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Iván Duque, un nouveau Président pour la Colombie 

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Écrit par Alexandre Octave BEDDOCK
Publié le 8 août 2018, mis à jour le 9 août 2018

A tout juste 42 ans, il est devenu hier un des plus jeunes présidents de la Colombie. Durant sa visite en Colombie, le Ministre des Affaires Etrangère Jean-Yves Le Drian avait confié que le Président élu s’était lui-même qualifié de « Macron de l'Amérique Latine ».

 

Quasiment inconnu en Colombie, Iván Duque n’est entré en politique que depuis 4 ans, après avoir étudié et travaillé plusieurs années aux Etats-Unis. Cet avocat de formation veut donner l’image d’un homme politique ouvert et proche des gens. Il avait fait campagne sans cravate, en chemise et en jeans, en chantant ou en jouant de la guitare à la télé et sur les réseaux sociaux. Le jeune président se teint aussi les cheveux en blanc pour paraître plus crédible.

 

Si Iván Duque est nouveau, ses idées, elles, ne le sont pas : renforcer le secteur privé, appuyer les valeurs traditionnelles et adopter une politique dure avec la guérilla. Tout comme Alvaro Uribe, dont il est souvent accusé d’être la marionnette. L’ancien président (2002-2010) reste en effet l’homme fort du pays : il a notamment été le sénateur le mieux élu cette année. Ce-dernier fait actuellement l'objet d'une enquête menée par la Cour Suprême et est cité dans de nombreuses affaires de corruption, ou en lien avec les paramilitaires.

 

Lire aussi : la stratégie d’Uribe pour échapper à la justice ?

 

Investi dans un contexte inédit

Iván Duque a été élu deux ans après la signature de l’accord de paix entre le gouvernement et les FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie), clôturant officiellement un conflit armé vieux de plus d'un demi-siècle et qui a fait 20 000 morts et 7 millions de déplacés… La politique colombienne connait également une mutation structurelle. Lors des élections, une opposition citoyenne organisée, incarnée par Gustavo Petro et la plateforme Colombia Humana, a récolté 8 millions de voix. Ceci constitue une première dans un pays où le poids de la maquinaria est en général déterminant pour les élections. 

 

Hier, à l’occasion de l'investiture du président élu, des rassemblements « pour la vie et pour la paix » ont eu lieu partout dans le pays, mais aussi à l’étranger, comme à Paris.


 

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A Bogota plusieurs milliers de personnes se sont réunis - Par Karla Merchán

 

Lire aussi : Présidentielle 2018 - une demi-défaite pour Petro ?

 

Une menace pour l’accord de paix ?

Parmi ses propositions les plus polémiques : ouvrir davantage le pays aux entreprises minières, fusionner les hautes cours de justice, et surtout, « modifier de manière structurelle » l’accord de paix.

Depuis 2016, plus de 7000 combattants ont rendu les armes. Une grande partie d’entre eux dans les zones de réincorporation (zonas veredales), en milieu rural. Ils suivent des programmes de réinsertion  (élevage, agriculture, ou constitution de coopérative), et bénéficient d’un traitement judiciaire spécial (JEP - Juridiccion especial para la Paz) dans le cadre des accords de paix.

 

Si l’histoire se souviendra certainement de Juan Manuel Santos, le Président sortant pour avoir signé l’accord - ce qui lui a permis de remporter le Prix Nobel de la Paix en 2016 - le travail le plus dur reste à faire : faire de la paix et de la réconciliation nationale une réalité. Depuis la signature de l'accord, 320 leaders sociaux ont été assassinés, dont 70 ex-guerilleros. Les plans de réinsertion et les aides n’ont pas tous été mis en place pour permettre réincorportation des anciens combattants dans la vie civile.

 

Lire aussi : Velatón, la Colombie mobilisée contre l'assassinat des leaders sociaux

 

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Par Karla Merchán

 

Iván Duque pourrait revenir sur l’amnistie accordée aux ex-combattants, ou diminuer les aides qu’ils reçoivent. A juste titre, ses annonces provoquent des inquiétudes parmi les membres du parti de la FARC (Force Alternative Révolutionnaire commune).

« Nous avons demandé à rencontrer le Président élu. Pour l’instant, nous n’avons pas de retour. De toute façon, l’accord de paix est un compromis international, réalisé en partenariat avec l’ONU. Nous ferons en sorte qu’il y ait une pression internationale pour que soit mis en place l’accord de paix comme cela a été prévu. » nous a déclaré le parlementaire Luis Alban Urbano au siège de la FARC à Bogota.

 

L’accord prévoyait en effet à 10 membres de la FARC d’intégrer le Congrès pour assurer leur représentation. Du côté des ex-combattants, on cherche à convaincre que l’on ne reviendra pas sur l’accord. En effet, maintenant que la supposée totalité des armes a été détruite, et que beaucoup aient goûté à une autre vie, sans fusil, il est difficile de faire marche arrière… 

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Publié le 8 août 2018, mis à jour le 9 août 2018

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