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SOCIETE - Corridas : l'Espagne divisée

Écrit par Lepetitjournal Barcelone
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2012

Tandis que le parlement catalan débat la possibilité d'interdire les corridas, la communauté de Madrid entend déclarer la tauromachie Bien d'Intérêt Culturel. Les communautés de Valence et de Murcie se rallient à l'idée

(Photo Archives Lepetitjournal.com)

Est-ce que le fait que les corridas fassent partie de la tradition espagnole constitue un argument valide pour continuer à en défendre l'existence ? Pour le philosophe français Francis Wolff, c'est oui : selon lui, la tauromachie fait partie du patrimoine culturel du Sud de l'Europe, et même du patrimoine mondial. Pour son homologue espagnol Jesús Mosterín, c'est non. Ce dernier n'a pas hésité à comparer la tauromachie à l'excision, pour démonter les positions des "pro corridas", arguant que le poids de la tradition ne justifie pas toujours sa perpétuation. Partie du PP, la levée de boucliers a parcouru l'ensemble de la classe politique et a même largement été relayée par les associations féministes.

Promotion ou suppression ?
Ces échanges, tenus dans le cadre du débat en cours au Parlement catalan, ont pu être ravivés par l'annonce faite par Esperanza Aguirre, en fin de semaine dernière. La présidente de la Communauté de Madrid a en effet fait savoir qu'elle souhaitait déclarer les corridas Bien d'Intérêt Culturel, par le biais de la loi du patrimoine artistique, qui permet la protection d'éléments culturels particulièrement importants. Là encore, les réactions n'ont pas tardé. Le quotidien El Pais soulignait, dans son édition de samedi, qu'en dépit de ces déclarations de bonnes intentions, les subventions de la Communauté de Madrid destinées à la promotion de la tauromachie avaient été divisées par deux l'an dernier. Les communautés de Murcia et de Valence ont pour leur part emboîté le pas à cette initiative.

Le débat catalan est donc en train de gagner toute l'Espagne. Pourtant, les 180.000 signatures collectées en faveur de l'ouverture de la procédure législative font écho à la décision de Barcelone, en 2004 déjà, de se déclarer ville antitaurine. Nombre de métropoles des alentours ont de leur côté depuis longtemps détruit leur plaza de toros : Gerone, Figueras ou encore LLoret del Mar. A l'opposé, la tradition taurine reste fortement ancrée à la culture castillane. La plaza de toros de Ventas, à Madrid, est la seconde plus grande au monde, avec 24.000 places. Les spectacles taurins atteignent leur paroxysme au cours des fêtes de San Isidro, véritable signe d'identité de la capitale. Etre en faveur ou non des corridas : au-delà d'un simple débat éthique sur la souffrance de l'animal, la question prend, comme souvent en Espagne, une ampleur à bien des égards politique.

Antoine TESSON (wwww.lepetitjournal.com - Espagne) lundi 8 mars 2010

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Publié le 7 mars 2010, mis à jour le 13 novembre 2012
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