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MICHAEL LAHYANI – le visionnaire à la tête de Property Finder

Michael Lahyani Property FinderMichael Lahyani Property Finder
Écrit par Tiffany BUSSER
Publié le 15 juin 2019, mis à jour le 27 juin 2019

Michael Lahyani est arrivé à Dubaï il y a 15 ans et n’est pas prêt de partir. Le fondateur de Property Finder, premier portail immobilier dans la zone GCC, partage sa vision fondamentalement optimiste de Dubaï. Sa société -  dont la valeur ajoutée plane sur tout le paysage immobilier - repose sur une culture d’entreprise à son image : créative, affable, agile et déterminée. Aujourd’hui leader aux Emirats, Bahreïn, Liban, Qatar et bientôt en Egypte, il poursuit son expansion avec une croissance impressionnante de 30% par an. À croire que son sourire est contagieux.

 

Lepetitjournal.com/dubaï : Quels ont été les temps forts depuis la création de Property Finder en 2005 ?

MICHAEL LAHYANI : De 2007 à 2009, le groupe Newscorp a acquis la majorité de la société mais cela n’a pas duré. J’ai racheté toutes les parts et repris le contrôle au moment de la crise financière. En 2011, une fois la tempête passée, la société est devenue rentable pour la première fois. A l’ère du digital, nous avons récolté les parts de marché des agents immobiliers délaissant la presse et nous sommes devenus la plateforme immobilière en ligne numéro un aux Emirats.

S’en suit une levée de fond qui nous permet d’attaquer une expansion géographique : l’Arabie Saoudite, l’Egypte, Qatar, Bahreïn etc., vont avoir besoin d’un portail immobilier et nous saisissons l’avantage des premiers arrivés. Nous dominons rapidement dans certaines zones et poursuivons l’expansion au Maroc.

Nous sommes aussi présents en Turquie où nous avons investi stratégiquement dans une plateforme déjà existante (celle-ci a sa propre technologie contrairement aux autres marchés dont la plateforme est celle que nous développons à Dubaï).

En 2015, une nouvelle levée de fond significative nous arrive d’une société d’investissement suédoise et en 2018, nous faisons entrer General Atlantic, un des plus gros fonds d’investissement tech au monde (Ils ont aussi investi dans Facebook, Uber, Airbnb NDLR). C’est une étape importante pour nous et une première pour la scène tech au Moyen Orient d’attirer un investisseur de telle renommée !

 

Quels sont votre vision et vos objectifs pour PF ?

Être la marque leader de l’immobilier en ligne, que ce soit pour se loger ou investir, et d’être le partenaire de confiance des agents et des développeurs immobiliers. Nous offrons une plateforme qui permet aux utilisateurs de trouver leur prochain « foyer ». Lorsqu’on est arrivé en Arabie Saoudite par exemple, un jeune trouvait son logement en prenant sa voiture pour faire le tour du pâté à la recherche de panneaux « à louer » ! Son champ d’action était assez réduit. Un habitant d’Alexandrie n’allait pas travailler au Caire car il ne savait pas où il allait habiter. Aujourd’hui, un égyptien peut trouver un appartement en ligne en Arabie Saoudite où il a son nouveau job.

Nous sommes les acteurs d’une mobilité qui n’existait pas avant. Notre objectif est de faciliter l’investissement, que chacun puisse avoir la vie qu’il mérite. C’est entre autre à travers leur maison que les gens s’accomplissent. La mission de Property Finder est celle-ci « motivate people to live the life they deserve »

L’information que nous donnons, à plusieurs niveaux, doit être fiable et transparente, un challenge dans cette région où l’opacité des données transactionnelles immobilières est assez présente.

 

Qu’entendez-vous par « information immobilière plutôt opaque » ?

Les utilisateurs veulent accéder à l’information sans avoir à parler aux brokers. Le challenge est de récupérer le maximum de données auprès d’agents immobiliers qui ne souhaitent pas forcément les partager. Ils préfèrent garder le contact avec l’utilisateur final et ne pas les laisser passer trop de temps sur la plateforme. Notre rôle est de changer la mentalité des agents immobiliers par rapport à cela. D’autant qu’ils gardent un rôle clé dans ce processus : dans l’achat d’un logement, la négociation humaine reste essentielle pour que le prix du vendeur puisse rencontrer celui de l’acheteur. Ils ont un effet régulateur important, sans leur médiation entre vendeur et acheteur, les transactions trouvent vite leurs limites. Leur expertise est nécessaire. L’intelligence artificielle ne fait pas tout !

 

Property Finder: Global ou local ?

Nous voulons continuer à nous spécialiser et à grandir dans la zone. Avec huit marchés et le développement urbain en marche à Dubaï nous avons déjà beaucoup à faire. Le marché immobilier reste un métier très local et lié aux agents immobiliers locaux. En ce sens nous gardons un avantage qui permet à la place de marché qu’est l’immobilier online de survivre à Google ou Amazon.

Nous avons un fort potentiel de croissance dans les pays où la recherche immobilière ne se fait pas encore en ligne. D’autant plus lorsqu’on constate que des players importants comme Rightmove.co.uk ou Seloger.com - sur des marchés super matures comme l’Europe - poursuivent leur croissance.

Une entrée en bourse ? Pourquoi pas mais cela restera un outil financier pour continuer d’accomplir notre mission. Cela pourrait être utile le jour où on ne trouve pas d’argent dans les marchés privés. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, il y a beaucoup de liquidités en dehors des marchés publics.

 

Prochain challenge pour Property Finder ?

Continuer de simplifier au maximum la vie des utilisateurs en prenant en compte tous les paramètres et les différentes étapes. De la recherche à l’emménagement, la démarche doit être la plus fluide possible - à savoir un click, puis un autre, etc. Il y a beaucoup de paramètres à intégrer, comme par exemple la distance d’un logement à l’école des enfants ou le lieu de travail. Lorsqu’il recherche un appartement, l’utilisateur veut avoir accès au plan d’habitation, connaître les charges, l’angle de la vue… tout cela avant de se déplacer. Il veut aussi s’adresser au prestataire le mieux équipé : celui qui connait bien l’immeuble, qui parle sa langue, qui a de l’expérience (notamment en termes de transactions dans le quartier). Actuellement, nous travaillons sur tous ces aspects et visons la même simplicité que pour commander un repas en ligne !

Il semble y avoir une culture d’entreprise forte chez Property Finder. Pouvez-vous nous en parler ?

À l’externe, nous plaçons la barre plus haut : en terme de défense de l’utilisateur notamment. Avant, ils pouvaient facilement se faire avoir. Maintenant, nous jouons un rôle régulateur : nous augmentons la barrière d’entrée pour les agents immobiliers (ils doivent soumettre leurs transactions et prouver leur contact direct avec les propriétaires pour accéder au positionnement de rigueur).

Ensuite, à l’interne, nous sommes orientés résultats : notre croissance est forte (30% an), mais notre entreprise est aussi un endroit chaleureux avec une bonne ambiance et beaucoup de bienveillance. Il y a des religions et des cultures différentes – 28 nationalités différentes ! Beaucoup de gens ici sont loin de leur famille ; les collègues deviennent des amis.

Quant à moi je bénéficie du soutien opérationnel de mes équipes au quotidien et je reste très impliqué dans la stratégie, avec quelques « pet projects » en parallèle. Je maintiens la culture d’entreprise en faisant évoluer les gens, en attirant certains talents et en me séparant d’autres. Il faut toujours se remettre en question, être agile dans la manière de travailler, tout ça en gardant un équilibre de vie. On ne peut pas inspirer les gens si on dort sous son bureau !

 

Comment a évolué le marché à Dubaï ?

Il faut distinguer le prix et le nombre de transactions. Les prix du marché baissent depuis plusieurs années et ce n’est pas malsain. Les prix étaient élevés et le sont encore. La ville est en pleine adolescence. Elle est passé de village à ville, puis à mégalopole ; comme une startup qui devient une société. La ville ne peut pas accroitre sa population sans baisser ses prix…

Dubaï a besoin d’attirer plus de monde, pour cela il faut baisser la part de loyer dans les salaires, ce qui permet aussi plus de flexibilité pour les employeurs au niveau des salaires.

Ce qu’offre Dubaï est unique dans la région, en termes de sécurité, life-style, accessibilité, fiscalité, éducation... Quoi qu’il arrive, cela continuera d’attirer les gens. Je suis optimiste sur le long terme… J’ai vécu 2008, lorsqu’on a dit que Dubaï deviendrait une ville fantôme. Ce n’était pas vrai.

Dubaï reste un endroit très attractif avec des pays en voie de développement et à très forte croissance situés tout autour des émirats.

 

À quoi ressemble votre Dubai ?

Après 10 ou 15 ans, c’est différent de lorsqu’on vient d’arriver. Mon Dubaï est assez familial. Je vis avec ma femme, que j’ai rencontrée à Genève. Mon frère et sa femme m’ont rejoint ici il y a déjà 5 ans et m’ont offert un magnifique petit neveu ! Mes parents viennent souvent, j’ai mon cercle d’amis et je suis heureux. Il y a un équilibre entre chez moi ici et à Genève. La vie est rythmée par des voyages aux USA, en Europe grâce à Emirates Airlines qui offre des vols directs vers les plus grandes villes du monde. Cela rend Dubaï attirant. Ici je peux avoir une vie saine et sportive, faire du triathlon en plein air… nous avons eu un long « hiver » frais et agréable !

 

Quelle question je ne vous ai pas posée ?

Comme tout le monde : combien de temps je vais rester !? Je fais généralement des plans à deux ou trois ans mais il y a de fortes chances pour que je sois encore heureux ici. J’ai davantage de raisons de rester. Il y a d’ailleurs un visa à 10 ans en cours de présentation qui va sûrement rallonger les horizons.

Quand je vois la politique dans le monde, je me dis qu’on a la chance d’avoir un leadership clairvoyant. Ailleurs, il y a des déchirement droite/gauche, un manque de clarté. Ici il semble y avoir une certaine cohésion et une vision à 30 ou 50 ans. Je suis pour la monarchie éclairée !

Il y a aussi une grande tolérance. On peut pratiquer sa religion et se sentir en sécurité. On montre souvent du doigt les Lamborghini et les soirées à champagne et on oublie de voir le modèle de tolérance que le pays promeut.

 

 

Tiffany Busser
Publié le 15 juin 2019, mis à jour le 27 juin 2019

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