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Dr François Prunel : La prévention du cancer du côlon et du rectum

Le Dr François Prunel, spécialiste en chirurgie colorectale à la clinique NMC, met en lumière l'importance cruciale de la prévention et du dépistage dans la lutte contre le cancer du côlon. Ce type de cancer, l’un des plus répandus dans le monde avec 1,9 million de nouveaux cas par an selon l’OMS, est en grande partie évitable grâce à une sensibilisation accrue, des habitudes de vie saines et des programmes de dépistage adaptés. À travers ses explications, il insiste sur les mesures préventives et les outils essentiels permettant de détecter la maladie à un stade précoce, augmentant considérablement les chances de survie.

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Le cancer du côlon est l'un des cancers les plus répandus dans le monde, avec environ 1,9 million de nouveaux cas diagnostiqués et près de 935 000 décès chaque année, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Ce cancer est particulièrement fréquent dans les pays développés, notamment en Amérique du Nord, en Europe de l’Ouest, en Australie et au Japon, où les habitudes alimentaires et les modes de vie sédentaires augmentent les risques. Cependant, l’incidence est également en hausse dans les pays en développement, où les régimes alimentaires et les habitudes de vie s’occidentalisent progressivement.

Sensibilisation aux symptômes

Les symptômes du cancer colorectal (sang dans les selles, douleurs abdominales, alternance diarrhee / constipation, perte de poids, fatigue) doivent être pris au sérieux. Consulter un professionnel dès l’apparition de ces signes peut permettre un diagnostic précoce.

Importance du dépistage

Le dépistage est l'un des moyens les plus efficaces de réduire la mortalité liée au cancer du côlon. Dans les pays où il est bien établi, les programmes de dépistage ciblent les personnes âgées de 50 ans et plus. Ces programmes permettent de détecter la maladie à un stade précoce, augmentant ainsi les chances de guérison. Par exemple, détecter un cancer colorectal à un stade précoce porte les chances de survie à 90 %, contre seulement 13 % pour un cancer détecté tardivement. Il est donc crucial de se faire dépister.

Facteurs de risque

Le cancer du côlon est lié à plusieurs facteurs de risque communs dans le monde entier :

Régime alimentaire : Une alimentation riche en viande rouge, en viandes transformées et pauvre en fibres augmente le risque. De nombreux pays encouragent aujourd’hui une alimentation plus équilibrée, riche en légumes, fruits et céréales complètes pour diminuer ce risque.

Sédentarité : Le manque d’activité physique est un facteur de risque important. Dans de nombreuses régions, promouvoir une activité physique régulière fait désormais partie des initiatives de santé publique pour réduire le risque de cancer.

Tabac et alcool : Fumer et consommer de l'alcool augmentent le risque de développer un cancer colorectal. Des campagnes de santé publique dans le monde entier cherchent à sensibiliser la population aux dangers de ces comportements.

Surpoids et obésité : L’obésité est de plus en plus répandue dans le monde, et elle est fortement associée au risque de cancer colorectal, en particulier l'obésité abdominale.

Prédispositions génétiques : Environ 5 % des cas de cancers colorectaux sont d'origine héréditaire, et des prédispositions génétiques comme le syndrome de Lynch augmentent le risque. Dans de nombreux pays, les familles à risque sont invitées à des dépistages plus précoces.

Recommandations de l’OMS pour la prévention

Pour limiter l’impact du cancer colorectal, l’OMS et d'autres organisations de santé internationales recommandent les mesures suivantes :

Adopter une alimentation riche en fibres : Consommer davantage de fruits, légumes et grains complets, et limiter les viandes rouges et transformées, réduirait les risques de développer la maladie.

Pratiquer une activité physique régulière : Faire de l’exercice modéré, comme la marche rapide, au moins 150 minutes par semaine, aide à réduire le risque.

Éviter le tabac et limiter l'alcool : Ces comportements sont liés non seulement au cancer colorectal, mais aussi à de nombreuses autres maladies graves.

Participer aux dépistages réguliers : Dès l’âge de 50 ans, ou parfois plus tôt pour ceux qui présentent des risques accrus, les programmes de dépistage, permettent de détecter le cancer à des stades précoces et donc de changer radicalement le pronostic du cancer.

Colonoscopie et test FIT : des outils essentiels pour le dépistage

Deux des principaux outils de dépistage du cancer du côlon sont la coloscopie et le test immunologique de recherche de sang occulte dans les selles (FIT). La coloscopie est considérée comme l'examen de référence car elle permet d'inspecter directement la paroi du côlon et de retirer les polypes précancéreux avant qu'ils ne se transforment en tumeurs. Elle est généralement recommandée tous les dix ans à partir de 50 ans pour les personnes à risque moyen, et plus tôt ou plus fréquemment pour celles ayant des antécédents familiaux de cancer colorectal.

Le test FIT, en revanche, est un test simple et peu coûteux, qui consiste à analyser un échantillon de selles pour détecter des traces de sang invisibles à l'œil nu, souvent le premier signe d’un polype ou d’une tumeur. Le FIT est recommandé tous les un à deux ans et constitue une alternative accessible.  Bien que moins précis que la coloscopie, il reste très efficace pour le dépistage de masse et permet d'identifier les cas nécessitant une coloscopie. Ensemble, ces tests sont au cœur des stratégies de prévention dans de nombreux pays, permettant de détecter le cancer à un stade précoce, d’augmenter les chances de survie et de réduire la mortalité liée au cancer colorectal.

Coloscanner : une alternative moins invasive pour le dépistage

Le coloscanner, également appelé coloscopie virtuelle, est une méthode non invasive qui utilise la tomodensitométrie (scanner) pour obtenir des images en 3D du côlon et du rectum. Contrairement à la coloscopie traditionnelle, le coloscanner ne nécessite pas d’endoscopie interne, ce qui en fait une option plus confortable pour de nombreux patients. Ce dépistage est souvent proposé tous les cinq ans et permet de repérer des polypes ou des anomalies sans nécessiter d’anesthésie.

Bien que le coloscanner soit un outil précieux, il présente certaines limites : il ne permet pas d’enlever les polypes identifiés, ce qui nécessite une coloscopie de suivi si une anomalie est détectée.

En complément de la coloscopie et du FIT, le coloscanner offre donc une option supplémentaire pour le dépistage, particulièrement utile pour les patients qui ne peuvent pas ou ne souhaitent pas subir de coloscopie classique. Utilisé en combinaison avec les autres méthodes, il renforce l’approche préventive et contribue à la détection précoce du cancer du côlon, augmentant ainsi les possibilités de traitement et les chances de guérison.

La prévention du cancer du côlon repose sur une approche proactive incluant le dépistage régulier, l’adoption de modes de vie sains et la sensibilisation aux risques. En intégrant des outils de dépistage comme la coloscopie, le test FIT et le coloscanner, il est possible de détecter des anomalies précoces et d’augmenter significativement les chances de guérison. Un régime riche en fibres, une activité physique régulière, l’évitement du tabac et de l’alcool contribuent aussi à réduire les risques. En combinant ces mesures de prévention, nous avons les moyens de freiner l'incidence du cancer colorectal et d’améliorer la qualité de vie à long terme.

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