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LEGENDE - Sidi Abderrahmane, une île mystérieuse au coeur de la ville

Écrit par Parler Darija
Publié le 6 mars 2014, mis à jour le 7 mars 2014

Sidi Abderrahmane, petite île sur la corniche d'Ain Diab à Casablanca dénote dans le paysage. Investie par la bourgeoisie casaouie, la côte affiche nombre de boîtes de nuits, plages privées et clubs de sports de luxe. Reportage sur un îlot dont l'Histoire est entourée de mystères.

Sidi Abderrahmane était un sage originaire de Bagdad. Il aurait échoué sur cet îlot au XIXème siècle et attiré par la mer, il y serait resté toute sa vie. On dit de lui qu'il fût un homme généreux, pieux et serviable. Pour le remercier de sa bonté, des gens décidèrent de lui bâtir une maison sur l'île, il n'en fît rien. Il préféra dormir à la belle étoile pour jouir de la grâce naturelle. Il prêtait alors sa demeure aux pèlerins. Aujourd'hui, un mausolée lui est consacré sur l'île qui a hérité de son nom. 
Une petite échoppe à l'entrée de l'îlot vend des bougies, que l'on peut aller disposer en hommage au saint homme.

(crédits photo: Louise Favel pour Lepetitjournal.com)

Des hommes et femmes âgés jouent de la musique, chantent et battent la cadence sur des assiettes en porcelaine à l'aide de dès en métal. Nous sommes sur le pont, construit il y a quelques mois seulement et qui mène à l'île d'Abderrahmane. Une vieille femme, assise sur une chaise, observant les allers et venues des passants, explique qu'avant, pour rejoindre la côte, les habitants de l'île usaient d'une grosse chambre à air de camion sur laquelle 10 personnes prennaient parfois place. Un homme trainait ainsi les habitants jusque sur l'île. Sidi Abderrahmane devait avoir des airs de mont Saint Michel. Un endroit où le temps était rythmé par les marées, hautes ou basses. 


Quelques touristes s'aventurent sur l'île, la vieille femme, qui y vit depuis 30 ans, dit : "les choses ont beaucoup changé depuis que nous avons le pont, c'est beaucoup mieux et grâce à cela nous avons des gens du monde entier qui viennent visiter notre île: des Belges, des Saoudiens, des Turcs, Français..." Pourtant, l'on constate que, si beaucoup viennent sur le pont et profitent de la vue, peu s'aventurent sur l'île. Dans les habitats, pas d'eau courante, ni même d'électricité. Les conditions de vie sont rudimentaires. Dix personnes vivent ici à l'année, certains enfants sont partis travailler et reviennent durant les vacances scolaires.

Une femme vient à ma rencontre, propose de lire l'avenir dans les cartes. Je la suis chez elle. La pièce est modeste, 4m2 tout au plus. La décoration, caduque, propulse le visiteur dans une décennie révolue. La femme parle quelques mots de français. L'endroit est connu pour guérir les femmes victimes de stérilité ou ne parvenant pas à trouver un mari.
Notre hôte décrit le rituel pour se défaire de cette malchance ou du mauvais sort selon les cas: "il faut d'abord prendre un douche dans l'océan, s'arroser de 7 vagues", puis elle allume un réchaud, pour confectionner un médicament aux plantes. Si le rituel se poursuit jusqu'au bout, les patientes sont ensuite embaumées d'encens. Cette pratique s'accompagne de chants incantatoires dont seules les femmes de l'île ont le secret.

La légende raconte qu'après être passées par Sidi Abderrahmane, des femmes stériles sont miraculeusement tombées enceintes, et que d'autres ont trouvé un mari. En attendant, malgré la misère, les rumeurs qui circulent sur les diseuses de bonne aventure et des sorcières qui y jetteraient de mauvais sorts, le lieu possède une authenticité et un charme tous particuliers, à deux pas du moderne Morocco Mall, temple de la consommation.

Louise Favel (http://www.lepetitjournal.com/casablanca) Vendredi 7 mars 2014

parler darija
Publié le 6 mars 2014, mis à jour le 7 mars 2014

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