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Guaro, mi amor

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Ruslan Gorsky
Écrit par Alberth Velasco
Publié le 12 septembre 2017, mis à jour le 16 mars 2018

L’aguardiente, souvent qualifiée de "boisson nationale colombienne", mérite bien que l'on s'attarde sur son cas. Des différents types de guaro aux origines de cet alcool, nous vous révélons tous les secrets de l'Aguardiente !

 

Pourquoi “Aguardiente”?

D’entrée de jeu, le nom suscite la curiosité. Littéralement, ce mot se compose de « agua », pour eau, et « ardiente », signifiant ardent, brûlant. Historiquement, il existe différentes versions quant aux origines du terme aguardiente :

Selon la Real Academia Española (RAE), « aguardiente », serait dérivé du latin « agua ardens ». Il désigne l’alcool provenant d’un ferment dont les saveurs et arômes sont issus de la distillation de l’anis et de la canne à sucre.

Une autre théorie avance que le nom de l’aguardiente proviendrait du médecin Arnau de Vilanova du XVème siècle (le doute subsiste sur les origines de ce scientifique – françaises ou espagnoles). Il utilisa cette boisson comme médicament et la nomma « Agua vitae » ou Eau de vie, pensant qu’elle la prolongeait, réanimait le cœur, guérissait les coliques, les paralysies… un médicament magique apportant allégresse et faisant oublier la douleur.

Aujourd’hui dans le langage courant, on utilise communément les mots « guaro » ou « guarito » pour qualifier un verre d’aguardiente.

Aguardiente, les origines

Comme mentionné précédemment, Arnau de Vilanova fut la personne qui introduisit la pratique de la distillation de boissons alcoolisées. Peu après, le clergé contrôla la production de spiritueux dans les monastères, lieux d’élaboration exclusifs d’aguardiente, utilisant des techniques pointues de distillation, mélange et vieillissement. L’aguardiente vit son nom se modifier au fil de son déploiement dans les différents pays d’Europe.

Au XVIème siècle, la consommation s’étendit en Europe. L’aguardiente se fabriquait dans les pays vinicoles. Les gouvernements stimulèrent la production pour obtenir d’abondants revenus. La production initialement artisanale est devenue massive à la fin du XVIIIème siècle grâce à l’invention d’un nouvel alambic par Wigert y Eduard Adam.

L’industrie de l’aguardiente en Colombie commença entre 1784 et 1787 quand, selon le chroniqueur José Antonio Benites, s’ouvrit la Real Fábrica de Aguardiente en Nueva Granada (la Colombie actuelle). Les années passèrent et le guaro resta dans la mémoire collective des colombiens. 

La culture de l’aguardiente en Colombie

L’aguardiente se sert dans des shooters, qui selon Izquierdo German, écrivain et journaliste colombien, « le premier trago ne se savoure pas. Il se prend rapidement en fronçant les sourcils, avec les mêmes gestes que font les enfants lorsqu’ils rechignent à prendre un médicament. En entrant, d’un seul élan, il révèle sa fureur et envahie la bouche d’un froid bouillant qui érafle la gorge. Chaque shooter d’aguardiente est un doux breuvage de quelques 200 calories concentrées en 40 ml d’essence d’anis, d’eau, de sucre et de 29 degré d’alcool extra neutre ».

Contrairement à ce que beaucoup pensent, les Colombiens ne sont pas les plus grands consommateurs d’alcool. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMC), les Français en sont les plus grands aficionados.

En Colombie, l’aguardiente se consomme des personnes les plus aisées aux plus humbles et folkloriques. Il s’agit d’une des boissons les plus bues dans les fêtes et bars. Consommée de manière excessive, elle n’échappe pas à la règle de générer le célèbre guayabo plus communément connu par les francophones sous le terme « gueule de bois ».

Dans certaines régions de Colombie, cet alcool se boit communément qu’importe l’heure et le motif. Les habitants des campagnes des Andes ont pour habitude d’avoir avec eux une calebasse ou récipient artisanal contenant le précieux breuvage pour chasser le froid.

Il existe plusieurs sortes d’aguardiente, selon la région du pays, et chacune se vante de détenir le meilleur du pays. La boisson se distingue véritablement d’une région et d’une marque à l’autre par sa quantité d’anis et de sucre.

 

Types d’aguardiente par départements

Il est possible de trouver de l’aguardiente dans toutes les régions de Colombie. Des 19 départements pourvus de distilleries, il n’en reste que 6 : Antioquia, Caldas, Cundinamarca, Cauca, Valle et Boyacá. Les plus grandes exportent vers les autres départements dépourvus de distilleries. Par exemple, le département d’Antioquia produit le Doble Anis de Huila et le Caldas fabrique l’Aguardiente Nariño.

Contrairement aux attentes, le meilleur aguardiente du monde en 2014 et 2016 selon le Monde Selection (la plus grande reconnaissance de qualité) seraient produit à Bruxelles, en Belgique.

Les modes de consommation de l’aguardiente par région

Pour se savourer et parer à sa forte teneur en alcool, l’aguardiente peut s’accompagner d’autres ingrédients, qui varient selon les régions : 

Dans la Valle del Cauca, l’aguardiente Blanco s’accompagne de petites juliennes de mango biche (mangue verte), rondelles de citron vert, jaune ou d’orange, pour injecter une dose d’énergie comprimée dans un shot et continuer ainsi à s’agiter aux rythmes de la salsa.

Dans les départements de Boyaca et Cundinamarca, l’aguardiente local est le Nectar et se mélange à de l’eau de panela, à laquelle est ajouté de la canelle. La boisson est ensuite chauffée au bain-marie sans la laisser bouillir. La boisson s’appelle Canelazo et se sert ensuite chaude dans des jarres d’argile ou verres épais pailleté. Ce mélange contribue à oublier la sensation de froid dans cette región. Dans les bars, elle s’accompagne de rondelles de citron, eau et popcorn. 

En Antioquia, les paisas – surement pour aider à leur éloquence et débordement d’amabilité – accompagne l’aguardiente Antioqueño de rondelles de citron, mango biche et dans certains bars avec des morceaux de coco. 

Les caucanos (département du Cauca) et particulièrement les habitants de Popayan ou Payaneses boivent leur aguardiente avec des rondelles de citron ou d’orange et parfois de tranches de mango biche pendant leurs fêtes débordantes de joie et de démonstrations d’affection.

Les habitants de Choco consomment l’aguardiente Platino avec de l’orange ou du citron, parfois de la coco. L’arguardiente n’est cependant pas la première boisson alcoolisée de la région. La majorité des Chocoanos prefèrent le rhum ou le whisky.  

La région du Centre, où se trouvent entre autre les départements de Huila et Tolima, consomme le Doble Anis pour célébrer ses fêtes San Pedrinas (patronales) et festivals musicaux. Rien de tel qu’un trago d’aguardiente avec du citron !  

Alberth Velasco, traduit de l’espagnol par Delphine Thébaud, www.lepetitjournal.com/bogota, jeudi 7 septembre 2017

Publié le 12 septembre 2017, mis à jour le 16 mars 2018

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