Dans la perspective des prochaines élections législatives (à partir du 27 mai en ligne, 5 et 19 juin 2022 dans les urnes), lepetitjournal.com est allé à la rencontre des candidats dans chaque circonscription des Français de l’étranger.
Amelia Lakrafi, candidate à la 10ème circonscription en tant que LREM a répondu à nos questions.
Pourquoi avez-vous souhaité vous présenter aux prochaines élections législatives ?
Dès le début de mon mandat, au contact des Français de ma circonscription, j’ai constaté des besoins en matière sociale, en matière sanitaire, en matière de considération de la situation réelle de certains de nos compatriotes de l’étranger qui, si on veut bien s’éloigner du cliché, sont loin d’être tous nantis et privilégiés. J’ai eu à cœur de lancer très vite de nombreux chantiers pour répondre à ces difficultés et pour mieux valoriser l’apport de ces Français à notre rayonnement national. Je suis fière de certains accomplissements. Mais qu’on se le dise, le temps de la décision politique et de la mise en place de mesures demeure un temps long, pas toujours compatible avec l’urgence à agir, ni d’ailleurs avec ma propre impatience à régler tous les problèmes ! Je souhaite donc briguer un deuxième mandat pour aller au bout de mes engagements pour plus de solidarité et de lien avec nos compatriotes de l’étranger. Et je suis persuadée que cette ambition trouvera une résonance si les Français décident d’accorder une majorité au président de la République Emmanuel Macron.
Quel est votre rapport avec cette circonscription ?
La 10e circonscription des Français établis hors de France comporte 49 pays, ce n’est pas rien !
Je l’ai sillonné pendant ces cinq dernières années, soit seule, dans le cadre de l’activité normale de mon mandat de députée de la zone, soit aux côtés du président de la République, du Premier ministre ou de ministres, qui ont souhaité que je les y accompagne parce qu’ils connaissaient ma maîtrise tant du contexte local que de la vie des Français sur place. 86 déplacements en 5 ans dans 30 des pays de ma circonscription. Il n’y a pas un aspect de la vie des Français sur place que je méconnais. Les remarques de certains de mes concurrents laissant entendre que je ne connais rien au terrain me font gentiment sourire. J’en connais toutes les facettes et j’en suis très fière.
J’ajoute que je n’ai pas découvert les pays de ma circonscription lorsque j’ai été élue en 2017. J’ai monté plusieurs associations en Afrique (la première il y a 20 ans) et lorsque j’étais cheffe d’entreprise, mon activité était déjà essentiellement tournée sur le continent africain et le Moyen-Orient.
En quoi votre parcours est-il marqué par les préoccupations des Français de l'étranger ?
Je ne suis pas neutre en la matière, puisque je viens de passer cinq années, dans le cadre de mon mandat de députée, à répondre à ces préoccupations, soit individuellement, soit en défendant des réformes qui améliorent leur quotidien. Avec mon équipe, nous avons mis en place un système selon lequel nous répondons à toutes les sollicitations qui nous sont transmises par mail, appels téléphoniques ou courrier dans un délai de quelques jours. Nous avons dans ce cadre suivi plus de 2000 situations individuelles et sommes parvenus à résoudre beaucoup de difficultés concrètes, que ce soit dans des cas d’interruption du versement de pensions de retraite, de calculs erronés de l’impôt sur le revenu, d’ouverture de compte bancaire dans le cadre de la procédure de droit au compte et dans bien d’autres domaines. Nous avons écouté avec bienveillance, traité avec efficacité et avons toujours été transparents sur notre capacité à régler un problème ou non. On peut sans doute me faire des reproches mais pas celui de ne pas avoir été présente pour mes compatriotes en difficulté.
Comment voyez-vous le mandat de député ?
Je compte demeurer moi-même, comme je l’ai été durant mon premier mandat. Je veux continuer à être une députée de terrain, au contact, à l’écoute, accessible. Je ne suis pas faite pour rester H24 dans les sphères parisiennes et fréquenter les plateaux des chaînes d’information en continue. Ce n’est définitivement pas mon truc et je ne cherche pas la lumière. Par contre, maîtriser les dossiers qui me tiennent à cœur, qui sont le fruit de mon expérience de terrain, et les faire avancer dans l’ombre, c’est ce qui me sied le plus. Durant ce premier mandat, je n’ai pas cherché à me faire remarquer à l’Assemblée en prenant la parole sans arrêt dans l’hémicycle, mon objectif n’était pas de briller plus que mes collègues. J’ai en revanche souhaité m’impliquer sur des textes ayant un impact réel sur la vie de nos ressortissants à l’étranger tels que l’accord d’échange pour les permis de conduire au Qatar, l’accord de mobilité avec le Kenya qui doit solutionner le problème qu’ont les VIE pour s’y installer ou encore la récente réforme de l’AEFE qui donne un rôle accru aux parents dans les instances. Pour moi, l’important, c’est de faire du concret.
Quels sont, selon vous, les défis qui attendent les Français de votre circonscription ?
Les Français de ma circonscription n’ont pas des préoccupations homogènes. On ne peut pas comparer les besoins immédiats d’un Français qui vit à Dubaï, à Kribi, au Caire, à Cape Town, à Beyrouth ou à Doha. Cela ne veut pas dire qu’une attente vaut plus qu’une autre. Nous jugeons tous la situation dans laquelle nous nous trouvons, à l’aune du contexte dans lequel nous évoluons. C’est donc le défi de cette circonscription de 49 pays dans lesquels nos Français vivent des vies très différentes. Ce que je sais par contre, c’est que quelles que soient les situations, nos compatriotes demandent plus de considération. C’est ce que j’ai voulu leur apporter pendant 5 ans et c’est ce que je compte bien leur apporter pour 5 ans de plus.
Je veux tout de même évoquer la situation au Liban qui reste une préoccupation permanente, pour les Français qui y résident mais aussi pour le peuple libanais dans son ensemble. Tout au long de mon mandat, dès les prémices de la crise libanaise, je n’ai eu de cesse d'interpeller les autorités françaises et libanaises (lors de la venue du ministre libanais des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale) sur la situation intenable liée au blocage des comptes bancaires au Liban. C’est une situation qui me révolte. C’est la raison pour laquelle je mène, avec des experts, un travail de recueil des personnes prêtes à mener une action de groupe devant la justice sur cette privation du droit à disposer de son argent. C’est un processus qui sera long mais que je compte bien mener à terme.
Comment est organisée votre campagne et qui sont vos soutiens ?
Je suis la candidate investie par le parti de la majorité présidentielle, je m’appuie donc sur la structure de ce mouvement qui demeure très présent à l’étranger. J’ai retrouvé des soutiens de la première heure mais également de nouveaux venus. Ma campagne est à mon image : une campagne de terrain, au contact des gens.
Quels sont les axes de travail que vous souhaitez mener à bien si vous êtes élu ?
Mes axes de travail sont développés dans ma profession de foi et dans mes différents documents de campagne. Je veux tout d’abord demeurer une élue de terrain, je pense que vous l’avez compris. Je veux ensuite mettre la santé, la solidarité et l’humain au cœur de mes priorités pour répondre aux situations sociales les plus délicates. Je veux ensuite que les Français de l’étranger soient mieux intégrés dans le paysage institutionnel avec la création d’un ministère des Français de l’étranger de plein exercice et une action consulaire plus accessible. Je formule enfin des propositions pour répondre aux besoins concrets de nos compatriotes de l’étranger. Un exemple : je veux créer un dispositif d’accompagnement des jeunes de nos lycées français qui viennent faire leurs études en France et qui éprouvent d’importantes difficultés d’installation et d'acclimatation.
Je souhaite aussi faire plus pour nos entrepreneurs français installés à l’étranger qui sont des relais économiques essentiels pour la France et qui ont eu le sentiment d’être oubliés durant la crise de la Covid. Nous devons mettre en place un mécanisme de soutien pour eux en cas de difficultés financières. J’entamerai une véritable réflexion sur ce sujet avec le MEAE et Bercy. Il y a des choses qui ont été mises en place ces dernières années telles que la garantie proposée par Choose Africa Resilience mais il faudrait renégocier ce mécanisme pour en faciliter l’accès au plus grand nombre. De même, j’ai soutenu la création du dispositif qui permet aux EFE (entrepreneurs de l’étranger) de bénéficier de VIE mais on peut sans doute encore améliorer cet instrument. Je souhaite aussi que nous soyons en mesure d’apporter un soutien substantiel aux CCI françaises à l’étranger, qui sont partout de véritables vitrines de la France et de puissants relais d’influence économique, ainsi qu’aux clubs d’affaires. Je suis d’ailleurs heureuse d’avoir pu mettre en place un tout nouveau cercle des clubs d’affaires français à l’international qui permet déjà à certains de ces clubs d’échanger et de se soutenir. Il nous faut absolument mieux soutenir ces agents économiques qui sont sur le terrain et qui sont les vrais acteurs du rayonnement économique de notre pays. Enfin, je souhaite continuer de plaider pour que les grands groupes français bénéficiaires de marchés pour des projets dans le cadre de l’aide publique au développement notamment contractualisent prioritairement avec les entreprises ou filiales françaises déjà présentes dans les pays concernés par ces projets.