."

En toute simplicité et dans cette ambiance café/bar très classe, elle continue de raconter : "L'idée est venue il y a trois ans. Mais le bâtiment est soumis à de nombreuses réglementations. C'est un immeuble classé, il y a beaucoup de contrôle." Elle parle de l'ouverture du musée, le 8 novembre 2014, mais aussi de la soirée d'inauguration qui a eu lieu le 15 janvier dernier en compagnie de Joe Schmidt, l'entraîneur et sélectionneur de l'équipe de rugby irlandaise.

"Nous sommes toujours en cours de réflexion concernant le musée. Nous aimerions mettre de la musique dans l'allée centrale afin d'accompagner les visiteurs. Nous avons d'ailleurs ouvert nos portes durant la période hivernale pour cela : pouvoir nous laisser le temps d'improviser et nous adapter aux 82 à 100 000 personnes attendues pour l'année." Si il semble que le mois de janvier soit un mois particulièrement non propice aux visites, elle assure que tout s'accélèrera considérablement cet été. L'objectif avant tout : prouver que les Irlandais aussi savent faire du bon whisky !

Visite en petit comité

Après avoir terminé "a cup of tea so british", nous rejoignons le reste du groupe et démarrons la visite. Rory, costume impeccable et attentif à ce que nous comprenions ce qu'il nous raconte commence par détendre l'atmosphère en nous demandant nos nationalités. Sur 8 personnes, ce sont 5 anglais qui accompagnent l'équipe des 3 Françaises. "Great, you're with your neighbors !" Objectif réussi, tout le monde est désormais à l'aise. A travers la première pièce où chacun prend place sur un banc, il nous conte, derrière son pupitre tel l'autel d'une église, l'histoire du whisky irlandais. Devant, une rétroprojection s'anime et conduit la rétrospective de notre guide qui démarre l'histoire depuis le XIXème siècle jusqu'aux origines de la distillation inventée en Mésopotamie en passant par le XIème siècle où le whisky est utilisé comme médicament à des fins thérapeutiques sur les grands blessés. On y apprend qu'au Moyen-Âge, alors qu'Henry VIII s'emploie à confisquer les biens religieux et dissout les monastères, les moines partent répandre la tradition du whisky à travers toute l'Europe. Cela bien avant qu'au XVIIème siècle il devienne l'alcool le plus en vogue chez la noblesse européenne. L'animation nous plonge pleinement au sein de l'histoire irlandaise bercée par la voix de notre narrateur qui prend le temps de répondre aux questions de chacun.

Première salle


Invités à rejoindre la seconde pièce, nous découvrons un shebeen, établissement secret où se rejoignaient les hommes pour boire illégalement. Le lieu tenu secret laissait place à de nombreux conteurs qui transmettaient le savoir et les traditions à la population illettrée. Toujours accompagnés par la rétroprojection, Rory nous informe que l'industrie du whisky irlandais mais aussi celui écossais reposait essentiellement sur les Etats-Unis car ils étaient les seuls à produire le système de filtration au travers d'une couche de charbon.

La visite se poursuit, dans une troisième pièce magnifique. Assis au milieu d'un pub victorien, typique du XIXème siècle, aux murs sont accrochés des portraits et les blasons des distilleries les plus connues. Alors que notre guide finit d'expliquer l'histoire des différentes maisons, les portraits se mettent en action et démarre un dialogue entre les principaux personnages de l'industrie du whisky irlandais. Ellen Corrigan, la "queen" de la distillerie Bushmill est en rivalité avec John Locke, maintenant oublié. George Roe est aussi avec eux, lui qui fut le plus grand exportateur à l'époque où près d'un tiers des Dublinois travaillaient dans le secteur de l'alcool. Le célèbre John Jameson vient terminer ce quatuor.

Troisième salle, pub victorien

 

Une relance du secteur en Irlande

La fin de leur conversation nous amène dans la quatrième pièce, où se trouvent exposés aux murs tous les grands whiskys du XXème siècle. Toujours calfeutrés dans ce jaune ambiant, on y apprend que le mélange de whisky devient légal en 1909, que la prohibition entre 1920 et 1933 aux Etats Unis met à mal l'industrie du whisky. En 1966, il ne reste plus que 3 distilleries en Irlande qui forme le groupe United distilleries of Ireland et en 1988, une reprise de l'activité a lieu notamment grâce à Pernot Ricard qui lance à coups de publicité le whisky Jameson. "On assiste à une vraie relance du secteur. Depuis trois ans, près de 15 distilleries attendent leur permis de construire ou ont commencé à construire", confiait Ailbhe un peu avant. De quoi donner à voir au musée. Mais pas seulement !

La dégustation de fin de parcours se fait plus ou moins agréablement selon qu'on soit ou non amateur de whisky, mais toujours dans la bonne humeur, avec un barman qui explique comment apprécier et découvrir les quatre alcools présents devant nous. Après quelques photos sur l'estrade mise à disposition, tout le monde prend l'ascenseur pour rejoindre l'accueil.

Dégustation finale

Fin de la visite après 45 minutes qui sont passées à toute allure. En sortant, on a la forte impression que non, le whisky n'est pas un monopole écossais. C'est d'ailleurs ce que nous disait fièrement la directrice dès notre arrivée : "toutes les marques de whisky ont accepté et aimé notre concept. Ils veulent montrer que les industriels travaillent ensemble pour battre nos seuls concurrents, les Ecossais." Les Irlandais ont prouvés, en tout cas, avec un musée moderne, chaleureux et très intéressant, plébiscité par les touristes, qu'ils étaient de vrais challengeurs.



Article par Alice Hubert et photos de Marine Jourdan (www.lepetitjournal.com/dublin), 
vendredi 20 février 2015

logofbdublin
Publié le 19 février 2015, mis à jour le 20 juillet 2016

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