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FAENZA - La musique ancienne au présent

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Publié le 18 février 2019, mis à jour le 18 février 2021

Implanté dans le Grand Est de la France, l’ensemble Faenza remet la musique ancienne au goût du présent. Le 27 février au Théâtre de l’Alliance Française, Faenza jouera le récital “Europe Galante”: des musiques et des airs français, italien, anglais et espagnol du XVIIe siècle. Dirigé par le chanteur et théorbiste Marco Horvat, les musiciens et chanteurs de Faenza  feront découvrir la pratique ancienne du chant accompagné lors, bien sûr,  d’un diner concert au Café Odeon.

 

Faenza se produit pour la première fois aux Emirats Arabes Unis, et c’est à l’Alliance Française de Dubai qu’échoit l’honneur de les recevoir. Marco Horvat a répondu à nos questions.

 

 

Marco Horvat, vous êtes parti étudier la musique classique de l’Inde du Sud pendant quatre ans. Quel lien entre votre intérêt pour la musique indienne et la musique baroque européenne ?

Je suis parti en Inde pour un premier séjour de six mois en 1986, j’avais alors 25 ans. Un ami luthiste m’avait initié deux ans auparavant à l’écoute de la musique indienne et j’avais commencé à prendre à Paris des cours de tabla (percussion) et de sarod (instrument à cordes pincées).

J’avais à cette époque démissionné de mon emploi de chanteur à La Chapelle Royale (et avais envie d’une expérience musicale plus authentique. La musique indienne, en plus d’un degré de profondeur que je ne trouvais pas toujours dans la musique occidentale, me donnait aussi la possibilité de suivre l’enseignement d’un maître tel que j’imaginais que pouvaient le dispenser les musiciens du passé, et qui ne me semblait plus exister dans notre tradition.

De retour en France, je me suis ré-orienté vers le style de musique et de chant qui me semblait le plus proche de ce que j’avais appris en Inde : le chant grégorien et la musique médiévale, auxquels j’ai consacré de nombreuses années et les premières activités de l’ensemble Faenza, avant de revenir à mes premières amours : les musiques de l’époque baroque.

 

L’ensemble Faenza joue du chant accompagné.  Est-ce difficile de s’auto-accompagner? 

 

Les instrumentistes qui deviennent chanteurs mettent en général leur instrument de côté pour se consacrer au chant. Avec un instrument aussi adapté à l’accompagnement que le théorbe et sachant que les interprètes du Moyen Âge, de la Renaissance et du Baroque étaient tous capables de s’accompagner sur un instrument, il m’a semblé absurde de ne pas essayer de développer cette pratique moi-même. Autodidacte par nécessité plus que par nature, l’absence de maître en ce domaine ne m’a pas arrêté.

 

Il n’est pas facile de chanter en s’accompagnant. Si maîtriser une pièce vocale vous prend – mettons – cinq heures et maîtriser son accompagnement, quatre, la chanter en s’accompagnant ne demande pas neuf heures mais bien plutôt une vingtaine ! Avec le temps, bien entendu, on avance plus vite, mais j’ai mis de longues années à me sentir à l’aise dans cette pratique.

 

La rencontre avec Francisco Mañalich, dont la voix et l’instrument étaient complémentaires des miens – a été déterminante. Depuis cette rencontre, d’autres chanteurs-instrumentistes sont venus se joindre à l’équipe de Faenza et cette dynamique a donné envie à Olga Pitarch d’utiliser ses anciens acquis de claviériste pour les mettre au service de la basse continue sur l’épinette.

 

Votre spectacle à l’Alliance s’intitule  ‘L’Europe Galante. Où se développe la galanterie au XVII?

 

Le galanterie est liée à la culture de cour, à la courtoisie. Le Moyen Âge, on le sait, a inventé l’amour courtois qui a donné à la femme un pouvoir que l’Antiquité lui refusait. Il n’est donc pas paradoxal que la Renaissance, qui prônait le retour aux valeurs de l’Antiquité, ait fait reculer pour quelque temps les droits des femmes. Ce n’est qu’en adoptant les belles manières italiennes dans le sillage de François 1er que la France va peu à peu développer une civilité de plus en plus féminisée et polie, grâce à des femmes exceptionnelles comme Mme de Rambouillet, Madeleine de Scudéry, Christine de Suède et tant d’autres. Si l’Angleterre a suivi d’autant plus facilement le mouvement qu’elle était gouvernée par une reine, la galanterie « à l’espagnole » n’était pas une évidence pour les autres nations, qui souvent se moquaient de la rudesse hispanique, comme dans cette chanson d’Etienne Moulinié où une française « supplie » un espagnol sentant par trop le « fourmage » et les « aulx » de la « laisser vivre en repos » !

 

 

«  L’Europe galante » par l’ensemble Faenza. Concert-diner «Les quatre saveurs de l’amour » le 27 février à 19h30 dans le cadre du « Printemps féminin » .

« Quatre pays, quatre cultures, quatre goûts : la France, l’Espagne, l’Angleterre et l’Italie.

Récital et voyage gustatif dans l’espace-temps musical baroque que le public appréciera des yeux, des oreilles mais aussi du palais… »

Tarif AF membres Dhs.100, non membres Dhs.120

Réservations ICI

 

Propos recueillis par Anne Cabanel

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