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ISCH LIEBEU DICHE - Judith et Harold, un voyage en Amérique du Sud en perspective

Écrit par Lepetitjournal Cologne
Publié le 27 juin 2016, mis à jour le 26 juillet 2016

Judith et Harold se sont rencontrés il y a trois ans, alors qu'ils étaient tous les deux aux États-Unis, à Boston. Elle est allemande, lui est français. Après avoir vécu ensemble dans plusieurs pays, des États-Unis à la France en passant par l'Irlande, ils vivent désormais à Cologne. Une ville dans laquelle ils se sentent bien, à Aachener Weiher notamment. 

Lepetitjournal.com/cologne : Quand et comment avez-vous rencontré votre partenaire ?

Judith C’était à Boston en 2012, pendant nos études. On était dans la même classe et avons vécu dans la même résidence universitaire. Harold vivait exactement un étage en dessous de chez moi. 
Harold : Nous étions dans la même classe et habitions dans la même résidence universitaire. Plus qu’une vraie rencontre, je pense que Judith m’a remarqué pour la première fois lors de notre première journée académique, durant laquelle je fus la risée de notre classe. Avant d’emménager à Boston, j’habitais dans un petit hôtel de banlieue en attendant que mon appartement se libère. Le jour où nous devions nous présenter à l’université afin de suivre un séminaire d’introduction aux cours, il y eu des problèmes techniques sur ma ligne de métro. Je suis arrivé essoufflé, en nage et surtout avec 1 heure 30 de retard à mon premier cours, et j’ai dû me présenter ainsi devant toute la promo. Au moment où j’ai regagné ma chaise, plutôt honteux, je l’ai remarquée. Par la suite nous avons eu l’occasion de nous revoir et de parler à plusieurs reprises.

Dans votre vie quotidienne, vos différences culturelles se remarquent-elles et posent-elles parfois problème ?

Judith : Nous remarquons chaque jour de nouvelles différences. Il n’y a jamais de vrais problèmes, mais des différences ou des manières de voir différentes et qui ont souvent mené à des discussions. Rien n’a jamais empêché le dialogue en tout cas. 
Harold : Bien sûr, nous avons nos différences et ces dernières peuvent parfois être stéréotypées : Judith est l’organisatrice du couple tandis que je suis plus enclin à l’élément de surprise. Judith est très active et toutes ses journées sont des successions d’activités. Peut-être que cela n’est pas une différence culturelle et est juste dû à mon côté paresseux, mais j’aime prendre mon temps et flâner lors de mon temps libre. J’ai tendance à penser que ces traits de caractère sont inhérents à la culture. Je trouve les Allemands de manière générale bien plus actifs que les Français. 

Qu’est-ce qui vous a séduit le plus dans la culture de votre partenaire ?

JudithÀ travers Harold, j’ai découvert de nouveaux points-de-vue, de nouvelles perspectives. Ce que je remarque toujours, particulièrement quand nous sommes en France, c’est que les Français ont un autre rythme de vie, une autre joie de vivre. Il est difficile de sortir Harold de son calme et il apprécie chaque minute. La famille, la joie, le sang-froid, la tranquillité sont primordiaux pour les Français. Harold m’aide souvent à oublier mon stress et à être plus calme. Sa chaleur humaine le caractérise aussi et il m’apporte la sécurité. En plus de ça, il n’y a rien que je ne puisse pas lui dire. 
Harold : L’ouverture des Allemands, leur capacité à accueillir à bras ouverts, leurs villes qui fourmillent d’activités et où il fait bon vivre… Au sein de ces dernières, on retrouve une culture associative très développée.
Depuis que je vis en Allemagne, j’ai toujours éprouvé un sentiment de sécurité lorsqu’il m’est arrivé de me promener seul la nuit. Le goût des belles choses est très développé chez les Allemands, tout comme leur sens des responsabilités couplé à une certaine solidarité. Les Allemands ne sont pas enclins à créer des polémiques, ils peuvent avoir la critique facile, mais généralement constructive. J’apprécie de plus en plus la cuisine allemande, qui même assez (très) lourde reste raffinée.

Et le moins ?

JudithLes caractéristiques que j’ai décrites plus haut, je les aime beaucoup, mais au début de  la relation, elles m’ont aussi rendue folle. Je ne comprenais pas, comment on pouvait être aussi convivial et se laisser vivre. J’aime bien organiser et prendre les choses en main. Ce n’était pas le cas d’Harold. Mais nous avons trouvé un moyen de fonctionner entre les deux.
Harold : Le laisser-faire latin, le non-respect des conventions, le côté hors-norme et la folie me manquent parfois chez ces derniers.

Avez-vous rencontré des problèmes d’acceptation ou de compréhension de votre couple mixte dans votre entourage ?

Judith : Jusqu’à présent, nous n’avons pas rencontré de problème dans notre entourage. Que ce soit ma famille ou mes amis n’ont aucun problème avec notre relation franco-allemande, bien au contraire ! Au début je me faisais plus de soucis sur le fait qu’Harold ne soit pas uniquement amis avec "mes" amis ou "ma" famille, mais il arrive à se construire son cercle d’amis et à trouver de vrais amis en Allemagne. C’est pour ça que la première année était quelque peu difficile. Au début, il était plus timide, mais moi aussi en fait. Je suis fière de lui.
Harold : Que ce soit en France ou en Allemagne, avons toujours été acceptés en tant que couple et les gens sont toujours charmés par Judith qui est extrêmement sociale et qui brille en société, même si elle n’en parle pas la langue !

Votre prochain projet à deux ?

Judith : Notre prochain projet à deux est un super voyage en dehors de l’Europe. L’année dernière, nous avons visité la Thaïlande et fait un road trip. Cette année, nous n’arriverons pas à faire de voyage, mais pour la mi-2017, l’Amérique du Sud fait partie de nos plans. L’envie de découvrir le monde ensemble nous fait vraiment envie. 
Harold : Notre prochain projet commun est de repartir en terre inconnue, loin… Nous n’avons pas encore d’idée fixe, mais l’Amérique latine nous attire beaucoup. 

Votre dernier fou-rire ?

Judith : Il y en a régulièrement ! Souvent après le travail. Ou alors quand il y a des odeurs un peu bizarres aussi (sourire). 
Harold : La dernière fois que nous étions en terrasse, un conducteur avec sa magnifique voiture de sport allemande, qui était très "flashy" et faisait énormément de bruit, a voulu se garer devant nous. Dix minutes, de nombreux essais infructueux, et un tramway bloqué plus tard, il a laissé le volant à sa compagne qui s’est garé d’un créneau "d’école", du premier coup. Le comique de situation était vraiment hilarant.

Son plus beau cadeau ?

Judith : Les plus beaux cadeaux sont les plus inattendus, par exemple quand il me rapporte des fleurs. Mais le plus beau cadeau, c’est qu’il soit tout simplement là et qu’il m’aime. 
Harold : Nous ne sommes pas matérialistes donc je dirais la patience que l’on a et que l’on a eue l’un pour l’autre. Être dans un couple franco-allemand, c’est savoir que la famille de ton ami(e) ne te comprend pas toujours, c’est vivre des situations où l’on ne prend que très peu part aux conversations, où l’on doit développer ses compétences linguistiques, lentement, fastueusement… Où les réactions naturelles et spontanées ne sont pas une évidence de prime abord, où l’on doit s’adapter. Ceci est bien entendu valable pour les deux parties du couple en fonction du contexte. C’est vraiment plus d’investissement que dans un couple traditionnel et cela demande effort, patience et compréhension.

Votre lieu préféré à Cologne ?

Judith : Notre appartement le samedi matin, particulièrement quand nous pouvons faire la grasse matinée. 
Harold : Je dirais Aachener Weiher. Nous allons régulièrement nous y promener, y faire du sport, s’y allonger dans l’herbe. C’est l’unique lieu où nous allons de manière vraiment régulière depuis que nous avons emménagé ensemble à Cologne. J’ai toujours de belles images de ce parc en tête.

Quel serait le symbole de votre relation et pourquoi ?

Judith : Il y a quelques temps, nous discutions avec Harold de l’animal que nous voudrions être. Il aime les hiboux et moi les aigles. Donc je dirais que le symbole serait un mélange des deux. 
Harold : Le changement de langue : lorsque nous nous sommes rencontrés, nous n’avons tout d’abord parlé qu’anglais entre nous. Cela a duré plus d’un an et demi. Nous avons vécu ensemble aux USA, en Irlande, en France, en Allemagne. L’anglais était la langue logique. Depuis que nous avons emménagé en Allemagne, j’ai pris la décision d’améliorer mon allemand et de ne parler avec Judith que dans sa langue maternelle. Je pense que c’est plutôt rare au sein d’une relation de changer ainsi de langue après autant de temps. La langue, c’est une gymnastique mentale qui conditionne aussi un peu notre personnalité. Lorsque je parle français, je ne suis pas exactement la même personne que lorsque je parle allemand. Avec le recul, je suis très content que l’on ait réussi à faire cela : Judith a eu la patience de supporter mes fautes et mes phrases sans aucun sens, et j’ai tenté de m’améliorer aussi vite que possible. C’est un effort commun pour une vie commune.

Propos recueillis par Emilie Kauff (www.lepetitjournal.com/cologne) Mardi 28 juin 2016

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Publié le 27 juin 2016, mis à jour le 26 juillet 2016

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