Arnaud Sauret est directeur Allemagne pour Decathlon, il nous parle de la grande phase d'expansion qui débute pour la marque française outre Rhin mais aussi de son parcours et de challenges auxquels font face les grandes entreprises françaises à l’étranger.


Un parcours franco-allemand…
53 ans, né en Allemagne près de Stuttgart, dans le Schwabenland. Il y reste les cinq premières années de sa vie puis y retourne pendant les vacances d’été à l’adolescence, un peu malgré lui, sous l’impulsion de ses parents. Ce qui apparaissait comme une punition à l’époque lui sert aujourd’hui énormément. De retour dans cette région à la cinquantaine, il nous confie se sentir chez lui dans cette belle région.
Après des études en école de commerce, il est « tombé dans la marmite Decathlon » avec son premier stage nous dit-il avec un grand sourire. « J’étais et suis encore très entrepreneur dans l’âme. À l'époque, je ne voulais pas rester chez Decathlon. Je pense que j'aurais certainement monté ma boite si je n’avais trouvé ce qui me correspondait chez Decathlon. »
L’Allemagne est l’un des plus gros marchés pour Decathlon, mais c’est aussi un marché difficile, très compétitif. « Nous n’avons aujourd’hui que 5% de part de marché. On n’a pas encore performé : l’avenir est devant nous ! Aujourd'hui ce que l’on veut c’est faire de Decathlon une entreprise allemande. »
Ce projet, c'est lui qui l’incarne. Que ce soit lors de son enfance, ou avec sa femme, allemande et ses enfants, il a toujours baigné dans ces deux cultures. S’il n’a pas la nationalité allemande, il se sent pour autant tout à fait chez lui en Allemagne et n’hésite pas à appeler le Schwabenland son Heimat.
Après son stage, on lui propose de partir dans les tous premiers magasins Decathlon allemands. « Il y avait seulement deux magasins en allemagne, on essuyait les plâtres de l’internationalisation. »
La question est comment adapter son business model et sa culture d’entreprise pour devenir utile.
… et 100% a fond la forme
En véritable passionné, il est passé par beaucoup de métiers chez le géant bleu. Retail, supply chain ou encore la conception de produit, son grand rêve.
Puis le groupe lui propose de partir en Russie, et quelques années plus tard en Malaisie. « On a vécu des choses extraordinaires. Dans ces deux pays. Imaginez un chasseur alpin dans les tropiques » ajoute-t-il avec un regard rieur.
« Ma femme et moi avions des fourmis dans les jambes et comme Decathlon m’a fait un appel du pied pour l’Allemagne… »
Le pari allemand de Decathlon
Arnaud Sauret se retrouve aujourd’hui à la tête d’un projet ambitieux : le grand projet de développement de Decathlon en Allemagne. « Nous allons passer de 100 à 150 magasins et de 6000 à 10000 employés en quatre ans. C’est une aventure humaine et commerciale absolument incroyable. Peu d’entreprises peuvent se targuer de faire ce genre de projet. »
Si le développement commercial s’accélère donc fortement, l’influence de l’Allemagne sur le développement des produits et services de la marque s’est déjà renforcée depuis plusieurs années.
Certains produits sont aujourd’hui sur le marché global grâce à l’Allemagne : les vélos cargo ou les vélos électriques, par exemple. « On n’imagine pas un moment que nos équipes ne développent un vélo sans qu’on le teste en Allemagne. Même chose pour le paddle tennis en Espagne » nous confie Arnaud Sauret.
Outre le développement de produit, l’influence de l’Allemagne dans la stratégie de Decathlon se traduit aussi par des rachats (comme celui de Berg Freunde, spécialiste du grand outdoor en Allemagne) ou investissements dans des entreprises tierces. Decathlon a ainsi pris des parts au capital de Rebike, spécialiste de la revente de vélos de seconde main. Ces investissements en Allemagne ont une influence sur le groupe nous explique Arnaud Sauret. « Cet aspect Seconde main était nécessaire pour réussir en Allemagne. On se fait donc accompagner par cette start up dont c’est le métier. On peut maintenant avoir accès à 250 marques de vélo à des prix incroyables. »
Avoir les pièces pour ces 250 marques, et être capable de remettre en circulation autant de vélos différents, cela demande bien sûr plus de logistique. D’où la nécessité de se faire accompagner.
Repenser l'emploi et la mobilité : les défis RH et sociétaux
Rendre le sport accessible au plus grand nombre est le credo de Decathlon. À côté de cela Arnaud Sauret nous explique qu’il a lui trois KPI repères : People pour la satisfaction de ses équipes et des clients, Planet pour la réduction de l’empreinte carbone et Profit pour le succès de l’entreprise.
Embaucher 4000 personnes alors que la valeur de l’emploi a changé, cela oblige la direction de Decathlon à rester moderne dans sa politique de ressources humaines et à être bien connecté avec les réseaux et institutions publiques.
« Le monde des entreprises a aussi un rôle à jouer dans les décisions politiques et sociétales. J’ai rencontré le ministre-président de NRW et nous avons évoqué la question de l’emploi. Je lui ai expliqué par exemple que nous cherchons à employer des mécaniciens vélo, mais qu’il est difficile d’en trouver car il n’existe pas de véritable formation à ce métier.
L’Allemagne vit une transformation de son industrie avec les difficultés que vit le secteur automobile actuellement. Peut être notre rôle est d’engager une part des azubi qui se destinaient à l’automobile. »
Nous avons aussi parlé de la mobilité douce. Il est important pour nous de comprendre les infrastructures dans nos régions d’implantations. Une part de notre impact carbone vient du fait que nos clients viennent dans nos magasins en voiture.
Notre rôle c’est de redonner aux gens de faire du sport et de rendre le sport accessible, et cela passe aussi par des magasins accessibles par piste cyclable.
Pour recevoir gratuitement notre newsletter du lundi au vendredi, inscrivez-vous !
Pour nous suivre sur Facebook, Twitter, LinkedIn et Instagram.
Sur le même sujet









