Vendredi 29 juin, le Prix des Libraires 2018 a été remis à Eva Baltasar pour son roman "Permagel". Cette récompense, accordée par les tenants des librairies catalanes, s’accompagne de la remise du Mémorial Père Rodeja, en hommage au célèbre libraire de Gérone du même nom, qui prime le travail de libraires de Catalogne durant l’année.
Lors de cette 7e édition du Mémorial, c’est deux talents français qui ont été primés : la libraire Montse Porta, propriétaire de la librairie française Jaimes à Barcelone, et Valèria Gaillard, franco-espagnole traductrice, ancienne journaliste et philosophe.
Montse Porta est à la tête de la librairie historique fondée par ses grands-parents, une figure de la culture française comme de la culture catalane. Le jury l’a reconnue "pour sa reconversion et son adaptation en pleine crise" et la conservation de l’esprit traditionnel de l’établissement. En effet, elle hérite en 2009 de la librairie du Passeig de Gracia, mais la crise économique la frappe de plein fouet, notamment en 2012 lorsqu’elle doit déménager carrer Valencia 318. Ancienne élève du Lycée français, elle célèbre en 2016 les 75 ans de la librairie Jaimes, en réunissant 10 auteurs français et catalans à l’Institut français de Barcelone. Groupes de lecture, ateliers d’écritures, ou rencontres avec les écrivains : ses activités constantes et sa sélection admirable de livres ont fait de la libraire un boulevard incontournable de la culture française et de la diffusion de la littérature francophone. Le jury a aussi souligné l’espace d’échange culturel que représente Jaimes et l’engagement de Montse Porta "pour la littérature et la langue catalanes". Pour Rosana Llorens, autre libraire catalane, elle représente "l’ambassadrice parfaite du monde littéraire français en Catalogne" et d’un "nouveau modèle de librairie".
Valèria Gaillard - Photo DR
Le Mémorial Pere Rodeja récompense également le travail des journalistes, et c’est Valèria Gaillard, également traductrice et philosophe, qui a été reconnue cette année. Le jury a insisté sur sa "vision globale de la culture, ce qui lui donne un regard profond et réfléchi sur les thèmes qu’elle aborde", mais aussi sa grande connaissance littéraire, la rigueur de son journalisme et son "grand respect" envers les auteurs. Licenciée de Philosophie et Littérature comparée à Barcelone, elle travaille pour plusieurs médias à Perpignan avant d’être journaliste littéraire au Punt Avui, jusqu’en mars de cette année. Parallèlement, c’est une traductrice reconnue, notamment de l’œuvre de Proust en catalan avec Grup 62. Son travail se concentre sur "À la recherche du temps perdu" avec déjà deux volumes publiés : "Pel cantó de Swann" et "A l’ombra de les noies en flor". Elle traduit également la trilogie "Auschwitz et après" de Charlotte Delbo pour Club Editor, déjà traduit à l’espagnol mais pas au catalan. Un travail qui l’a "bouleversée par la force littéraire de l’écrivain et la cruauté de la réalité exposée". Valèria Gaillard est une figure dans le milieu littéraire, où tous reconnaissent ses articles toujours intéressants et pertinents. Joan Sala, président de La Setmana, affirme que la jeune femme, "fille de deux pays, la France et la Catalogne, est la preuve du succès de ce mélange culturel".