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Pierre Gérardin : « Partir ou rester ? Une question qui nous taraude »

Pierre Gérardin, metteur en scènePierre Gérardin, metteur en scène
© Pierre Gérardin
Écrit par Armand Pasquier
Publié le 27 juin 2019, mis à jour le 10 juillet 2019

Pour ses 10 ans, la troupe de théâtre franco-allemande « Projets et Projecteurs » interprétera à Cologne sa nouvelle pièce « Kölle, mon amour ». Entretien avec son metteur en scène Pierre Gérardin.

Installé à Cologne depuis 9 ans et demi, Pierre Gérardin, originaire de Lorraine, est le metteur en scène de la troupe de théâtre franco-allemande « Projets et Projecteurs ». Pour ses 10 ans, la troupe interprétera à Cologne sa nouvelle pièce « Kölle, mon amour » avec pour leitmotiv la question de partir ou rester que se posent de nombreux expatriés. Pierre Gérardin répond à nos questions dans une interview.


Lepetitjournal.com/cologne : vous travaillez dans le domaine des assurances à Cologne et êtes parallèlement metteur en scène de la troupe amateur « Projets et Projecteurs ». Comment est née votre passion pour le théâtre ?

En fait, j’ai voulu faire du théâtre il y a déjà plusieurs années tout simplement après avoir vu une pièce d’impro à Strasbourg où j’ai étudié. C’était le déclic ! Et pour mieux m’improviser comédien, j’ai participé à des cours du soir à la Theaterakademie quand je me suis installé à Cologne. 


A quel moment êtes-vous devenu metteur en scène ?

J’ai d’abord intégré la troupe amateur « Projets et Projecteurs » il y a 7 ans à Cologne. Je jouais aux côtés des autres acteurs, puis j’ai repris la troupe il y a 5 ans.

 

Troupe Projet et Projecteurs
"Projets et Projecteurs" sur scène

 


Comment est née la troupe et pourquoi jouez-vous aussi bien en allemand qu’en français dans une même pièce ?

Le groupe « Projets et Projecteurs » a été créé en 2009 par Yasmine Salimi, franco-iranienne, et rassemble des comédiens français et allemands. C’était à la base une troupe universitaire mais aujourd’hui elle ne s’adresse pas seulement aux étudiants, elle est ouverte à tous, que ce soit au niveau du public que des acteurs. Nous jouons nos pièces en français et en allemand en même temps, c’est un véritable projet franco-allemand ! Les deux langues se mêlent tout au long de la pièce, une tirade est ainsi dite en français et sa réplique en allemand ou inversement. Notre public est composé de Français et d’Allemands voire d’internationaux qui en général sont capables de comprendre les deux langues.


Ecrivez-vous seul vos pièces ?

Nous écrivons les pièces tous ensemble et je me charge seul de la mise en scène. Nous nous répartissons également le travail de communication. Quant au décor celui-ci est assez minimaliste dans nos pièces en général et ne demande pas beaucoup de préparation.


Y a-t-il parfois des problèmes de compréhension entre les acteurs lors des répétitions ? Dans quelle langue communiquez-vous entre vous ?

Au sein de la troupe, les comédiens allemands actuels parlent très bien français alors nous échangeons essentiellement en français. Les acteurs français en revanche ont parfois plus de mal en allemand.


Dans votre dernière pièce « Kölle, mon amour », Thomas, un Français installé depuis longtemps à Cologne, reçoit une offre de travail attrayante en France. Il décide alors d’en parler à ses amis français et allemands francophiles qui se posent tous la même question « Partir ou rester ? » Votre expérience personnelle en tant que Français expatrié vous a-t-elle amené à choisir le thème de la pièce ?

L’idée est venue en effet de part mon observation et mon expérience d’expatrié mais aussi celle de mes camarades français. Nous nous sommes tous posé la question de partir ou de rester à un moment donné. « Kölle, mon amour » traite de la question de retour, c’est aussi une belle déclaration d’amour à la ville de Cologne (Kölle en dialecte régional, ndlr) sous la forme d’une pièce de théâtre dans laquelle nous chantons en français et en allemand. Même si nous chérissons notre ville d’adoption, nous y sentons bien, y avons nos repères, nos amis, nos habitudes…, nous restons français malgré tout et plusieurs événements peuvent nous amener à remettre en question nos choix géographiques de résidence.


Les expatriés amenés à se poser la question de partir ou rester sont-ils selon vous confrontés à un problème d’intégration ?

C’est une question intéressante, mais je ne pense pas que ce soit un problème d’intégration. Nous sommes tous très bien intégrés ici en Allemagne tout en restant français. Nous présentons dans la pièce tous les cas de figure qui se présentent à ceux qui se posent plus ou moins la question existentielle de partir ou de rester. La décision de rentrer peut être liée à la famille restée en France, les amis, la santé mais aussi une opportunité professionnelle, etc. Cela peut être vécu comme un vrai déchirement après des années passées en Allemagne.


Vous jouez « Kölle, mon amour » les 5, 6, 8 et 9 juillet à Cologne, y aura-t-il d’autres représentations en Allemagne voire en France ?

Pour l’instant, nous ne jouons qu’à Cologne. Nous avons déjà reçu des invitations pour jouer en France mais c’est assez difficile de mettre cela sur pied. La troupe est composée de comédiens amateurs, chacun a ses propres activités professionnelles. C’est compliqué de réunir tout le monde en même temps, de plus il faut prendre en compte toute la communication qu’il y a derrière. Nous serons déjà très heureux si le public vient nombreux à Cologne se rafraîchir dans la salle de la Studiobühne en cette période de canicule (Rires).

ARMAND PASQUIER
Publié le 27 juin 2019, mis à jour le 10 juillet 2019

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