

Comme chaque année, le 11 novembre est marqué par de grandes célébrations en Allemagne et en Belgique pour célébrer Saint Martin, alors que cela reste plus confidentiel en France. Pourquoi cet engouement particulier envers ce personnage ? Quelle était sa vie ? Comment se fait-il qu'il soit autant rentré dans la postérité ? C'est ce que vous découvrirez dans les lignes qui suivent.
Maison troglodyte
De Martinus, le soldat romain à Martin, l'évêque de Tours
Attiré très tôt par la foi chrétienne, le jeune Martinus poursuivit à contrec?ur la carrière de soldat de la légion romaine que son père lui impose. Il s'y illustra particulièrement par sa volonté de ne pas verser le sang. Il resta au final 15 années dans ce rôle qui ne lui sied pas.
Après avoir quitté l'armée, il se rendit en 356 à Poitiers sur les conseils de l'évêque de Trêves Maximin. Il y rencontra l'évêque Hilaire de Poitiers (qui lui aussi est sanctifié) qui le prit sous son aile et assura sa formation d'ecclésiastique, bien que Martin refusa la charge de diacre pour celle, humble, d'exorciste. Cette carrière l'amena à voyager beaucoup, à Milan et à Rome notamment, mais surtout en Pannonie, sa terre natale pour tenter de convaincre ses parents d'embrasser la foi chrétienne.
En 360, il décida avec Hilaire de fonder un ermitage près de Poitiers : l'abbaye de Ligugé. Il en fera le tout premier monastère de Gaule et un grand lieu de l'évangélisation, à partir duquel il opéra pendant dix ans. C'est à cette époque qu'il accomplit ses premiers miracles et qu'il obtint sa renommée auprès du peuple.
En 371, l'évêque de Tours meurt et le peuple souhaita alors que Martin reprenne le titre. Devant le refus de ce dernier (qui avait déjà refusé le titre d'évêque de Poitiers), les tourangeaux métrèrent au point un stratagème pour forcer Martin à devenir leur évêque.
Résigné, Martin tenta alors tant bien que mal de concilier cette fonction avec son idéal de vie monastique et alla s'installer dans des grottes troglodytes des alentours avec ses disciples. Il fonda alors une nouvelle abbaye pour pouvoir continuer son ?uvre évangélisatrice, l'abbaye de Marmoutier.
C'est à cette époque qu'il initia ses campagnes de christianisation, allant détruire les idoles païennes pour les remplacer par des églises. Par son action soutenue pendant une vingtaine d'années, Martin contribua grandement à l'évangélisation de toute la Gaule.
C'est en 397 qu'il dut se rendre à Candes-Saint-Martin pour régler une querelle de moines. Une fois le calme revenu, il fut frappé d'une violente fièvre qui, couplée à la fatigue d'un homme aussi actif malgré ses 80 ans, eurent raison de lui.
Poitevins et Tourangeaux se disputèrent sa dépouille, mais une fois encore ces derniers mirent au point et stratagème qui fit de Tours la dernière demeure du saint et le tout premier lieu de pèlerinage de Gaule.
Saint Martin donnant sa cape
La légende de Saint-Martin
Martin est entré dans la légende pour un geste de générosité bien particulier. Alors que jeune soldat, il était de garde près d'Amiens et faisant une ronde, il aperçut un homme grelotter de froid. Il se saisit de sa cape et la trancha en deux pour l'offrir au nécessiteux. On raconte que le Christ lui est paru en songe la nuit-même pour lui faire part du caractère noble de son geste. Cette vision conduisit à son baptême dans la foulée.
Mais ce sont plutôt ses miracles qui firent sa renommé de son vivant, notamment les trois résurrections qu'il opéra. Celles-ci couplées à son incroyable piété firent de lui la première personnalité à être sanctifiée qui ne soit pas lié plus ou moins directement au Christ.
Saint-Martin de nos jours
On peut voir le tombeau du saint dans la basilique éponyme à Tours, où son corps réside depuis 397. La cape quant à elle se trouvait dans la chapelle palatine de la cathédrale d'Aix-la-Chapelle.
Au niveau des bâtiments religieux, de nombreux portent son nom en Allemagne, mais on retiendra surtout en NRW l'église Groß Sankt Martin de Cologne qui était autrefois accompagnée de la Klein Sankt Martin (dont il reste la tour à proximité de Heumarkt), et l'Alt Sankt Martin de Düsseldorf, le plus vieux bâtiment du Land (construit en 700).
Le saviez-vous ?
Le mot "chapelle" signifie à l'origine "l'endroit où se trouve la cape (capella) de Saint-Martin" ! Le mot s'est ensuite diffusé depuis Aix à l'époque carolingienne pour désigner un élément d'architecture religieuse. La fameuse cape n'y est plus de nos jours.
Autre chose, les martins-pêcheurs doivent aussi leur nom au saint. On raconte qu'il se serait servi de leur technique de pêche particulière pour expliquer à ses disciples la manière dont Dieu et le diable se disputent les âmes.
Pour aller plus loin
La vie de Saint Martin a été grandement marquée par l'opposition religieuse entre les arianistes et les trinitaires qui se disputent sur la relation entre le Père et le Fils. Aussi est-il utile d'en apprendre plus à ce sujet pour comprendre certaines actions du Saint.
Une grande partie des informations de la vie de Saint-Martin nous est parvenu par son hagiographe et disciple, Sulpice Sévère, dont l'?uvre est disponible en français.
Loic Henry (www.lepetitjournal.com/cologne) Mardi 8 novembre 2016
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