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LIT.COLOGNE – Emmanuèle Bernheim le temps d'une soirée au Literaturschiff

Écrit par Lepetitjournal Cologne
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 19 mars 2014

 

Mardi 18 mars, 20h, sur les bords du Rhin. La foule à l'entrée de l'immense bateau frémit d'impatience. En effet, comment ne pas vouloir passer sa soirée en compagnie d'Emmanuèle Bernheim. Les portes s'ouvrent enfin. Quelques minutes plus tard, l'audience se trouve plongée dans le noir, et là, apparaissent Emmanuèle Bernheim, Maria Schrader et Stefan Barmann, présentateur et traducteur.

Au centre, Emmanuèle Bernheim (Photo : Farah Keram)

Un récit haletant plein de vie

Tout s'est bien passé (publié chez Gallimard) est un livre bouleversant. Comment pourrait-il en être autrement d'un livre autobiographique qui raconte comment une fille a aidé son père à mourir ? Oui mais, la force et le talent de l'écrivaine résident en l'absence de pathos dans son écriture. Des phrases brèves qui vont toujours à l'essentiel, sans superflu. Tout s'est bien passé n'est pas un livre qui veut faire pleurer. Cette incroyable et presque impensable histoire, est avant tout une aventure épique. Difficultés, peur, attente interminable mais aussi rires, partage, retrouvailles, resserrement des liens familiaux, c'est presque « un livre joyeux » comme le décrit son auteur.

André Bernheim, le père d'Emmanuèle, est victime d'un AVC. Il survit, mais se retrouve par la suite profondément diminué. Il peine à parler, et devient totalement dépendant des autres. Amoureux de la vie, il refuse de rester vivant dans un tel état. Lors d'une conversation avec sa fille, il va solliciter son aide ; il souhaite avoir recours à l'euthanasie. Emmanuèle accepte, et, voit son père, paradoxalement de plus en plus heureux. Il recommence à vivre. C'est ici que toute l'histoire commence.

La soirée débute par quelques questions posées à l'écrivaine. Le bateau quitte alors, les bords du Rhin, pour une croisière qui durera une heure. Les questions sont entrecoupées par les lectures en allemand, de la charismatique Maria Schrader. Lorsqu' Emmanuèle Bernheim prend à son tour la parole pour lire, l'émotion envahit l'assistance. Elle mime, vit son histoire, se confie à l'auditoire, le tout avec une grande simplicité.

« Un roman où je serai l'héroïne principale, où tout sera vrai »

Mais comment écrit-on sur le récit de la mort d'un père ? D'un père, qui demande à ses deux enfants de l'aider à aller mourir en Suisse. Comment réussit-on à se présenter soit même en tant que personnage principal ? À écrire pour la première fois au « je » ?  
Emmanuèle Bernheim confie les difficultés auxquelles elle a été confrontée lors de l'écriture ; « Cela n'a pas été simple de trouver le bon ton, j'ai mis du temps. Je voulais réussir à écrire un roman où je serais l'héroïne principale et où tout serait vrai ».
Une volonté d'écrire face à un deuil qui n'a pas eu lieu. Mettre des mots sur tous les événements qui ont déferlé en peu de temps. « C'était un besoin [écrire] presque physique » explique-t-elle, «  n'ayant pas été présente lors de sa mort, j'ai eu l'impression que l'on m'avait en quelque sorte, volé la mort de mon père. Je me devais aussi de faire un replay sur cette incroyable histoire pour y voir plus clair. Pour pas que tous ces moments se perdent dans les limbes de mon esprit ».

Les lumières se rallument. C'est déjà la fin de cette soirée envoutante. On en ressort séduit ; à l'image de la foule qui se presse pour acheter les exemplaires du livre.

Farah Keram (www.lepetitjournal.com/cologne) Jeudi 20 mars 2014

Alles ist gutgegangen aux éditions Hanser Berlin
traduit du français par Angela Sanmann

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Publié le 20 mars 2014, mis à jour le 19 mars 2014
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