MARIE JEGADEN, la solution pour vos photos et vidéo

Par Marie-Jeanne Acquaviva | Publié le 23/07/2019 à 01:00 | Mis à jour le 18/02/2021 à 14:47
marie Jegaden

Aujourd’hui rendez-vous avec une expatriée pas tout à fait comme les autres, Marie Jegaden, arrivée ici en 2012 avec un contrat au sein d’une grosse multinationale, c’est elle qui fait venir sa famille pour y faire leur vie ici, loin des clichés de la “femme d’expat” elle a su se réinventer plusieurs fois, se relevant de chaque expérience avec le sourire, et l’énergie de se lancer à nouveau dans l’inconnu avec bravoure et parfois un peu d’inconscience (ne ratez pas l’anecdote de “Baywatch à Al Ain”!) pour enfin trouver sa voie et se consacrer à sa passion, la photographie, en faire son métier et vivre dans la joie une vie dédiée à 200% à son travail.

 

 

Lepetitjournal.com/dubai : Qu’est-ce qui vous a amenée dans les Emirats, et pourquoi y êtes-vous restée ?

 

Marie Jegaden : Je suis arrivée en 2012, et après 17 années de carrière dans une grande société de logistique, avec un fonctionnement très corporatif, ils m’ont proposé un poste ici, en contrat local mais avec encore suffisamment d’avantages pour envisager de faire venir avec moi tout le reste de ma famille. Au bout de deux ans je me retrouve dans une position inconfortable, car je ne suis plus du tout en accord avec le fonctionnement de l’entreprise. Rapidement l’idée d’arrêter tout prend forme dans mon esprit, et il se trouve que c’est le moment juste pour moi. J’ai terminé mon MBA au bout de deux ans et avec beaucoup d’efforts car je l’avais commencé en France (à Lyon) et je dois jongler avec les aller/retour, mais finalement je boucle mon mémoire, j’obtiens une bonne note (19), et quand je relis mon titre “La construction d'une société de logistique spécialisée dans le transport des œuvres d'art"…  j’ai ce sentiment irrépressible que non, vraiment, je ne veux plus du tout faire ça! (rires)

 

Que se passe-t-il alors? Vous arrêtez de travailler ?

 

Oui et non : j’arrête ma carrière, et je décide de me lancer dans l’entrepreuneriat, plus exactement je décide d’investir un petit pécule dans une boîte qui faisait de la boulangerie - j’adore ça, et ma fille aussi d’ailleurs - mais ça ne se passe pas comme prévu, je n’approuve pas la gestion pratiquée par les associés, et je préfère me retirer de l’affaire rapidement. Puis j’ai l’idée de me lancer dans le “manpower” (le service à la main d’œuvre) spécialisé dans le sport, l’idée est bonne, le potentiel est là : je décroche vite de gros contrats, mais la mise en oeuvre est compliquée et je dois faire face à des défis pour le moins incongrus…

 

Par exemple ?

 

Eh bien je vais me retrouver à devoir remplir au pied levé le poste de maître nageur de piscine, car en urgence et pour ne pas perdre un contrat important, il me  manquait une seule recrue. Je n’ai pas hésité : je me suis jetée à l’eau (au pied de la lettre) et me voilà à passer mon test de secouriste en public, à aller nager au fond de l’eau et remonter le mannequin lesté d’une seule main, et pendant un mois sur ma chaise avec mon sifflet à tirer les lignes et à surveiller la piscine… Je vous rassure je n’avais jamais fait ça avant : mais en terme d’implication personnelle, je n’ai jamais fait mieux ! (rires)

 

Difficile de ne pas sourire ! Mais que se passe-t-il après ça, vous avez une illumination et décidez de vous lancer dans le sauvetage en mer, où vous bifurquez de nouveau?

 

Haha non, cet épisode n’a pas éveillé une passion dormante, en revanche je retourne à mes amours, et je m’autorise enfin à faire ce que j’aime vraiment : de la photo, que je pratique depuis près de 25 ans, mais seulement par passion et en amateur. Et c’est après tous ces zigzags professionnels que je me décide enfin à me lancer. Ici aux Emirats mes photos plaisent, elles sont reçues de façon très positive, je vends, et donc je décide de me structurer et de mettre à profit précisément toutes ces années de travail corporatif pour monter ma petite entreprise à moi. Aujourd’hui elle fête ses deux ans et je suis très contente de son évolution, nous sommes très polyvalents, je fais presque autant de contrats auprès d’entreprises que de particuliers, des photos, des vidéos courtes, des films, nous travaillons dans tous les domaines car j’ai engagé des photographes qui ont chacun leur spécialité et leur domaine de prédilection : la restauration, les évènements de mode, les portraits, l’architecture, plus une éditrice qui ne se consacre qu’à l’édition des photos à plein temps : c’est une équipe qui roule! Avec le recul c’est ce que j’aurais dû faire dès le départ, mais on n’a pas toujours le courage de se lancer seul, surtout après 17 années passées au sein d’une entreprise très structurée et très hiérarchisée. Enfin ce qui compte c’est qu’aujourd’hui je sois vraiment à ma place et dans mon biotope! (rires)

 

Vous devez rencontrer un éventail de gens incroyables et recevoir parfois des demandes saugrenues?

 

Des anecdotes, j’en ai mille (rires) ! Mais disons la plus récente peut-être m’est arrivé un jeudi soir après une longue semaine bien remplie, nous recevons un appel pour nous envoyer d’urgence couvrir “l’évènement festif de l’année” sur une des îles en face d’Abu Dhabi, des DeeJays incroyables, une foule de “people” bref, il ne fallait rater cela sous aucun prétexte! J’hésite, il est tard déjà, mais deux de mes photographes sont de jeunes trentenaires et m’assurent pouvoir gérer. Une fois arrivés sur place… c’est la surprise de taille : l’infrastructure est énorme, des sculptures, des scènes, des décors, des DeeJays, oui… mais zéro éclairage de nuit, rien à manger et surtout : 15 invités au grand maximum! C’est un peu une ambiance de film comique absurde, sauf que mes pauvres photographes se retrouvent à devoir faire des photos toute la nuit sans le moindre flash car “ça casse la vibe”, sans rien à manger sauf un pauvre demi-sandwich jusqu’au lendemain. Mais l’histoire ne s’arrête pas là, car lorsque nous montrons les photos au client (l’organisateur de cette fameuse “soirée de la décennie”), il fait défiler les clichés, et nous sort cette phrase d’anthologie “mmmh oui, elles sont pas mal : mais y’a pas assez de gens! Tu m’en rajoutes au moins une centaine !”… Et donc nous voilà à photoshoper comme des fous pour essayer de remplir la soirée de joyeux invités… (rires) vraiment une expérience surréaliste !

 

 

Des conseils à qui voudrait se lancer, comment démarchez-vous vos clients par exemple, n’étant pas “du métier” à proprement parler?

 

Mes clients je vais les chercher! Il ne faut pas s’attendre à ce que les réseaux sociaux ou le bouche à oreille fassent tout le travail! Le travail c’est à vous de le faire, moi j’ai toujours adoré ça, le commercial, “aller à la pêche” et je suis enthousiaste, je sais que nous offrons un super boulot, que nous sommes passionnés et ça se voit : dans mon attitude et dans nos chiffres. Je donne toujours cet exemple : le premier photographe que j’ai engagé a accumulé depuis 212’000 clichés, on peut dire qu’il sait ce qu’il fait! Et puis quand on se lance il faut ratisser large et accepter des offres qui ne sont pas forcément ce qu’on préfère. Par exemple moi je n’aime pas trop couvrir les mariages, je trouve ça trop contraignant, trop d’égo et d’émotions à gérer, culturellement aussi c’est complexe car les attentes au Moyen Orient ne sont pas du tout celles que l’on a en Europe, sans parler des mariages mixtes : le double de problèmes à régler… en tant que photographe j’entends (rires)!  Aujourd’hui mon offre est plus concentrée sur ce que j’aime faire, de l’évènementiel, du créatif…

 

Quels sont les projets qui vous tiennent à coeur pour l’année à venir?

 

Le mois de janvier en général est un mois où j’essaye d’offrir des projet gratuits à qui je peux, c’est ma façon de rendre service à mon niveau, c’est gratifiant pour moi aussi et je rencontre toujours des projets passionnants ou franchement amusants : par exemple je suis l’élection de “Mister Dubaï” depuis 3 ans, et cette année j’y suis juge (rires), c’est un évènement très bon enfant, avec des jeunes gens souvent candides et pleins d’espoir, qui ont la vie devant eux, c’est rafraîchissant et très amusant! Puis pour la 4è année je vais participer à la Women’s Heritage Walk, organisée par Jodie Ballard. Ce sont 135 km de marche dans le désert sur 5 jours, strictement entre femmes, une expérience très intense, mais que je ne suis qu’à titre professionnel - autrement dit c’est moi qui fait les photos (rires) - j’adore marcher, mais le désert c’est dur! Ceci dit c’est un beau projet qui retrace la marche des femmes émiraties qui partaient autrefois d’Al Ain pour rejoindre la côte et aller faire du commerce : vendre leur production, récupérer le salaire de leurs hommes partis pêcher les perles… Puis en mars je suis très heureuse car nous allons suivre les 53 athlètes venus du Luxembourg à l’occasion des Paralympiades Special Olympics, et je me réjouis énormément de cette opportunité! Enfin au moment de l’Art Week j’ai un projet d’exposition personnelle qui me tient énormément à coeur et que je suis très impatiente de dévoiler… mais il faudra attendre avril pour en parler!

 

Rendez-vous de nouveau au printemps alors pour annoncer cette belle expo! Vous êtes aux Emirats entre Dubaï et Abu Dhabi, depuis longtemps quelle est “votre EAU”?

 

Cela va paraître étrange, mais ce que j’aime et apprécie le plus ici c’est un rapport au corps, au soin qui est très diffèrent de l’Europe. Tout d’abord les soins du corps considérés comme du luxe et du plaisir sont ici accessibles et abordables, contrairement à l’Europe justement, ce qui permet de les intégrer à son quotidien, et cela change la vie: j’ai depuis mon arrivée ici toujours été fidèle au même petit salon de massage qui ne paye pas de mine dans l’Oasis Center, le typique petit mall un peu moche, qui pratique des soins ayurvédiques traditionnels que j’adore. Et puis c’est un pays où on peut vraiment se lancer et se donner à fond à ses passions et à son travail, mener au fond une vie quasi monacale (en tout cas en semaine) sans pour autant avoir l’air d’un ovni et se couper de toute vie sociale : se lever avant 6 heures pour aller marcher, ou se coucher à 9 heures après avoir travaillé 12 heures ininterrompues ce n’est pas incongru… et finalement cela me convient très bien! Pourtant je suis issue de la région lyonnaise, une région viticole où l’on adore “la bonne bouffe” française, mais cette nouvelle hygiène de vie à l’opposé de mes racines finalement était faite pour moi !

 

Cliquez-ici pour plus d'infos sur l'agence Trailblazer media 

 

Suivez-là sur Instagram @mytrailblazer.com

 

0 Commentaire (s) Réagir
À lire sur votre édition locale
À lire sur votre édition internationale