Installée depuis quatre ans à Cologne, Katia tient un blog pas comme les autres. Textes, citations, photos, dessins, expos, peintures, ciné, littérature, design : son blog « touche à tout » est d'une richesse incroyable. Épuré et agréable à lire, c'est un endroit virtuel où il fait bon flâner des heures. Nous avons voulu aller à la rencontre de cette amoureuse de la culture italienne à la main verte !
(Photo : J'attends)
Lepetitjournal/Cologne : Parle-nous un peu de ton blog J'attends. Depuis quand le tiens-tu ? Qu'est-ce qui t'as poussé à ouvrir un blog ? Explique-nous le choix du nom et la mouche...
Katia : J'ai commencé mon blog en février 2012. Mon idée de départ était de me créer un ancrage, un territoire virtuel que je pourrais transporter avec moi n'importe où sans me sentir exilée. J'avais cette citation d'Elizabeth Bowen qui me trottait dans la tête et cette petite phrase J'attends? qui m'amusait. La mouche, je l'ai trouvée sur un petit livre italien des Editions Colonnese que j'aime beaucoup. Elle symbolise beaucoup de choses, on la voit souvent sur les tableaux de vanités, elle fait aussi référence à la mouche du coche, et puis c'est aussi une forme de dédicace cryptée à ma maman que j'appelle la mouche ou mouchette. Mais c'est bien de suggérer et de ne pas tout expliquer, non ? Le sens se distille peu à peu à travers les petits articles du blog, il faut lire J'attends pour en découvrir plus.
Comment pourrait-on qualifier ton blog ? Blog de design ? Culturel ? Littéraire ?
J'aime bien les marges, les croisements, c'est un peu tout ça ! Et puis définir c'est un peu enfermer et c'est avant tout un espace ouvert, un lieu de liberté pour moi et pour les autres, j'espère.
As-tu une ligne directive ? Fais-tu des recherches avant l'écriture d'un article ou bien le choix de tes articles est spontané ?
C'est un peu comme un journal de bord, j'y mets ce qui vient, ce qui me parle sur le moment. C'est toujours très subjectif. Mais j'essaie de faire de ce blog un lieu de passage et d'écho de ce qui me touche, un lieu de partage et de rencontres aussi.
(Photo : Kaori Tatebayashi)
Ton blog te prend-il beaucoup de temps ? T'imposes-tu un nombre d'articles par semaine ? Combien de visiteurs, as-tu en moyenne ?
C'est très variable et ça dépend de ma charge de travail par ailleurs. Je peux y consacrer beaucoup de temps ou très peu. Je ne m'impose rien, mais c'est vrai que d'avoir des lecteurs réguliers me donne le sentiment d'une responsabilité. Toute proportion gardée ça reste une toute petite chose avec une centaine de visites par jour. C'est l'étendue géographique de l'audience qui est surprenante, avec la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Italie, la Belgique, les Pays-Bas, la Finlande, la Suède, la Pologne, la Russie, les Etats-Unis, le Canada, l'Australie, le Japon, la Corée et j'en oublie? Il y a même depuis peu des visites de Chine. C'est pour cela que je trouve important de le rédiger en anglais et en français.
Y a t-il un réel échange entre toi et tes lecteurs ?
C'est ce qui m'a le plus surprise, ces belles rencontres faites sur la toile. Les gens prennent contact spontanément à la suite d'un article écrit sur eux parfois ou répondent à des commentaires laissés sur leur blog. C'est toujours très chaleureux et ça donne beaucoup de sens au fait de bloguer. Certains ont deviné mon adresse postale et m'ont écrit un vrai courrier par la poste.
Tu es Française et tu vis à Cologne. Raconte-nous un peu ton histoire et ta relation avec la ville. ..
Oh c'est très simple. J'ai trouvé un modus vivendi assez fragile, je passe en gros la saison d'hiver à Cologne et celle d'été en France, à Senlis où j'ai gardé ma maison avec un jardin de curé et une parcelle de potager dans un jardin collectif sur les remparts, dont j'ai beaucoup de plaisir à m'occuper.
Cologne me touche beaucoup, j'aime sa cathédrale et ses Imbiss, ses Kaffee-Kuchen, ses musées, sa nonchalance. Mais j'étouffe très vite en ville et je dois rentrer pour sentir la terre sous mes pieds et l'humus de la forêt toute proche. A Senlis, je marche, ici je fais du vélo, c'est la grande différence !
Suis-tu des blogueuses allemandes ?
J'aime particulièrement le blog d'une styliste allemande qui s'appelle Dietlind Wolf et le travail d'une artiste sur papier Annett Janowiak. Je lis aussi régulièrement la revue Week-end dont la rédaction est basée à Cologne et bien sûr la revue Raum 5, le guide du design à Cologne. J'aime aussi beaucoup fréquenter les instituts culturels japonais et italien, dont je suis régulièrement la programmation cinéma. Il y a un petit musée privé dont j'aime particulièrement l'esprit de partage et de générosité, das Museum für Verwandte Kunst dans le Belgisches Viertel. Mais je suis sûre qu'il reste encore beaucoup à découvrir ! Ce n'est pas toujours facile d'apprivoiser un environnement linguistique étranger.
Propos recueillis par Farah Keram (www.lepetitjournal.com/cologne) Jeudi 20 février 2014
Son blog : http://katia-jattends.blogspot.de
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