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Langue, immigration : pourquoi les Italiens ont-ils tant influencé les Argentins ?

Juan Perón, Pape François, Diego Maradona… Tous ont en commun des origines italiennes. Véritable pays d’accueil entre 1880 et 1930, l’Argentine a accueilli plusieurs millions d’immigrés, transformant alors la structure sociale et économique du pays. Représentant la moitié des étrangers à l’époque, les Italiens ont largement participé à ces modifications et son lexique reste encore aujourd’hui implanté dans le vocabulaire argentin.

Immigration italienne en ArgentineImmigration italienne en Argentine
Crédit photo : Creative Commons Attribution
Écrit par Daphnée Quentin
Publié le 8 avril 2024, mis à jour le 8 avril 2024

L’immigration italienne en Argentine

«Les Péruviens descendent des Incas, les Boliviens descendent des Indiens Aymaras, les Mexicains descendent des Aztèques, et les Argentins, eux, descendent des bateaux». 

Désormais célèbre en Amérique latine, cette expression symbolise les fortes vagues d’immigration ayant construit l’Argentine dès la fin du XIXè siècle. De 1881 à 1914, ce sont plus de 4 millions d’immigrés, dont 2 millions d’Italiens, qui ont contribué à la modification des habitudes et du vocabulaire du pays. Leur large afflux aux abords de la région de Buenos Aires et du Rio de la Plata n’est pas sans conséquence : 62,5% de la population revendique ses origines italiennes en 2011, leurs spécialités culinaires se sont largement répandues sur le territoire, et le 29 du mois, veille du jour de paie, est désormais le jour des gnocchis ! Pour la bonne fortune, les Argentins laissent toujours un billet sous leur assiette.

 

Lunfardo, cocoliche… Ces dérives du castillan présentes en Argentine.

Le Rioplatense

Le castillan rioplatense est la langue espagnole parlée en Argentine. Plusieurs études linguistiques permettent désormais d’affilier son accent aux sonorités et intonations italiennes : prononciation du “ch”, non-différenciation du “s” et du “z”, intonation mélodieuse… Son vocabulaire s’inspire de l’espagnol, mais également du lunfardo et du cocoliche. 

 

Le cocoliche

Le cocoliche doit son origine à une pièce de théâtre jouée par Celestino Petray. En imitant l’accent et le vocabulaire italiano-hispanophone d’un ouvrier calabrais nommé Antonio Cocoliche, il a su représenter toute une catégorie d’immigrés italiens. Désormais, ce terme désigne un type de théâtre grotesque mettant en scène des immigrés, mais aussi le vocabulaire de ces Italiens qui souhaitaient à l’époque s’intégrer à la culture argentine. Parmi le lexique que l’on peut retrouver aujourd’hui : la “birra” pour désigner une bière, “boliche” pour la boîte de nuit, ou encore “bondi” pour le bus. 

 

Le lunfardo 

Le lunfardo désigne l’ensemble du vocabulaire argotique issu des quartiers ouvriers argentins au début du XXe siècle. Si l’italien a largement contribué à son développement, d’autres vagues d’immigration y auraient également participé telles que la mafia marseillaise, l’immigration de Grande-Bretagne et d’Amérique latine.

Dans les nombreux dictionnaires de lunfardo disponibles sur Internet, vous retrouverez des mots issus du cocoliche tels que “bondi”, et d’autres plus originaux tels que “pibe” traduit en français par “jeune”.

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