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Retour sur la tournée australienne de La Camera Delle Lacrime

À la veille de leur retour en France, Alexandra Monneret a rencontré Bruno Bonhoure et Khaï-dong Luong, l'occasion de revenir sur les concerts donnés avec l’Australian Brandenburg OrchestraÀ la veille de leur retour en France, Alexandra Monneret a rencontré Bruno Bonhoure et Khaï-dong Luong, l'occasion de revenir sur les concerts donnés avec l’Australian Brandenburg Orchestra
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Écrit par Alexandra Monneret
Publié le 27 août 2018, mis à jour le 18 février 2021

À la veille de leur retour en France, j’ai eu le privilège de rencontrer Bruno Bonhoure et Khaï-dong Luong. Une occasion de revenir sur les neuf concerts qu’ils ont donné avec l’Australian Brandenburg Orchestra et de découvrir deux artistes en toute simplicité.

 

Par une belle journée d’hiver austral, Bruno Bonhoure et Khaï-dong Luong m’ont rejointe sur les hauteurs du Mount Coot-tha à Brisbane. On ne pouvait pas espérer plus beau temps pour admirer la vue. Nous nous asseyons et commandons nos cafés. Mon mari m’accompagne et tous les quatre commençons à bavarder le plus naturellement du monde. Le naturel : c’est sans doute ce que je retiendrai le plus de cet échange et de ces deux personnalités.

Il y a encore quelques jours, je ne connaissais pas leurs noms, leur musique, leur travail, leur œuvre. Comme beaucoup de journalistes, j’ai dû faire mes recherches. L’angoisse m’a quelque peu gagnée. Le répertoire de Bruno et de Khaï-dong (la musique médiévale) n’est pas commun. Comment m’y prendre ? Comment articuler cet entretien ? Une première interview par téléphone pour 4EB et lepetitjournal.com, puis leur concert à Brisbane et enfin leur rencontre. Très vite, mes doutes s’apaisent.

 

Transmission et élégance

À l’instar de leur musique et de leurs chants, Bruno Bonhoure et Khaï-dong Luong savent vous transporter. En toute simplicité, ils vous amènent à découvrir leur univers. Que ce soit sur scène ou autour d’un café, ils vous guident humblement, ils ne vous jugent pas, ils vous transmettent leurs connaissances. Un peu comme Guillaume de Rubrouck, ce moine franciscain, parti à la rencontre du Grand Khan aux XIIIe siècle, qu’ils ont étudié si longtemps, qu’ils ont imaginé et qu’ils nous ont livré dans Karakorum: A Medieval Musical Journey.

Comme lui, eux aussi n’ont pas eu peur de partir à l’autre bout du monde. Ils n’ont pas hésité à l’invitation de Paul Dyer de le rejoindre sur l’île-continent. Bruno Bonhoure, Khaï-dong Luong et leurs musiciens (Mokrane Adlani, Yan Li, Martin Bauer, Michèle Claude, Christophe Tellart) sont allés à la rencontre d’un nouveau public. Un public qu’ils ont conquis ! Mais aussi d’une nouvelle mise en scène, de nouveaux musiciens, d’un comédien – David Wenham - qu’ils ne connaissaient pas. Emmenant avec eux, leurs instruments et le travail de leurs recherches, désireux de partager avec le plus grand nombre. Car c’est vraiment ce qui caractérise et anime ce duo : le partage, la rencontre de l’autre et l’apaisement par la musique. De l’Australie, ils garderont de très beaux échanges de “pupitres à pupitres” mais parfois plus insolites aussi, comme avec le joueur de didgeridoo aborigène avec lequel Bruno Bonhoure entonnera une laude italienne au détour d’une promenade sur les quais de Sydney.

 

Un spectacle éblouissant

Ils nous ont éblouis sur scène. Le ténor, ses chanteurs et musiciens ont réalisé avec brio le défi de nous emmener sur les traces de Guillaume de Rubrouck. Malgré une sobriété scénographique, les voix sacrées et les sons du violon oriental, de l’erhu, du kamānche ou encore de la vielle à roue ont su transporter les spectateurs dans les contrées lointaines évoquées par Frère Guillaume. Ces mêmes spectateurs qui, habituellement si stoïques dans leurs fauteuils, n’ont pas hésité à dodeliner de la tête aux sons des chants orientaux. Pari réussi pour le metteur en scène, Khaï-dong Luong, qui définit la scène comme “un espace de respect et de communication où toutes les énergies se retrouvent, s’amplifient pour s’adresser au public”.

Comme un écho à notre société contemporaine, la Controverse de Karakorum (titre du spectacle en France) aborde la confrontation des religions. Rien d’étonnant selon le ténor puisque “la musique est cyclique, elle se répète à l’infini”.  Et si leur répertoire est ancien, Bruno Bonhoure et Khaï-dong Luong vivent bel et bien dans leur époque ! Il est essentiel selon eux de “respecter le public, de ne pas lui mentir”. Ils ne prétendent pas restituer une musique ou un chant médiéval à l’identique. Il s’agit avant tout de créations artistiques qu’ils interprètent après des mois de recherches en collaboration avec des universitaires comme Gisèle Clément, maître de conférences à la faculté Paul Valéry de Montpellier. À Sydney, ils ont pu ainsi consulter l’antiphonaire de Neri da Rimini à la State Library de la Nouvelle-Galles du Sud. Sans doute ici, le début d’une autre histoire, qui risquerait bien de les voir revenir en Australie.

 

 

En attendant, Bruno Bonhoure et Khaï-dong Luong s’apprêtent à sortir leur sixième disque le 27 août prochain, Inferno, captation live du premier volet de leur trilogie Dante Troubadour, les Cercles de l’Enfer - captation réalisée l’automne dernier au Sémaphore de Cébazat.

Le 18 septembre, ils seront en direct sur France Musique à partir de 17h (une heure du matin heure de Sydney et de Brisbane) pour présenter leur spectacle les Cercles de l’Enfer en compagnie du comédien Denis Lavant.

Enfin, le 19 septembre, la Camera delle Lacrime interprètera sur scène les Cercles de l’Enfer à Strasbourg. Les deux autres volets sont programmés pour fin 2018 et 2019.

 


Pour en savoir plus :

https://www.lacameradellelacrime.com
https://www.francemusique.fr

 

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