

Black fashion power - article de "Elle" a fait crier au racisme : la "black-geoisie" "intègre[rait] les codes blancs". Puis la justice belge déboute un Congolais qui veut interdire Tintin au Congo. Quant au parfumeur Guerlain, pour une plaisanterie navrante, il est suspecté par Huffington Post de vouloir "raviver le fouet des planteurs" ! Faut-il publier le "Dictionnaire des Mots interdits" ?
Ainsi : "travailler comme un nègre", couleur tête de nègre, parler petit-nègre, nègre de l'écrivain, "nègre" major de Polytechnique.
Jadis, si l'on était idiot, ignoble ou d'un goût calamiteux, cela se réglait à coups de duels ou d'articles signés Séverine, Daudet, Mirbeau, Jean Cau, Pierre Démeron. Aujourd'hui on chasse en meute, on assigne l'homme, on exile le mot.
Humour noir ?
Sur la paille des cachots Alphonse Allais et ses Monochromes "Combat de nègres dans une cave pendant la nuit" !
Ou Pierre Dac : " S'il n'est pas bon d'être pris entre l'arbre et l'écorce, il ne l'est pas non plus d'être pris entre les Arabes et les Corses."
Que dire des Dix Petits Nègres d'A. Christie ? Du p'tit noir et du blanc-manger ?
Ne dit-on pas des Blancs, sans qu'ils se fâchent, qu'ils sont Souchiens (sous-chiens), bouffeurs de porcs, jambons, gaulois, les blondes ne sont-elles pas idiotes dans les blagues nées en banlieue - où l'on dit "ta race !" en insulte ? Le "bounty" (noir dehors, blanc dedans) n'y est-il pas le traître ? Pourquoi n'aurait-on pas le droit de "se traiter", comme avant les lois "mémorielles" d'inspiration communiste de 2005 imposant au langage la déraison d'Etat?
Thucydide disait à propos des lois : « Qu'est-ce qui fait leur force ? Vous-mêmes, à condition de les fortifier et de mettre, en toute occasion, leur puissance souveraine au service de l'homme qui les réclame. » La loi nomme les choses pour protéger le plus faible; supprimer le mot expose bien plus à la chose !
Adieu "Art nègre", "Bal nègre ...
... "Revue nègre", J. Baker avec son insolente ceinture de bananes ; adieu "négritude" de Senghor et Césaire, fleuve Niger, Nigéria, negro spiritual, Martin Luther King retournant fièrement l'expression "American negro".
Au panier J. Ferry (1885) et Léon Blum (1925) parlant du "devoir des races supérieures [...] d'attirer à elles les races qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de civilisation".
Dans un discours splendide1, Senghor célèbre les Humanités et pulvérise le "Y a bon Banania" : "Les langues à flexion que sont le grec et le latin ont essentiellement une syntaxe de subordination quand nos langues agglutinantes d'Afrique et d'Asie du Sud [...] ont, par nature, une syntaxe de juxtaposition et de coordination."
Papa Samba Diop écrit : "Quant à la race [chez Senghor], elle n'est jamais conçue comme un refuge dans la haine des autres races, mais comme le socle d'une identité largement ouverte à l'universel".2
Vivent les poètes !
Elizabeth Antébi (www.lepetitjournal.com/cologne) Mardi 20 mars 2012
1 http://ethiopiques.refer.sn/spip.php?article147
2 Conférence, Paris XII
http://parisdusseldorf.wordpress.com
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