Arrivé à la tête de l'ESEC en 2003, Olivier Benielli pilote ce qui est maintenant le campus barcelonais de la Toulouse Business School. Avec un pari réussi : monter en puissance en Espagne via le programme "bachelor" et positionner l'école comme une référence dans son domaine.
Lepetitjournal.com : En dix ans à la direction de l'ESEC, quelles évolutions significatives avez-vous notées ?
Olivier Benielli : En dix ans nous avons beaucoup évolué, avec un travail par étapes, en commençant par une remise aux standards d'excellence de Toulouse Business School, entre 2004 et 2006. A partir de 2007, nous pouvons dire que nous avons démarré la gestation d'un nouveau projet d'école, une sorte d'ESEC 2.0 : nous avons conféré une nouvelle dimension à l'institution, par notre infrastructure tout d'abord, en déménageant et en passant de 800m² à 3.300m² de locaux, mais aussi pédagogiquement, en créant un corps d'enseignants-chercheurs basés sur le campus de Barcelone, permettant de développer une offre académique différenciée de celle de Toulouse et un nouveau niveau de service à nos élèves. Nous avons fait le choix stratégique de nous concentrer sur le programme "bachelor", qui propose un diplôme post-bac en 3 ans, visé par le ministère de l'Education français. De 2008 à 2012, en conséquence de ces différents choix, nous avons doublé notre nombre d'étudiants : on compte près de 500 élèves inscrits aujourd'hui à l'ESEC, contre 160 en 2003.
Pourquoi vous être concentrés sur le programme "bachelor" ?
A l'époque, nous avons constaté qu'il n'y avait pas véritablement de formation post bac en business forte vocation professionnelle, ouvrant sur un diplôme français permettant de poursuivre ses études en Europe. Il nous paraissait plus compliqué de recruter sur le programme "master" en Espagne (formation de 2 ans ouverte aux étudiants disposant d'un titre de 1er cycle universitaire), qui correspond à un cursus de grande école de commerce, méconnu de ce côté-ci des Pyrénées. Nous avons donc focalisé nos efforts sur le "bachelor" avec succès, puisque nous sommes désormais le centre de recrutement international pour ce programme, pour l'ensemble des sites du groupe de Toulouse Business School.
Que représente le campus au sein de Toulouse Business School ?
A sa création par la CCI française de Barcelone en 1995, l'ESEC comptait sur une participation de l'ESC Toulouse comme partenaire pédagogique. En 2003, l'ESC Toulouse a repris la gestion de l'école et en est devenue propriétaire. La CCI s'est retirée, après avoir joué son rôle d'initiateur du projet, passant d'administrateur à actionnaire minoritaire. Aujourd'hui le campus de Barcelone est l'un des trois sites du groupe, avec Toulouse, Barcelone et Casablanca. La dénomination même d'ESEC est appelée à disparaître : d'ici très peu de temps, nous devrions adopter le nom de TBS Barcelona
La spécificité de notre école, c'est que du fait de sa petite taille et du caractère particulièrement international de son public (avec 1/3 de francophones, 1/3 d'hispanophones et 1/3 d'autres nationalités), elle est en mesure de mettre en place des dispositifs pédagogiques innovants, enrichis par le programme pédagogique de Toulouse. Nous jouons le rôle de laboratoire d'idées, dans un environnement international, où les différences culturelles sont source de stimulation.
Il existe un univers concurrentiel fort sur les formations que vous proposez. Comment vous distinguez vous des autres écoles ?
Nous profitons premièrement de l'énorme progression dont a bénéficié Toulouse Business School , qui a été la 3e école française à recevoir la triple accréditation AACSB, Equis et AMBA, labels respectivement américain, européen et label MBA, certifiant un niveau d'excellence de la formation délivrée. Cela nous a conféré une base certaine pour recruter nos élèves parmi les meilleurs étudiants dans notre domaine et devenir une business school reconnue dans son environnement et sur son marché. Nous offrons par ailleurs à l'ensemble de nos élèves la possibilité de suivre un itinéraire dans un autre pays, tout en restant dans la même structure et dans le même programme pédagogique (à la différence des accords d'échanges entre universités) : un élément important pour une structure très orientée vers l'employabilité des étudiants.
Aujourd'hui, preuve de la qualité de la formation, la recommandation joue un rôle important dans la reconnaissance dont nous bénéficions : près de 50% de nos élèves qui ont intégré l'école nous ont connus par prescription ou recommandation. Le reste des étudiants nous rejoint par attirance de la marque. Or ce que l'on offre, c'est le modèle d'école de commerce à la française, un modèle d'apprentissage qui se distingue de l'université, et dans lequel nous accompagnons l'étudiant vers un objectif : "se préparer à devenir un professionnel". En d'autres termes, nous proposons une pédagogie répartie entre acquisition des connaissances et mise en pratique de ces dernières en situation, avec un fort focus sur le développement personnel de l'étudiant, que nous accompagnons pour construire et conduire son projet.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce dernier point ?
Nous avons beaucoup travaillé sur le développement personnel des étudiants, car nous sommes convaincus que les entreprises recrutent avant tout une profil, et non pas une personne connaissant des techniques et titulaire d'un diplôme. Nous nous attachons à développer dans notre pédagogie toute une gamme de compétences interpersonnelles, ou para-techniques, comme le développement de la curiosité, l'aptitude à la collaboration, à l'expression, développer leur sens de l'ordre et de la méthode, par exemple. Nous proposons par ailleurs un coaching personnalisé aux élèves, afin de les aider à savoir ce qu'ils veulent faire de leurs acquis, et à mieux mobiliser les outils que nous leur transmettons.
Et vous réussissez à bien vendre les spécificités de votre formation à vos futurs élèves ?
Je vous arrête tout de suite : je suis persuadé qu'on ne vend pas de la formation. On la présente, on l'explicite, on la détaille, on la replace dans un projet et on la met en perspective avec des envies, il s'agit d'orientation et non de vente. Par la suite, la personne intéressée va explorer l'offre, chercher à comprendre et "tangibiliser" ce que nous lui présentons, recouper l'information, le tout pour voir si ce que nous lui proposons peut lui apporter quelque chose dans la réalisation de son projet personnel.
Justement, dans quelle mesure la crise actuelle a-t-elle affecté les débouchés de vos étudiants ?
Tout d'abord, la crise n'a pas eu d'impact sur notre recrutement : au contraire, entre 2008 et 2012 le nombre d'élèves inscrits a augmenté. C'est lié au fait que nous sommes une école internationale, mais c'est aussi dû au fait que nous sommes une business school dont le but est avant tout l'employabilité de ses élèves.
Ainsi, malgré la crise, nous n'avons pas noté de variation majeure dans le délai de placement en entreprise de nos élèves diplômés. Au bout de 6 mois, 85% de nos diplômés qui souhaitent travailler sont placés. Nous avons de toutes façons mis en place des mesures spécifiques pour améliorer l'accompagnement de nos diplômés, avec un service de suivi renforcé auprès des diplômés récents. A cet égard, l'association d'anciens élèves, est partie prenante dans cette action. A noter également que nos diplômés bougent beaucoup, le programme "bachelor" étant particulièrement ouvert sur l'international : on donne à nos élèves l'envie et la possibilité de sortir, d'aller voir ailleurs. Une proportion importante de nos étudiants trouvent ainsi leur premier emploi à l'étranger.
La crise représente l'occasion de repenser beaucoup de choses. L'étymologie même du mot "crise" se réfère à une "coupure", donnant lieu à une nouvelle situation. On ne s'attend pas à ce que les choses redeviennent comme elles étaient auparavant et cest d'ailleurs à quoi nous préparons nos élèves.Des énergies et des modèles nouveaux vont se développer, il faudra savoir les anticiper et s'y adapter.
A titre d'exemple, nous avons créé cette année une filière "entrepreneurship" au sein du programme "bachelor" : 40% des élèves ont choisi cette option, preuve qu'en temps de crise, il y a des personnes qui ne pensent pas qu'en terme de sécurité de l'emploi, et ont de véritables motivations, un véritable projet personnel, que nous sommes chargés d'aider à mettre en place, avec un accompagnement personnalisé dans leur projet de création d'entreprise.
La raison d'être d'une école de commerce est-elle de promouvoir l'esprit d'entreprise ou de faire carrière ?
Une école de commerce propose un itinéraire dans lequel chacun va prendre des choses pour conduire sa route : faire carrière, réaliser un projet entrepreneurial ou tout autre projet personnel. Nous avons des profils très variés et nous devons d'être capables d'apporter des réponses à chacun d'entre eux.
Quelles sont vos perspectives pour l'avenir ?
Aujourd'hui, le campus de Barcelone a trois grandes lignes de développement : continuer à être une grande école qui recrute des étudiants qui vont se sentir heureux dans leur cursus, condition indispensable pour construire leur avenir. Deuxième objectif : progresser en tant que campus au sein du groupe TBS et contribuer au rayonnement de cette école, en continuant notamment à être un lieu d'innovation au service du groupe. Enfin, être toujours plus à l'écoute des entreprises et de ses besoins, en intégrant leurs expertise, leurs ressources dans notre pédagogie afin d'assurer l'adéquation de nos étudiants au monde professionnel, gage de leur réussite. Cela passe aussi par proposer aux organisations de réfléchir ensemble pour construire les professionnels de demain, qui seront avant tout des personnes responsables, audacieuses et ouvertes aux autres.
Propos recueillis par Vincent GARNIER (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mercredi 29 mai 2013
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Écrit par Lepetitjournal Barcelone
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 29 mai 2013
Publié le 28 mai 2013, mis à jour le 29 mai 2013
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