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PROCREATION MEDICALEMENT ASSISTEE – Pourquoi l'Espagne attire tant de Français

Écrit par Lepetitjournal Barcelone
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 14 novembre 2012

La réputation des cliniques espagnoles spécialisées dans la procréation médicalement assistée (PMA) attire de nombreux étrangers, dont beaucoup de Français. Pourquoi ? Rencontre avec Lisa Guillaume, de l'association Les Enfants Kdos, chargée d'orienter les personnes intéressées par la PMA

(Photo AFP)

Lepetitjournal.com : Qu'est-ce qui pousse tant de Français à se tourner vers l'Espagne lorsqu'il s'agit de procréation médicalement assistée ?
Lisa Guillaume : En France, il est difficile d'obtenir un ovocyte. L'acte du don est culturellement moins assimilé. Il en va de même pour le don de sperme, lui aussi difficile à trouver. Un don d'ovocyte nécessite un investissement physique et en temps très important, et une bonne dose d'altruisme. Pourtant, malgré les nombreux examens que doit subir la donneuse, les jours où, par exemple, elle ne pourra pas se rendre au travail, il n'y a pas d'indemnisation prévue. De plus, la donneuse doit déjà avoir un enfant ; elle est aussi obligée de prouver le consentement de son conjoint. Cela augmente l'âge moyen des donneuses, et donc réduit la qualité moyenne des ovocytes récoltés. C'est peut-être là une des raisons pour lesquelles le taux de réussite en France est deux fois moindre qu'en Espagne, où ces contraintes n'existent pas.

Les conditions d'accès à la PMA sont plus faciles en Espagne ?
En France il faut donc avoir moins de 43 ans, après quoi peu de médecins acceptent d'opérer, et la sécurité sociale ne rembourse plus. Il faut aussi vivre au sein d'un couple hétérosexuel, avec des quotas : 4 tentatives de Fécondation in vitro (FiV) et 6 inséminations, après quoi la sécurité sociale ne prend plus rien en charge. De plus, le double don (sperme + ovocyte) est prohibé. En Espagne, une femme, qu'elle soit seule ou en couple hétérosexuel ou homosexuel, peut recevoir, et sans quota. Enfin, les délais d'attente en France allant de un à huit ans, les médecins conseillent donc souvent à leurs patientes proches de la quarantaine, ou en marge des conditions légales françaises, d'aller en Espagne.

(Lisa Guillaume / Photo DR)

Et pourquoi l'Espagne plus qu'un autre pays ?
La loi bioéthique espagnole, proche de la loi française mais avec moins de contraintes, encadre tout ça très bien. Dans le cas du don d'ovocyte, les donneuses sont plus jeunes, et l'Espagne a ainsi les meilleurs taux de réussite d'Europe. De plus, comme il s'agit de cliniques privées, il y a une certaine émulation entre elles. Ainsi beaucoup de recherches ont lieu en Espagne, qui est à la pointe, par exemple concernant l'ISCI et l'IMSI (NDLR : la première implantation d'un spermatozoïde directement dans l'ovocyte, la seconde la sélection préalable d'un spermatozoïde pour en optimiser les résultats), qui tendent à être des pratiques courantes, bien que très coûteuses, alors qu'en France, l'IMSI reste exceptionnelle.

La loi bioéthique française doit être réformée prochainement. Quels changements se font sentir ?
La nouvelle loi permettra la levée de l'anonymat concernant les donneurs, si ceux-ci souhaitent que l'enfant puisse demander leur identité par la suite. Dans les faits le donneur peut toujours refuser, mais l'effet psychologique d'une telle évolution dissuade beaucoup de donneuses potentielles, pourtant déjà rarissimes.

Et en Espagne, le don reste anonyme ?
Oui. C'est pour toutes ces raisons qu'on oriente nos adhérents, lorsqu'ils ne trouvent pas de solutions en France, vers nos partenaires espagnols. Et grâce au droit européen, qui garantie la possibilité de se faire soigner dans un autre pays de l'Union si c'est impossible dans son propre pays dans des délais raisonnables, les familles qui correspondent aux critères légaux français peuvent être remboursées par la sécurité sociale française à hauteur de 1.500 euros lorsqu'ils pratiquent la PMA en Espagne. Il faut savoir qu'une PMA coûte dans les 5.000 euros, c'est donc pour la sécurité sociale française beaucoup plus rentable de rembourser les familles allées en Espagne que les PMA réalisées en France. D'autant plus que le taux de réussite étant meilleurs en Espagne, il y a beaucoup moins de seconde ou de troisième tentative à rembourser. Et je peux vous assurer que les patients qui partent en Espagne préféreraient faire ça dans leur pays.

On parle parfois de "savants fous" faisant venir des femmes d'Europe de l'Est en Espagne, pour vendre leurs ovocytes. Qu'est-ce que ça vous inspire ?
En ce qui nous concerne, nos partenaires sont des cliniques sérieuses suivant des engagements, et suivies par l'association. Certains aiment faire du sensationnel... mais les Espagnols sont clairs et cadrés là-dessus. Ça existe dans certains pays, où il n'y a pas de loi bioéthique, où le don est rémunéré. En Grèce, une donneuse d'ovocyte touche 2.000?, contre 900? en Espagne. Pensez-vous vraiment que ces gens-là vont venir en Espagne ?

Bruno DECOTTIGNIES (www.lepetitjournal.com ? Espagne) Jeudi 30 septembre 2010

L'association Les Enfants Kdos a pour mission d'informer, d'épauler et d'orienter les personnes intéressées par la PMA, et de les aider à se faire rembourser les frais médicaux. Grâce à son réseau de partenaires, l'association permet aussi à ses adhérents de trouver rapidement des cliniques sérieuses, et à des tarifs plus avantageux.

Les enfants Kdos
6 avenue de la gare
71270 Pierre de bresse
09 70 46 22 72
www.enfantskdos.fr
ca.kdos1@gmail.fr

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Publié le 30 septembre 2010, mis à jour le 14 novembre 2012
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