L’âme du célèbre blog culinaire « les gourmandises de Karelle » c’est elle : Karelle Vignon-Vullierme, espiègle épicurienne née et grandie en France, pays gastronomique par excellence. Pourtant, loin du déterminisme de la naissance, c’est l’amour qui lui a fait embrasser la cuisine. L’amour qui l’a amenée au Sénégal. Dans ce monde de froids calculs et d’isolationnisme, son cœur, candeur, spontanéité et générosité font d’elle une personne rare. Entretien avec une jeune femme irradiée par l’amour de la vie, une jeune femme qui affirme avec assurance que « Bien manger rend heureux ! ». Nous la croyons.
Cuisiner c’est partager. C’est s’ouvrir. Cuisiner c’est surtout aimer
Lepetitjournal.com / Dakar : Pouvez-vous vous présenter ?
Karelle Vignon-Vullierme : Je suis Mme Karelle Vignon-Vullierme, 31 ans, journaliste de formation, blogueuse et créatrice de contenu culinaire.
Depuis combien de temps vivez-vous au Sénégal ?
Depuis le mois d’août 2012, le Sénégal m’a ouvert ses bras ! Nous vivons à Dakar, la capitale, avec mon mari.
Vous êtes connue pour votre blog qui traite de cuisine. Comment en êtes-vous venue à cette activité ?
La création de ce blog de cuisine est une vraie surprise et s’est faite sur un coup de tête. Lorsque je préparais mes plats, je les prenais en photos et les postais sur les réseaux sociaux. Beaucoup de mes amis me demandaient les recettes donc je leur envoyais par mail. Plus le temps passait, plus je recevais des demandes. Je me suis dis que le plus simple serait de créer une plateforme sur Internet accessible partout et par tous. Internet n’a pas de limite et mes contacts au Bénin ou en France, pouvaient avoir accès au même contenu que mes contacts au Canada ou ailleurs. En décembre 2013 j’ai acheté le nom de domaine lesgourmandisesdekarelle et c’est en janvier 2014 que l’aventure LGDK a commencé. Depuis lors, Les Gourmandises de Karelle c’est au moins une nouvelle recette publiée chaque semaine sur le blog et les réseaux sociaux.
Êtes-vous, vous-même, une gourmande ?
Je suis la plus grande gourmande que vous pouvez rencontrer ! Pour être honnête, je n’ai jamais appris à faire à manger mais j’ai toujours aimé manger. C’est avec le temps que j’ai appris à cuisiner pour les autres et pour moi-même.
Petite, avec des dinettes etc, aimiez vous faire semblant de cuisiner ?
Pas du tout. J’ai toujours été hyperactive et tout ce que je voulais à l’époque, c’était sortir pour jouer avec mes amies !
Paul Gauguin disait : « Cuisiner suppose une tête légère, un esprit généreux et un cœur large. » Je partage totalement ces dires
C’est donc l’amour qui vous a poussée vers la cuisine ?
Lorsque j’ai rencontré mon mari, je ne savais préparer que quelques plats (et on peut les compter sur les doigts d’une main !) Mon mari étant un grand gourmand et fils d’une excellente cuisinière, j’avais un défi à relever. Jour après jour, grâce à Internet, j’ai appris à réaliser des recettes pour lui et me faisait plaisir. En y réfléchissant, c’est l’amour de mon mari qui a révélé ma passion pour la cuisine.
Considérez-vous le fait de faire la cuisine pour soi-même et autrui comme un don de soi en somme ? Cela nécessite donc un état d’esprit, une certaine générosité ? En un mot, avoir du cœur ?
Cuisiner c’est partager. C’est s’ouvrir. Cuisiner c’est surtout aimer. Paul Gauguin disait : « Cuisiner suppose une tête légère, un esprit généreux et un cœur large. » Je partage totalement ces dires !
Faire la cuisine découle donc d’un désir de partage ?
Faire la cuisine découle effectivement d’un désir de partage. De même qu’immortaliser les recettes en photos et en vidéos en les publiant sur un blog afin qu’elles soient utilisées par des internautes eux-mêmes gourmands.
Mon entourage pourra vous le confirmer, je mords la vie à pleines dents !
On associe souvent gourmandise avec appétence pour la vie, êtes vous de cet avis ?
Parfaitement. J’essaie de vivre chaque moment de ma vie avec le plus d’intensité et de pensées positives possible. Mon entourage pourra vous le confirmer, je mords la vie à pleines dents !
La cuisine peut-elle être considérée comme une thérapie à même de raviver le goût de vivre chez les personnes dépressives par exemple ?
La cuisine à deux faces. Je pense que la personnalité joue un rôle très important dans ce domaine. Etre minutieux, rigoureux et attentif sont, d’après moi, des qualités à avoir. Je ne suis pas experte dans ce domaine mais je pense effectivement qu’atteindre un but, réaliser une recette du début à la fin avec minutie, peut être considéré comme une thérapie et raviver le goût de vivre chez les personnes dépressives. Bien manger rend heureux !
Comment se passe l’une de vos journées types ?
Mes journées se ressemblent rarement pour ne pas dire jamais. Elles sont rythmées par la création de contenu culinaire en photos ou en vidéos, la rédaction d’articles de blog, la découverte de nouveaux restaurants, produits, services ou marques, la réalisation de recettes et d’astuces de cuisine par sms. Je réponds également aux mails envoyés et je vais à mes différents rendez-vous. En tant qu’entrepreneure, j’aimerais parfois que mes journées durent plus que 24h !
À ce rythme là, la cuisine demeure-t-elle encore un plaisir ou s’est elle muée en corvée ?
Il est vrai que je dois répondre aux commandes de mes clients mais à ce jour, c’est toujours un plaisir de réaliser et réussir une recette.
Justement, pour vos recettes, avez-vous des produits fétiches introuvables au Sénégal ? Si oui, quels sont-ils ? Les rapportez vous de l’étranger ?
Je fais mon maximum pour que mes recettes soient réalisables par un grand nombre de personnes. En ce sens, j’évite d’utiliser des ingrédients qui sont inaccessibles ou trop chers. A l’exception de certains ingrédients, j’utilise des produits locaux et issus d’une agriculture locale.
Comme je vous l’ai dit, je suis une grande fan de pâtisserie et j’ADORE les desserts de type cheesecake, tiramisu. Pour éviter de me ruiner à Dakar, lorsque je voyage, je fais mes stocks de Cream Cheese et de mascarpone !
Ouvrir un restaurant ?
J’y pense tous les jours mais ce n’est pas mon objectif à court et moyen terme. Lorsque nous aurons atteint notre objectif, nous pourrons y songer plus sérieusement.
Un service traiteur ?
Nous avons cette demande au quotidien, tout comme la réalisation d’ateliers culinaires, mais la logistique demandée est très importante. Aujourd’hui, nous voulons nous imposer dans le domaine du digital avant de passer à un autre secteur.
Seul le travail et la motivation payent et je souhaite que demain, le blog Les Gourmandises de Karelle soit le blog de référence en Afrique francophone
En tant que gastronome, que pensez vous du fameux thiebou diene : le riz au poisson à la sénégalaise ?
Le thiebou diene est le plat national sénégalais. C’est LE repas par excellence et il est plus que complet. Des protéines, des légumes, des féculents etc. Préparé comme dans les années 80, il est excellent mais malheureusement aujourd’hui, cette recette est de plus en plus noyée dans l’huile et dans les bouillons culinaires.
Quels changements y apporteriez-vous ?
Je n’ai pas la prétention de modifier ce plat car il est déjà pensé pour apporter toutes les valeurs nutritives à son consommateur. Je demanderais simplement à quelques cuisinières de lever la main sur l’huile, le sel et le cube d’assaisonnement.
Comment envisagez vous le futur de votre blog ?
Le blog occupe déjà une place à laquelle je n’avais même pas pensé ! J’ai été élue blog de l’année au Sénégal, blogueuse de l’année au Sénégal et Influenceur food d’Afrique francophone alors qu’il y a encore 5 ans, je ne savais pas préparer un repas. Seul le travail et la motivation payent et je souhaite que demain, le blog « Les Gourmandises de Karelle » soit le blog de référence en Afrique francophone.
Enfin, pour vous, quelle serait la meilleure définition de l’acte de faire la cuisine ?
Le plus important dans la cuisine, c’est le partage. Partager des moments avec des personnes que l’on apprécie. Pour moi, les discussions autour d’un plat ont plus d’impact que les réunions dans un bureau !