Édition internationale

DOSSIER KITA (3) - Interview de Céline Bouinio-Hanke, directrice pédagogique du jardin d’enfant franco-allemand Charabia à Cologne

Écrit par Lepetitjournal Cologne
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 4 avril 2014

 

Dans le cadre de notre dossier sur les Kindergarten, nous sommes allés à la rencontre de Céline Bouinio-Hanke, directrice pédagogique du jardin d'enfant franco-allemand Charabia. Elle nous explique le concept d'une Elterninitiative et les principales différences entre systèmes allemand et français.

Lepetitjournal.com : Comment a été créé le jardin d'enfant Charabia et quand a-t-il ouvert ses portes ?
Céline Bouinio-Hanke : Il a été créé à partir de l'école de français Charabia et suite à la demande des familles à la recherche de places de kita dont la langue principale est le français. Des familles étaient motivées pour créer un jardin d'enfants sous forme de crèche parentale ou Elterninitiativ. Tout a commencé par la recherche de locaux et la création d'une association et cela a duré un an jusqu'à l'ouverture du jardin d'enfants en juin 2012.

Combien d'enfants accueillez-vous et de quelle tranche d'âge ?
Nous accueillons 17 enfants entre 1 et 6 ans, dont la majorité vient de familles franco-allemandes. C'est le concept altersgemischte Gruppe  (groupe d'enfants mélangés) particulier à l'Allemagne. Il y a un groupe crèche et un groupe école maternelle.

Quel est le concept d'une Elterninitiative ?
La crèche parentale est différente du Kindergarten public car les parents sont investis dans les tâches administratives et l'organisation (aménagement, courses, finances?). Un parent est même responsable du personnel. C'est comme une petite entreprise gérée par les parents. En contrepartie, ceux-ci ont un droit de regard beaucoup plus important que dans un Kindergarten traditionnel.

Comment est-il financé et combien coûte une inscription ?
Nous sommes subventionnés presque intégralement par la ville de Cologne. L'inscription coûte 130? par mois payés à l'association, auxquels il faut ajouter les cotisations normales à la ville de Cologne comme pour tout Kindergarten.

Quelles sont, selon vous, les principales différences entre systèmes français et allemand ?
Le concept en Allemagne pour les enfants jusqu'à 6 ans se rapproche beaucoup de celui des crèches en France. Les activités sont adaptées à l'âge de l'enfant mais la pédagogie est beaucoup plus souple et les enfants sont beaucoup plus libres de décider quelles activités ils veulent faire. Ils ne rentrent surtout pas dans l'apprentissage avant de rentrer à l'école (alphabet, premières bases mathématiques?). Ici, l'accent est mis sur le développement social, la découverte du monde.

Selon vous, quel est le meilleur système pour l'enfant ?
C'est difficile à dire?Avant de rentrer à l'école, les enfants sont extrêmement curieux et très demandeurs et c'est bien de pouvoir répondre à leur demande. Je pense que le système français est bien adapté mais peut-être trop sévère et trop strict. L'idéal serait un mélange des deux systèmes, pouvoir apprendre en jouant, un apprentissage ludique. A Charabia, notre organisation se rapproche du système allemand (le personnel s'occupe des enfants et d'autres tâches) mais on essaie de faire des ateliers école maternelle. D'autres moments ressemblent plus au concept du Kindergarten.

En NRW, la plupart des grandes villes ont atteint le quota visé en août 2013 de 30% d'enfants de moins de 3 ans placés en crèche (38,4% à Düsseldorf et  32% à Cologne). Trouvez-vous ce quota suffisant ?
C'est loin d'être suffisant. Beaucoup de progrès ont été faits ces dernières années mais il faudrait vraiment des changements structuraux et cela est long à mettre en place : il faut adapter les locaux, former le personnel, etc. Il y a quand même eu une évolution des mentalités : les mères qui travaillent ne sont plus considérées comme des Rabenmütter (mères corbeaux). Mais de nombreux Kindergarten ne proposent pas d'accueil pour les moins de 3 ans. De même beaucoup de Kindergarten sont en travaux. Je pense que 30% c'est encore trop peu et je ne suis même pas certaine que cette promesse soit tenue. A Cologne il y a une énorme demande des parents, on a tous les jours des appels de familles désespérées à la recherche d'une place en crèche.

Comment pallier le manque de places en crèche ?
Il faudrait investir plus d'argent dans la création de nouveaux Kindergarten ou bien agrandir ceux existants pour créer de nouveaux groupes. Mais l'éducation n'est pas toujours la priorité.

Propos recueillis par Magali Hamon (www.lepetitjournal.com/cologne) Jeudi 7 mars 2013

A relire :

DOSSIER KITA (1) - Kindergarten : un fonctionnement différent des écoles maternelles

DOSSIER KITA (2) - La création d'un jardin d'enfant : l'exemple de la Kita franco-allemande Coccinelle

DOSSIER KITA (3) - Entretien avec Pascale Moyse, présidente de la Kita franco-allemande Loupiot à Berlin

DOSSIER KITA (3) - Trouver une place en crèche : l'expérience munichoise

mais aussi : notre dossier PETITE ENFANCE en 3 volets publié en 2012

PETITE ENFANCE - Vers une Allemagne plus "familienfreundlich" (1er volet)

PETITE ENFANCE - A la recherche d'une place pour mon enfant (2e volet)

PETITE ENFANCE ? Tipps und Tricks, à la découverte de la perle rare (3ème volet)

 

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Publié le 7 mars 2013, mis à jour le 4 avril 2014
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