

Depuis Noël dernier, des taxis conduits par des femmes et à l'attention des femmes sillonent la ville de Barcelone. Si la création de la Línea Rosa, en service depuis Noël dernier, a ses partisans, elle compte parmi les syndicats, nombreux détracteurs, qui quand on leur parle de rose, voient rouge
Au Syndicat des Taxis de Catalogne, on voit d'un très mauvais ?il l'irruption du concept des "taxis roses" à Barcelone. L'idée arrive de Londres et fonctionne déjà à Mexico, Moscou et Dubaï. Pour Luis Beruel, président du STAC, il ne s'agit ni plus ni moins que d' "une opération commerciale". Begoña, conductrice et créatrice du service des taxis féminins à Barcelone a quitté son emploi dans une clinique dentaire il y a trois ans pour devenir taxi. Elle explique que les demandes proviennent en particulier des "très jeunes filles d'environ 15 ans qui commencent à sortir le soir". "Leur mère surtout se sentent plus rassurées par un tel service. Avec les hommes on peut avoir à subir des commentaires déplacés, de la drague. Avec une femme au contraire, on se sent plus en confiance, on se livre plus facilement". Luz, 29 ans, qui a quitté l'hôtellerie pour le volant renchérit : "Les gens sont d'accord pour dire que les conductrices femmes ont plus d'empathie. Par exemple, elles sont prêtes à rendre de petits services que beaucoup de leurs collègues masculins déclinent". Mais ces arguments justifient-ils la création d'un tel service dans une ville comme Barcelone? En aucune façon pour Luis Beruel. "Nos taxis sont sûrs et font la différence avec les transports publics. Les gens demandent à être pris et déposés devant leur porte, cela ne pose aucun problème. C'est une concurrence déloyale qui n'a pas de demande réelle. On pourrait alors se mettre à créer une multitude de services de type communautaire : pour les gays, seulement pour les hommes ou les Pakistanais par exemple. Cela n'a aucun sens".
La crise contribue à durcir les discours adverses
En attendant, la Línea Rosa de la compagnie Servitaxi, est en marche depuis quatre mois et compte déjà quatorze conductrices. "C'est vrai qu'il n'y a pas de problème de sécurité dans les taxis", reconnait Begoña, "mais il y a déjà des taxis qui proposent des services différents : des voitures de tel type, de tant de passagers, de fumeurs ou non fumeurs, acceptant ou non les animaux? Ce qui les emmerde c'est qu'être une femme, ça, il ne peuvent pas le proposer". Et c'est justement ce point que dénonce le STAC. "Ce que nous essayons de mettre en valeur c'est le professionnalisme des taxis, pas la culture ou le sexe du chauffeur. Si j'étais chauffeur dans cette compagnie, je m'en irais". Begoña de son côté affirme que la crise contribue à durcir le discours du syndicat. La Línea Rosa a au moins l'avantage de mettre en lumière la féminisation d'une profession essentiellement masculine jusqu'à il y a quelques années. Elle continuera donc à circuler dans Barcelone avec ses taxis noir et jaune, sans signe distinctif, contrairement à ses homologues étrangers dont les véhicules sont roses.
Elisabeth Chanard (lepetitjournal.com ? Barcelone) Mercredi 28 avril 2010







