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Un Homo Sapiens de 300 000 ans découvert au Maroc

Un Homo Sapiens de 300 000 ans  découvert au Maroc - Olivier DelagardeUn Homo Sapiens de 300 000 ans  découvert au Maroc - Olivier Delagarde
Écrit par Olivier Delagarde
Publié le 18 juin 2018, mis à jour le 18 juin 2018

Il s’agit d’une découverte majeure qui vient bouleverser nos certitudes sur l’histoire des Homo Sapiens.

 

Une équipe d’archéologues a découvert les restes de plusieurs individus appartenant à notre espèce lointaine, les Homos Sapiens, sur un site au Maroc. Seulement, lorsque ces derniers ont été datés, les chercheurs se sont rendu compte qu’ils vivaient il y a 300 000 ans, soit 100 000 ans de plus que le plus vieil Homo Sapiens découvert jusqu’alors.

 

Une découverte fondamentale

C’est dans le village de Jebel Irhoud, situé à 100 km de Marrakech, que le site archéologique qui abritait ces restes humains a été découvert en 1961. Outre de nombreux outils primitifs, les chercheurs y ont également exhumé le corps de deux adultes et de deux enfants, qui avait d’abord été identifiés comme des néandertaliens d’Afrique du Nord. Mais en suite à des examens beaucoup plus approfondis, les spécialistes se sont rendu compte que ces restes appartenaient en fait a des Homo Sapiens, similaires à ceux retrouvés sur plusieurs sites en Israël, notamment à Qafzeh et à Skhul.

 

En outre, les scientifiques ont procédé à une datation des corps, qui les a tout d’abord situés à 40 000 ans avant notre ère. Puis, en utilisant une seconde méthode beaucoup plus fiable, ceux-ci ont pu déterminer que ces Homo sapiens avaient vécu il y a 160 000 ans, avec une marge d’erreur de 16 000 ans.

 

Puis, plus récemment, à partir de 2004, une nouvelle campagne de fouilles avait été effectuée afin d’étudier plus en profondeur ce site fascinant. À cette occasion, plusieurs scientifiques internationaux s’étaient réunis afin de mêler leurs efforts pour mieux comprendre l’origine de ces restes humains.

 

Une datation finalement beaucoup plus ancienne

A travers cette nouvelle étude du site, les scientifiques ont découvert que les Homo Sapiens du site de Jebel Irhoud maîtrisaient le feu. Aussi, les couches sédimentaires dans lesquelles les corps ont été retrouvés on fait l’objet d’une analyse plus poussée. Et à la grande surprise des archéologues, celle-ci a donné un résultat pour le mois fascinant : ces hommes ont en fait vécu il y a 315 000 ans (avec une marge d’erreur de 34 000 ans). Cette datation a ensuite été confirmée par une deuxième série d’analyses.

 

D’autres restes ont été exhumés dans ces couches sédimentaires, qui appartiennent également à l’espèce Homo Sapiens. Ces derniers étaient ainsi quasiment identiques aux hommes modernes, à l’exception de leur cerveau. En effet, des différences notables ont été détectées par les scientifiques au niveau de la boîte crânienne.

 

D’après le professeur Jean-Jacques Hublin qui a travaillé sur ce site, « les Homo Sapiens de Jebel Irhoud possédaient un cerveau de grande taille, mais un cervelet beaucoup plus petit que celui des hommes actuels. Cet organe très important, qui joue un rôle clé dans le contrôle moteur du corps, s’est donc complexifié avec le temps ».

 

Une découverte qui bouleverse nos certitudes sur les Homo Sapiens

Le site de Jebel Irhoud est donc devenu de facto le plus vieil endroit contenant des restes humains jamais exhumés. Le gouvernement marocain a d’ailleurs inscrit ce lieu dans son patrimoine national face à l’importance de cette découverte.

 

Celle-ci nous permet également de comprendre que l’Homme n’est pas exclusivement issu d’Afrique subsaharienne, contrairement à l’idée émise pendant de nombreuses années. Pour le professeur Jean-Jacques Hublin, « il est même très probable que nous puissions retrouver des restes encore plus anciens dans d’autres régions d’Afrique ».

 

L’histoire des Homo Sapiens est donc infiniment riche et complexe, et remonte à plusieurs centaines de milliers d’années. En outre, la dispersion géographique de ces très vieux ancêtres est intervenue plus tôt que nous le pensions, et ces derniers ont ainsi beaucoup voyagé à travers le continent africain, voire au-delà.

 

En effet, un fragment de mâchoire ayant appartenu à un Homo sapiens a été retrouvé en Israël, et sa datation le situe à 180 000 ans. Cette découverte impressionnante prouve ainsi que les premiers hommes ont voyagé en dehors de l’Afrique très tôt dans l’histoire de leur évolution.

 

D’autres découvertes aussi importantes pourraient donc être se révéler dans les prochaines années et venir bouleverser à nouveau notre conception de l’évolution humaine. Une chose est sûre : nous ne sommes pas au bout de nos surprises !

 

 

olivier delagarde lepetitjournal.com casablanca rabat
Publié le 18 juin 2018, mis à jour le 18 juin 2018

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