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Une performance arty et politique réunit 300 personnes à Chiang Mai

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Catherine Vanesse - Près de 300 personnes ont assisté aux performances à Thapae Gate samedi 19 septembre malgré la pluie
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 11 octobre 2020

En marge des manifestations de Bangkok, une trentaine d’artistes et activistes ont pris possession de la porte de Thapae pour exprimer à travers des performances leur volonté de changement. 

Alors que Bangkok accueillait les 19 et 20 septembre l’une des plus grandes manifestations d’étudiants depuis le coup d’État de 2014, “Free Act Chiangmai” a pris possession de la porte de Thapae à Chiang Mai le samedi 19 septembre produisant des performances et spectacles de toutes sortes. 

Pendant quatre heures, de 16 à 20 heures, danses, concerts, déclamations et performances se sont enchaînés face à une foule de près de 300 personnes. 

Un succès pour Krai Sridee, l’un des organisateurs. “Je suis content de voir autant de monde. En fait, je n’avais pas particulièrement d’attentes sur le nombre de participants à cet événement, car la manifestation c’est à Bangkok qu’elle se tient. A Chiang Mai, c’est juste une performance et non des débats politiques”, explique l’artiste. 

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Krai Sridee et Jum Tassakorn, deux des organisateurs de la performance du 19 septembre à la porte Thapae à Chiang Mai. Photo Catherine VANESSE

Loin d’être une "manif", l’événement n’en était pas moins teintée de politique avec des allusions subtiles pour amener à réfléchir sur la société thaïlandaise. Ici des danses classiques mettant en exergue le poids des traditions, là un groupe déguisé en animaux de ferme faisant allusion au roman de George Orwell, "La ferme des animaux", pour parler de pouvoir et de contrôle. Et encore peu plus loin, un jeune artiste habillé avec un t-shirt court qui appelle le public à lancer des citrons sur une affiche derrière lui en scandant qu’il faut faire tomber la dictature - à chaque fois qu’une personne vise correctement la cible, l’artiste plonge dans la petite piscine à ses pieds. 

"Nous sommes tous leaders"

“L’art permet de nous exprimer de manière plus douce”, explique Jump Tassakorn, l’un des organisateurs. “Le rendez-vous de ce samedi fait partie d’un projet à long terme qui a démarré en juillet, en même temps que la reprise des manifestations d’étudiants. Depuis, tous les dimanches nous faisons ce que j’appelle des performances de la résistance. La société actuelle fait que nous ne pouvons nous exprimer sur certains sujets, ce que nous voulons c’est la liberté d’expression, l’égalité entre les gens et la fin d’un système hiérarchique où quelques personnes ont le pouvoir. Souvent en Thaïlande, ceux qui s’opposent aux autorités sont arrêtés, tués. A travers l’art, nous souhaitons faire prendre conscience de tout cela”, ajoute le jeune homme revêtu d’un costume “d’ange gardien de la démocratie”. 

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Catherine Vanesse - Malgré la pluie qui n'a pas cessé de l'après-midi, les artistes n'ont pas cessé de s'exprimer auprès du public

À la question de savoir si les manifestations d’étudiants pourront vraiment susciter un changement, Jump Tassakorn estime que le mouvement est clairement en marche. “Si on compare avec les précédentes manifestations, avant il y avait un meneur que tout le monde applaudissait. Avec le mouvement actuel, nous sommes tous leaders et tout le monde peut s’exprimer : les étudiants, la communauté LGBTQ, les travailleurs du sexe, etc. C’est le mouvement de tous!”, commente Jump. 

Le long du mur d’enceinte à la porte de Thapae, des représentants de différents groupes invitaient le public à signer des pétitions pour demander la démission du gouvernement et l’institution d’une véritable démocratie, la reconnaissance des travailleurs du sexe et la légalisation de leur profession ou encore la fin des monopoles pour la production de bières artisanales. 

Dans le public, une foule de tous les âges, des étudiants bien sûr, mais aussi des personnes plus âgées. “Nous voulons la démocratie, nous voulons une société plus juste”, explique un père de famille de 50 ans. 

“Pour changer la société, nous devons nous unir”, ajoute Sirisak Chaited, une activiste LGBTQ. 

 

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Publié le 21 septembre 2020, mis à jour le 11 octobre 2020

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