Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Rencontre avec Monsieur l’Ambassadeur de France : Xavier Chatel

Xavier ChatelXavier Chatel
Écrit par La Rédaction
Publié le 16 janvier 2021, mis à jour le 17 janvier 2021

Avec les Emirats arabes unis, on peut voir grand parce qu’ils voient loin 

voilà une déclaration à l’image de la relation unique qui lie la France aux Emirats : ambitieuse, profonde, centrée sur l’avenir. C’est par ces mots que Monsieur l’ambassadeur de France aux EAU, Xavier Chatel a su nous communiquer son enthousiasme, lors d’une rencontre qui nous a permis d’aborder ses premières impressions, sa prise de contact avec notre communauté et ses aspirations.

 

 

Lepetitjournal.com/dubai : Monsieur l’ambassadeur, tout d’abord, quelles ont été vos premières impressions des Emirats arabes unis et de leur population ?

 

Xavier Chatel, ambassadeur de France aux Émirats Arabes Unis : Tout d’abord, je dois vous dire que j’ai ressenti une grande émotion lors de ma prise de fonctions. C’est un moment important, même quand l’on s’y prépare d’arrache-pied depuis un moment. Mais j’appréhende cette charge avec humilité car rien n’est jamais acquis, et car l’enjeu est de servir la France et les Français. Et j’ai la grande chance de le faire dans un pays qui offre un cadre de vie à la fois agréable et extrêmement stimulant.

 

Le premier contact avec la population émirienne est passionnant et attachant. On est galvanisé par l’énergie d’un pays qui est aux mains de véritables  bâtisseurs. Les Emiriens n’ont d’autre limite que celle de leurs ambitions et toute cette énergie ne demande qu’à être exploitée. Ce sont par ailleurs des personnes d’une grande gentillesse et dotées d’un sens de l’hospitalité remarquable. L’accueil qui m’est fait est aussi chaleureux et amical que possible.

 

Il ne faut pas se méprendre, cette région est pleine de défis et les Émiriens  les relèvent avec un mélange de détermination et de pragmatisme. Cette capacité à allier adaptabilité et planification, même à très long terme, est assez unique. Ce sont des partenaires qui regardent réellement au-delà de l’horizon. Pensez qu’il existe un comité qui prépare déjà 2071… Il ne faut pas oublier que c’est un pays qui s’est inventé lui-même. C’est pourquoi des projets riches et structurants comme le Louvre Abu Dhabi ont pu voir le jour. Ce sont des projets calculés pour plusieurs générations…. Avec de tels partenaires, on peut voir grand, parce qu’ils voient loin.

xavier chatel
Remise des lettres de créances à S.A. Mohammed bin Rashid Al Maktoum, Vice-président, Premier ministre et Émir de Dubaï - Novembre 2020 - photo @ WAM 

 

 

Que signifie pour vous l’amitié franco-émirienne ?

 

On peut parler d’une relation bilatérale spectaculaire, d’une densité et d’une variété peu commune. Peu de pays entretiennent, autant que la France, de tels liens avec les Emirats arabes unis, sur un spectre aussi large d’activités: l’économie, l’éducation, la culture, la défense, les énergies renouvelables, les nouvelles technologies, la santé…

 

La relation est ancienne et robuste ; et ce lien se voit dans le dialogue ouvert entre nos leaders, qui témoigne d’une grande confiance réciproque. Ce n’est pas un hasard si les EAU est l’un des pays musulmans qui a le plus vigoureusement témoigné son soutien à la France après l’attentat qui a coûté la vie à Samuel Paty en octobre dernier. Le long communiqué de Son Altesse Cheikh Mohamed bin Zayed Al Nahyan, publié le 1er novembre 2020, était très explicite en ce sens. A cela est venu s’ajouter l’entretien du Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Anouar Gargash, au quotidien allemand Die Welt, qui soutenait sans équivoque la position française dans son combat contre l’extrémisme et le radicalisme. Ce geste des autorités émiriennes alors que notre pays était la cible d’attaques est le signe d’une amitié sincère et fidèle. Bien entendu, ce n’est pas son seul marqueur mais c’est un signe fort et récent.

 

Cette amitié est celle de deux pays qui ont délibérément fait le choix stratégique de l’autre. Cette relation est très ancienne puisqu’elle remonte à la création de la Fédération. En témoignaient encore récemment les messages de condoléances qui nous ont été adressés suite au décès du président Valéry Giscard d'Estaing, et les photos d’archive qui résonnaient avec l’histoire du pays.

 

J’ai pour habitude de dire que le lien qui unit nos deux pays est une amitié de cœur et de raison. Ensemble, la France et les Emirats arabes unis ont déjà construit le Louvre et la Sorbonne Abu Dhabi. Ces projets sont des locomotives pour notre coopération actuelle. Mais je crois que nos deux pays peuvent gravir ensemble encore d’autres sommets.

 

 

Quelles sont vos premières impressions sur la communauté française des Emirats arabes unis ?

 

Malgré les contraintes sanitaires, j’ai déjà eu la chance de rencontrer de nombreux compatriotes. Mes premières impressions sont celles d’une communauté de très grande qualité, entreprenante, pleine de vitalité, sans aucun doute la plus dynamique du Golfe.

 

Les profils des Français qui ont fait le choix de s’expatrier aux Emirats arabes unis sont très variés. Si l’on pense aux entreprises présentes ici, nous avons aussi bien des PME que des grands groupes du CAC40, qui recouvrent l’ensemble des secteurs d’activité, de l’agroalimentaire aux nouvelles technologies en passant par des secteurs plus traditionnels tels que les hydrocarbures…

 

Il y a donc une vraie diversité de profils ; mais évidemment, le jeune entrepreneur “qui en veut” est plutôt sur-représenté. Le genre ultra-actif, qui a su tisser un vrai réseau, tout en s’intégrant dans les différentes communautés des Emirats arabes unis. En bref, je trouve cette communauté très attachante – je conviens que j’y suis particulièrement sensible à titre personnel, ayant une formation économique et une expérience de business.

 

 

Que pensez-vous du réseau d’enseignement français aux Emirats arabes unis ?

 

Je crois que nous pouvons être très fiers de notre réseau d’enseignement, dont le dynamisme et l’excellence ne se démentent pas.

 

Une fois passée ma quarantaine, l’une de mes priorités a d’ailleurs été d’aller sur le terrain, visiter nos sept établissements scolaires et nos Alliances françaises. Je sais combien la situation sanitaire a affecté et continue d’affecter le quotidien de nos  élèves, des parents et de l’ensemble du personnel enseignant et administratif. Je tiens à saluer à nouveau leur mobilisation sans faille afin d’assurer une continuité de l’enseignement dans les meilleures conditions possibles.

 

Ce réseau, le sixième au monde, nous permet de faire rayonner l’histoire et la culture françaises aux Emirats arabes unis. En ce sens, je crois que l’enseignement du français est fondamental et que l’écosystème de la francophonie, très vivant aux Emirats, doit être soutenu. Il est essentiel que nos écoles puissent accueillir et former une population francophone variée. Par ailleurs, la réintégration de l’enseignement du français dans les écoles émiriennes est un projet fantastique. Cela permet d’avoir toute une classe d’âge qui aura grandi et étudié avec un “habitus” de francophonie. Ce sont des jeunes pour qui le français représentera des racines, une affection ancienne pour notre pays qui aura grandi en eux.

xavier chatel
Visite des lycées français des Émirats arabes unis - Octobre 2020

 

 

Avez-vous un message personnel à adresser aux entreprises françaises ?

 

On les soutiendra le couteau entre les dents (rires) ! Telle est ma priorité personnelle absolue, et bien entendu celle du gouvernement et de l’ensemble de l’équipe France aux Emirats arabes unis.

 

Nous travaillons notamment à l’attractivité de la France pour les investisseurs émiriens. J’ai eu la chance d’accompagner le Ministre délégué au Commerce Extérieur et à l’Attractivité, Franck Riester, à la rencontre des grands fonds souverains et des grands investisseurs émiriens qui ont des projets immobiliers ou industriels. Il était essentiel de pouvoir leur expliquer la politique de relance et les priorités très claires du gouvernement français. Nous cherchons également à alléger les protocoles sanitaires pour les délégations d’affaires françaises, afin de relancer la circulation des entreprises dans nos deux pays. Bien entendu, c’est très complexe : les protocoles sanitaires en vigueur le sont pour une raison et il ne s’agit en aucun cas de les contourner.

 

Dans ce contexte, permettez-moi de rappeler qu’il existe une vraie coopération sanitaire entre nos pays. Je pense en particulier aux échanges avec l’hôpital de Nice ou avec l’entreprise Sanofi, qui, je le rappelle, distribue plus de vingt millions de doses d’insuline par an aux Emirats. Je pense aussi à l’accord signé récemment entre l’APHP – international et l’Abu Dhabi Public Health Center qui porte sur les maladies cardiovasculaires, une priorité émirienne. Il s’agit d’une nouvelle étape dans la coopération entre la France et les EAU dans le domaine, primordial, de la santé.

 

De nombreux Français s’interrogent sur la vaccination contre la Covid-19. Qu’avez-vous à leur dire ?

 

La décision de se faire vacciner ou non relève d’un choix personnel, et bien sûr il faut respecter les lois du pays qui nous accueille.

A ce jour, l’Agence européenne des médicaments et la Haute Autorité de Santé ont autorisé en France la mise sur le marché des vaccins Pfizer/BioNtech et Moderna, utilisés dans le cadre de la campagne de vaccination nationale.

 

Personnellement, j’ai tenu à visiter le centre de vaccination mis en place par SEHA à Abou Dabi pour en apprendre davantage sur l’expérience émirienne : après une première phase d’essais cliniques, puis une deuxième phase d’autorisation d’urgence, les Emiriens pratiquent à présent une campagne plus large de vaccination pour certaines parties de la population.

 

Les autorités émiriennes m’ont toutefois indiqué qu’à ce stade, les vaccins contre la Covid-19 distribués aux Emirats étaient réservés aux adultes.

 

Un mot sur l’Expo?

 

C’est le rendez-vous majeur de l’année. L'enjeu est de taille, puisque l’Expo sera l’un des premiers grands événements mondiaux de l’ère post-Covid. Telle est l’ambition des organisateurs, qui me l’ont rappelé lors d’une rencontre récente.

 

Vous vous en doutez, un événement de cette ampleur, dans le contexte actuel, nécessite en outre d’importants efforts sur les plans sécuritaire et sanitaire. A cet égard, j’ai pu constater, lors de ma visite du pavillon France, que les règles sont appliquées avec beaucoup de soin.

 

Il faut que le pavillon France, géré par la Cofrex, fasse rayonner l’excellence française. Il sera la vitrine de notre pays, et son thème sera « Lumière, Lumières ». En cela, il doit nous passionner, nous faire rêver, et impressionner avec le meilleur de ce que nous sommes, en reflétant nos plus beaux talents - le tout sous l’égide de nos deux parrains, une cheffe pâtissière et un astronaute en chef, Jessica Préalpato et Thomas Pesquet. 

 

La programmation promet d’être dense et variée, avec une exposition permanente, des expositions temporaires, des quinzaines thématiques et de nombreuses journées internationales à célébrer.

 

Je sais que l’Equipe France sera à la hauteur de cet événement. Je me réjouis d’avance de retrouver nos compatriotes, nombreux, à ce rendez-vous que les Emirats ont pris, à Dubai, avec le monde.

ambassadeur de France eau
A bord d’un Atlantique 2 de la Marine nationale française au-dessus du Golfe – Décembre 2020

 

 

Publié le 16 janvier 2021, mis à jour le 17 janvier 2021

Sujets du moment

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions

    © lepetitjournal.com 2024