Édition internationale

EDUCATION - Une coopération universitaire de haut niveau (1/2)

Écrit par Lepetitjournal Buenos Aires
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2012

Sciences humaines et sociales, économie et droit: la coopération universitaire entre la France et l'Argentine s'est renforcée depuis une dizaine d'années autour de deux organismes bien distincts: le CFA et le programme La Condamine. Premier volet aujourd'hui avec le Centre franco-argentin des hautes études, qui offre des séminaires pour les doctorants dans le domaine des sciences humaines et sociales ainsi que des conférences pour tous publics

Comme le souligne son directeur français, Patrice Vermeren, "il n'y en a pas deux au monde comme ça". De fait, le Centre franco-argentin des hautes études (CFA-UBA) est un exemple rare de coopération universitaire entre deux pays. Dans sa structure d'abord: le CFA a deux directeurs, un Français et un Argentin, Fortunato Mallimaci, et un conseil académique. Cette cotutelle témoigne d'un partenariat égalitaire et d'une volonté de mettre en place des opérations conjointes d'éducation et de recherche.
Traditionnellement, la diffusion du savoir français se faisait par le biais des Instituts français. En Argentine, cela a fonctionné jusqu'en 1960. Ces dernières décennies s'est manifesté le besoin d'envisager ces échanges d'une autre manière. Le Centre franco-argentin a pris corps lentement dans les années 1980 sous la forme d'un partenariat entre l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) de Paris et l'Université de Buenos Aires (UBA), qui portait sur l'échange de professeurs, l'accueil d'étudiants, la collaboration de chercheurs et l'échange de publications. En 1996, le CFA-UBA est formellement créé, avec le soutien du Service de coopération et d'action culturelle (Scac) de l'Ambassade de France ainsi que de l'Alliance française. "C'est une nouvelle politique de coopération, plus dans un rapport d'égalité et de réciprocité", explique Patrice Vermeren, professeur de philosophie (Paris 8).
L'axe prioritaire du CFA est de proposer quelque 25 séminaires de doctorat chaque année, pour les étudiants de toute l'Argentine mais aussi de la région, séminaires qui sont validés par l'UBA pour les universités nationales. Plusieurs universités et organismes, comme le CNRS par exemple, envoient des professeurs chaque année afin de dispenser ces 32 heures de cours sur quinze jours. L'UBA, le Scac et la délégation régionale de coopération scientifique du Cône Sud participent également financièrement afin de permettre ces échanges. Les invités profitent de leur séjour pour donner des conférences dans plusieurs villes, ouvertes à tous publics.
Famille et mondialisations
Une double thématique a été choisie cette année. La famille, avec toutes les questions portant sur la parenté, les familles recomposées, la filiation mais aussi la loi du désir et le désir de la loi. Des thèmes qui recoupent la sociologie, l'histoire, la psychologie, sur lesquels interviendront notamment la sociologue Irène Théry (EHESS-MSH, Marseille) ou la psychologue Annick Ohayon (Paris 8). L'autre thématique portera sur mondialisations et droits. "L'idée est de donner une cohérence, des ordres d'interrogations plus que d'apporter des réponses, on veut laisser la scène ouverte", précise Patrice Vermeren. Sont attendus Carlos Quenan (IHEAL), Monique Gendreau (Paris 7) ou Rada Ivekovic (Saint-Etienne). Alain Badiou (ENS, Ulm), Françoise Héritier-Auger (Collège de France), Benjamin Stora (Inalco), Daniel Cohen (ENS Ulm) et Pierre Rosanvallon (Collège de France) donneront des conférences.
Depuis deux ans, de plus en plus d'étudiants français suivent ces séminaires. Il est même possible de demander une cotutelle de thèse pour obtenir deux doctorats: un dans chaque pays. Le CFA organise aussi cette année des journées d'étude et des ateliers sur l'anthropologie, des lundis philosophiques, des journées Roger Caillois, des manifestations sur le centenaire de la parution de l'Evolution créatrice de Bergson, etc. Les conférences au CFA ou en province, ouvertes au grand public, seront assurées par des chercheurs et intellectuels de renom tels l'anthropologue Marc Augé, les philosophes Geneviève Fraisse et Roger Pol-Droit, ou encore les sociologues Franck Poupeau et Edgardo Manero.
Avec une volonté affirmée de respecter les écoles de pensée, le CFA-UBA met
également l'accent sur la mobilité en aidant étudiants et enseignants à se déplacer dans les provinces et les pays voisins du Cône Sud. Ces échanges et cette circulation du savoir ont permis de tisser des liens et de créer un réseau très dense dans le domaine des sciences humaines et sociales.

Laurence RIZET. (www.lepetitjournal.com) - mardi 27 février 2007

CFA, Centro franco-argentino de altos estudios, Ayacucho 1245. Tél.: 4813-7597

lepetitjournal.com Buenos Aires
Publié le 27 février 2007, mis à jour le 13 novembre 2012
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