Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

EDUCATION - En Allemagne, un système scolaire qui fait aussi débat

Écrit par Lepetitjournal Cologne
Publié le 25 mars 2013, mis à jour le 2 novembre 2014

 

En France, la réforme de l'éducation promise par le gouvernement et les éternels débats sur les rythmes scolaires nous ont amenés à nous interroger sur ce qu'il en était outre-Rhin. L'Allemagne propose en effet aux écoliers une formation complètement différente que celle que connaissent les petits Français.

S'orienter très tôt?
En Allemagne, point de collège unique ! Régulièrement critiqué dans l'Hexagone, le système du collège unique n'a pas touché nos voisins allemands, loin de là... Tout commence à six ans, avec la Grundschule, qui dure quatre ans (l'équivalent de notre primaire). Auparavant, le Kindergarten n'est pas obligatoire, et moins répandu qu'en France faute de places et de moyens. La Grundschule est commune, mais dès dix ans, les écoliers allemands sont dirigés vers des formations différentes, selon leurs résultats, et après une concertation entre les parents, les professeurs, les établissements concernés et l'élève. Ils peuvent choisir (principalement) entre la Hauptschule, où sont donnés surtout des cours pratiques, et qui doit préparer à l'apprentissage (formation professionnelle en alternance) ? en réalité, les choix d'orientation et les intérêts de l'enfant importent moins que ses notes : la plupart des mauvais élèves y sont envoyés. Deuxième option : la Realschule, où est dispensée une formation plus générale, censée mener à une formation professionnelle dans les écoles supérieures de technologie (Fachhoschule) ? les meilleurs élèves auront aussi le choix de redoubler une classe en Gymnasium pour pouvoir obtenir le baccalauréat allemand. Enfin, les meilleurs élèves sont généralement orientés vers le Gymnasium, pendant lequel ils préparent en huit ou neuf ans l'Abitur (bac allemand), qui leur permet ensuite de postuler dans les universités. Par ailleurs, il se développe aujourd'hui des Gesamtschule, qui permettent de reculer l'âge de l'orientation en rassemblant les trois filières dans un seul établissement. Environ 20% des élèves fréquentent une Hauptschule, 25% une Realschule, et presque 40% un Gymnasium (le reste des élèves fréquentent des écoles privées ou des Gesamtschule).

Des élèves plus épanouis ?
Ce système éducatif où l'orientation des élèves a lieu particulièrement tôt peut paraître surprenant. Pourtant, le système allemand repose sur la volonté de dispenser non seulement des savoirs théoriques, mais aussi et surtout de permettre un épanouissement personnel et un apprentissage de l'autonomie chez les écoliers. D'où par exemple un rythme scolaire différent : les petits Allemands ont moins de vacances que les Français, mais leurs journées d'études sont moins longues. Les écoliers peuvent profiter de ces longues après-midis pour faire du sport ou des activités extrascolaires. Le problème est bien sûr que des centres doivent organiser des activités pour les enfants ? mais cela étant trop coûteux et les places trop peu nombreuses, le gouvernement a lancé ces dernières années une réforme visant à ouvrir les écoles plus longtemps pour permettre de garder les enfants à l'école. Cela devrait aider à pallier le problème d'une natalité affaiblie en Allemagne, où très souvent, les mères doivent rester à la maison pour s'occuper de leurs enfants. Malheureusement, certains regrettent que cela se fasse au détriment de la qualité de ces activités.

Et pourtant, des résultats positifs
Chez les Allemands, l'orientation se fait donc particulièrement tôt, et ce parfois au détriment des élèves qui, à dix ans, n'ont pas de goût pour l'école, et qui peuvent en pâtir pendant toute leur formation, puisqu'il est difficile d'obtenir l'Abitur et donc d'aller à l'université sans être allé au Gymnasium. Ce système nous frappe d'autant plus qu'il semble refuser de donner une chance aux élèves les moins bons, et considérer comme déterminant le niveau d'un élève de dix ans. Il va par ailleurs à l'encontre de toutes les préconisations de l'OCDE, qui voit dans un socle commun le moyen d'améliorer les résultats des élèves et de favoriser l'égalité des chances. Mais ce que refusent les Allemands, comme nous le dit Rita, institutrice dans une Grundschule de Cologne, c'est de défavoriser les meilleurs en mélangeant les niveaux, sous le prétexte de ne pas voir les différences : « et les bons élèves ? Soit ils sont mélangés avec les mauvais, ce qui les empêche de bien travailler, soit ils vont dans des écoles privées, qui ne sont accessibles qu'aux plus riches ».
Il faut toutefois remarquer que si l'Allemagne ne fait pas partie des premières places dans la comparaison de Pisa (Programm for international student assesment), organisme chargé d'évaluer les systèmes scolaires des pays de l'OCDE, elle a su pourtant progresser depuis le début des années 2000 : le niveau général a augmenté et la reproduction sociale a diminué (notamment pour les enfants ayant des origines étrangères). Aujourd'hui et presque dans tous les domaines, les élèves allemands ont plus de connaissances que les élèves français? De quoi alimenter nos questions sur notre système et ce que l'on voudra en faire dans les prochaines réformes.

Caroline Dabard (www.lepetitjournal.com/cologne) Lundi 25 mars 2013

logofbcologne
Publié le 25 mars 2013, mis à jour le 2 novembre 2014

Flash infos