

L'écrivaine belge était présente à l'Institut français de Düsseldorf vendredi dernier dans le cadre d'une lecture de "La nostalgie heureuse", publié en 2013. Amélie Nothomb est une auteure au succès mondial, à tel point qu'elle est la plume francophone la plus lue dans le monde. Prolifique, elle a pendant 23 ans écrit au rythme d'un livre par an, mais cela ne représenterait qu'un quart des livres qu'elle a réellement écrit
Reconnaissable entre mille avec son chapeau noir qui fait sa marque de fabrique, Amélie Nothomb a fait part lors de sa première prise de parole de sa surprise quant au caractère fortement japonais de la capitale du Land, étant elle même née à Kobe au Japon.
Retour au Japon
La lecture s'est ensuite faite en alternant le français et l'allemand. Les extraits en question ont abordé le retour d'Amélie au Japon et de ses retrouvailles avec sa "mère" japonaise, ce qui n'a pas manqué de susciter une émotion visible sur le visage de l'auteure lors de la lecture, mais aussi du dépaysement et des interrogations qu'elle a connus lors de son départ du Japon alors qu'elle était enfant puis de son retour au Japon il y a quelques années, après la catastrophe de Fukushima.
La grande force d'Amélie Nothomb, c'est de pouvoir peindre le réel de manière aussi marquante dans ses livres, mais aussi de décrire une dimension culturelle japonaise qui parsème nombre de ses ouvrages. Quand elle évoque par exemple les cimes de l'Everest qu'elle voit depuis le hublot de son avion, et qu'elle parle de "l'indifférence des montagnes, de ces géants", on ne peut s'empêcher de remarquer que la sensibilité toute japonaise par rapport à la nature qui fait partie de son univers.

Un "amour à la japonaise"
Dans un autre registre, Amélie Nothomb se défend d'avoir écrit un livre sur son voyage, mais plutôt simplement sur l'amour, autre notion difficilement exprimable pour les nippons. Sa grande interrogation porte sur l'existence d'un "amour à la japonaise". Elle raconte alors que lors d'un échange universitaire, elle retourne au Japon et noue une relation avec un Japonais apprenant la langue française et souhaitant vivre "l'amour à la française", fait de déclarations d'amour, chose inconcevable dans une langue ou dire "je t'aime" relève de l'impasse et de l'incongruité. Dire "aishiteru"est réservé à la littérature et se révèle beaucoup trop fort en plus d'être malpoli, tandis que dire "suki desu" - solution la plus couramment adoptée ? semble bien fade à nos oreilles, car correspondant à un "tu es à mon goût". La relation fut infructueuse, car l'Amélie étudiante rêvait quant à elle d'un amour plus en sobriété et en retenue, ce qui a conduit cette dernière à tout quitter une semaine avant leur mariage.
Quelques anecdotes, toujours parsemées d'une pointe d'humour, comme la fois où elle se revendiqua du courant du "réalisme belge" inventé sur l'instant pour répondre à la question de lycéens bien désemparés lors d'une rencontre lors d'un salon du livre, quelques moments de nostalgie heureuse, comme lors de son ultime rencontre avec ce fiancé laissé pour compte mais point rancunier, voici comment on pourrait résumer cette soirée avec Amélie Nothomb.
Loic Henry (www.lepetitjournal.com/cologne) Mercredi 13 mai 2015










