Dubaï est l'une des villes les plus connues au monde, mais peu de gens connaissent vraiment les gens qui y habitent et qui sont à l'origine de la ville. Dubaï Is My Home est un livre à la couverture orange vif pour donner envie d’aller au-delà des idées préconçues et rencontrer ceux qui font Dubai.
Dubai Is My Home est un livre comme il n’en existe pas sur Dubai. Marie Jeanne, journaliste-auteure et Olivia, photo journaliste, ont pris le parti d’aller à l’encontre des clichés érigés sur Dubai par les médias et les influenceurs. Après avoir elles-mêmes dépassé les préjugés qu’elles avaient avant de s’y installer et nourrit une multitude d’idées pour exprimer leur vision, elles se lient pour remettre la richesse en perspective - pas celle des robinets en or et du jet ski, mais la richesse des expériences, des cultures, des histoires pleines de hardiesse qui les ont fait vibrer.
Passionnées, elles nous transportent dans ces vies simples qui ressemblent à des aventures. Un mélange de cultures et de trajectoires étourdissant avec pour points communs l’ouverture au monde rencontrée à Dubai et la pratique d’un anglais pas très « maternel ».
Le livre à la couverture orange vif est né pour donner envie d’aller au-delà des idées préconçues. On rit, on pleure en le feuilletant, on voit Dubai avec d’autres yeux. La promesse est tenue.
Lepetitjournal.com/dubaï : La genèse du projet ?
Nous avions en commun le rejet de la représentation indigente de Dubai dans les médias, coincée entre les influenceurs et la presse à scandale. Ce filtre du super-bling aux mœurs controversées – qu’on pourrait aussi bien utiliser pour n’importe quelle ville du monde – passait à côté de l’essentiel. Il y a bien plus à découvrir ici pourvu que l’on soit un peu curieux. Parmi nos idées dormantes « au cimetière du tiroir », il y avait celle-ci de mettre en lumière une frange humaine passionnante et méconnue, et qui s’est trouvée ressuscitée pendant le confinement.
Quelques textes et prises de vues existaient déjà, mais les légendes des photos ne pouvaient pas se limiter à quelques lignes, et la richesse des profils était à peine effleurée. Leur substance : des parcours de vie si riches qu’ils sont bien difficiles à résumer !
Nous avons pris le temps d’accumuler de vraies rencontres.
Quelle est la vocation de cet ouvrage ?
Chaque grande ville a son livre mais ce type d’ouvrage n’existait pas pour Dubai. On trouve des récits plus personnels contant la naissance de Dubai certes, ou des livres de photos à vocation décorative relativement chers. Mais Dubai Is My Home ouvre au contraste et à la profondeur, c’est un beau livre qui se veut abordable, une porte qui offre plusieurs entrées vers la découverte de la ville et de ceux qui y vivent.
Nous le voyons comme « le » cadeau que l’on peut faire à sa famille, ses amis, collègues ou partenaires pour raconter Dubai autrement, à ceux qui partent, reviennent, découvrent ou arrivent. On peut le feuilleter, choisir un portrait, lire une citation….À l’image de Dubai, tous les continents sont représentés et toutes les confessions. Un joli moyen de s’ouvrir au monde !
Comment avez-vous sélectionné les profils représentés ?
Nous souhaitions montrer la richesse et la diversité, pas forcément l’exception. Certains avaient attiré notre attention dès le départ. Puis de manière organique, une personne en a amené une autre. Ces personnes, « ordinaires » au premier abord, révèlent – pour peu que l’on creuse – des trajectoires extraordinaires et sont le moteur social de la vie d’ici. Il s’agit pour beaucoup de personnes issues de la classe moyenne, ceux qui précisément ne sont jamais représentés : ni les plus riches, ni les plus pauvres, ni les plus célèbres ou les plus chanceux. Pourtant chacun unique et riche. Nous nous sommes laissées émouvoir par chaque entrevue, étonnées par la tournure de leurs histoires et surtout de leur histoire avec Dubai entre hauts et bas, séparations, moments tragiques et fins heureuses.
Lorsqu’on lit les récits nés de chaque interview, racontés à la première personne, il y a toujours un moment où l’on se reconnait. Cela a pu ou aurait pu vous arriver, vous vous identifiez à certaines émotions, peu importe d’où vient la personne qui se raconte… c’est ce qui nous lie tous ici.
Les photos d’Olivia (venant du photo journalisme ndlr) offrent une vision directe, sans fioriture, mais respectueuse et qui laisse transparaître la nature de chacun. Tous ont choisi un endroit porteur de sens pour eux, où ils ont demandé de se faire photographier, ce qui nous a appelé à intégrer des visuels de Dubai au-delà des portraits et à découvrir des endroits où nous n’étions jamais allées. Le livre transportera également ses lecteurs : chaque profil comporte un QR code permettant de se rendre là où le sujet nous a amenées.
Quelques exemples pour piquer notre curiosité ?
En parcourant Dubai Is My Home, vous rencontrerez Sydelle, danseuse étoile indienne, repérée sur la plage alors qu’elle faisait des photos avec ses pointes ! Si elle n’avait pas été dans une ville ouverte comme Dubai, elle aurait probablement suivi une voie « ingénierie » plus conventionnelle, poussée par sa famille.
Wakar, arrivé du Pakistan portant shalwar kameez (tenue traditionnelle) et sac de riz pour la journée comme beaucoup, a commencé par vider les camions. Sans doute plus débrouille que les autres – a vu croitre sa propre flotte de camions de livraison, jusqu’à 500 chauffeurs Careem, Deliveroo, etc. Il se sent responsable de ses employés, conscient du rôle qu’il joue pour sa communauté.
Evoquer un espace de liberté peut sembler controversé lorsque l’on parle de Dubai, mais Wakar se voit comme ayant ainsi échappé à la patriarchie écrasante de son pays (et encore c’est un homme !) où l’on est toujours flanqué « d’oncles » à qui on doit le respect et retour d’ascenseur.
Laurie, philippine sans enfants ni mari a tout de même neuf personnes à charge. Employée de maison à temps plein, elle a grimpé les échelons d’un système d’éducation financière aidant les expatriés philippins à ne pas perpétuer une dépendance transgénérationnelle. Elle a notamment aidé sa sœur à monter une entreprise.
Vous trouverez aussi au fil des pages Linda Krockenberger, cette jeune Allemande jockey coursant à dos de dromadaire, fascinée par le désert et qui a abandonné carrière et vie toute tracée pour vivre une vie rêvée et bien peu conventionnelle.
Nous avons aussi échangé avec bon nombre de représentants des communautés spirituelles et religieuses. Ils cohabitent et forment eux-mêmes une communauté où tout le monde s’enrichit des fêtes et coutumes des uns et des autres : les iftars de « church street » où se retrouvent orthodoxes, musulmans, catholiques et hindous ne sont pas une légende urbaine…
Qu’est ce qui rend ces histoires représentatives de Dubai ?
La passion, même lorsque c’est difficile. Personne n’est aveugle sur l’effort à fournir pour rester ici, mais c’est une terre de diversité et de tolérance qui fait naître un fort sentiment d’appartenance. La passion des Emiratis pour leur pays est touchante et communicative, il ne s’agit pas de nationalisme au sens péjoratif du terme. Ils rendent tout le monde patriote ! Cela a d’ailleurs donné naissance au titre du livre : lorsque nous leur posions la question « Où vous sentez vous chez vous ? », les gens répondaient immanquablement Dubai.
La notion d’ouverture est majeure. Le fait d’être à Dubai ouvre au monde, même pour les autochtones qui y sont plus exposés qu’au fin fond d’Umm Al Quwain, cela sans pour autant se sentir menacé. Les femmes émiratis (à qui nous avons présenté le projet) exprimaient un enthousiasme équitable entre la transmission de leur vraie nature, langue et traditions et une ouverture au monde à 360°. On peut être Emiratis parmi 90% d’expatriés et garder son style de vie, soutenu entre autres par une politique sociale gouvernementale offrant une certaine protection. Au même titre que l’on peut vivre ici depuis les années 1950, parler le sindhî, se marier et faire des enfants « sindhî », sans parler arabe et sans personne pour vous en faire le reproche, surtout celui de ne pas être intégré, et se considéré chez soi ici, pas en Inde.
L’expatriation est au centre du livre. La nature de l’immigration joue un rôle très important. Comment différencier un immigrant d’un expatrié sur plusieurs générations ? Qu’en est-il de ceux qui ont vécu sur 3 continents avant d’atterrir à Dubai ? Malgré les vicissitudes, beaucoup ont une meilleure vie ici, bien différente de celle qu’ils auraient eu chez eux. Ce qui est sûr, c’est qu’à Dubai il est possible de se faire une place en restant soi-même, tout en restant en phase avec son patrimoine culturel.
En parlant de trajectoires extraordinaires, laquelle souhaitez-vous pour Dubai Is My Home ?
La meilleure : celle de se faire une place chez tous ceux qui la découvrent, qui la traversent ou qui y plantent leurs racines, qui la quittent les larmes aux yeux, qui y reviennent, qui y retournent, à tous ceux qui en parlent avec passion, et aux curieux, aux amoureux, aux nostalgiques, aux rêveurs, aux sceptiques, aux critiques, au dubitatifs… Qu’il devienne une référence de tout ce que cette ville a à offrir, pourvu que l’on soit curieux !
Pour suivre l'actualité du livre
Venir rencontrer les auteurs au Emirates Literature Festival, le samedi 3 février à 11.00 am
Comment acheter le livre à Dubai :
le Ripe Market (sur le stand de Benoît-Joseph Art Store: @benoitjoseph_artstore)
au Mazmi café sur le creek (@mazmicafe)
Sur Amazon depuis l’Europe.
Sortie de la version arabe 1er trimestre 2024.
Best of 2024 : Rediffusion de l'article du 21 janvier 2024