Les Sénégalais ont leur dibiterie, leur essencerie? Les Camerounais vous offrent carterie (lieu de fabrication et impression des cartes postales ou cartes à jour) sur un plateau doré de la francophonie. Qui osera dire que le français n'appartient pas aux africains ?
Certes, en tant que langue étrangère parmi d'autres, elle ne peut en aucun cas jouer le rôle d'une langue africaine mais, elle se colore, s'enrichit au contact des réalités du continent. Comme le montre de manière imaginé et ironique le journaliste sénégalais, Tidiane Sy, les élites l'ont adopté, les masses l'ont dompté, apprivoisé et tout simplement domestiqué.
En effet, le français d'Afrique qu'il soit source d'interférences phoniques ou de confusions phonologiques provoqués par la différence des systèmes en présence, a une possibilité de création extraordinaire de nouvelles unités lexicales en vertus des règles de production incluse dans le système de la langue qui s'enrichit par ce procédé. Avec les emprunts aux langues africaines, la néologie est le phénomène qui contribue le plus à donner au français sa couleur originale.
Né du contact entre les langues et les réalités sociales, le « français africain » (qui diffère selon les pays), est une réalité linguistique reconnue par les précurseurs de la littérature négro-française à l'instar du poète-président, Léopold Sédar Senghor lors de la 8e biennale de la langue française qui s'est tenue à Jersey au mois de janvier 1980.
Marame Coumba Seck (www.lepetitjournal.com/dakar) vendredi 25 août 2017