La Generalitat a approuvé la semaine dernière le Plan Marruecos 2014-2017. La Catalogne affirme ainsi sa volonté de mieux intégrer les Marocains dans la région, mais ne devrait pas le faire sans intérêt : à Madrid, on pense que cette man?uvre vise à attirer cette population vers l'indépendance.
(Photo Creative Comons ccarlstead)
La Catalogne fait encore des efforts en faveur de ses immigrants musulmans et renforce sa relation avec le Maroc. Lundi 15 septembre, la Generalitat a adopté le Plan Catalunya-Marruecos 2014-2017, un plan en faveur des Marocains résidant dans la région. Ceux-ci représentent près de 270 000 individus. Un chiffre non négligeable, d'autant qu'il faut y ajouter quelque 30.000 immigrés marocains qui ont obtenu la nationalité espagnole. Au total, cela concerne environs 3 % de la population catalane.
De nombreux immigrés à satisfaire
Le porte-parole du gouvernement Francesc Homs a déclaré que ce plan tournait autour de "cinq grands domaines de coopération" (sans toutefois détailler) avec le Maroc et ses immigrés. Le document explique cette décision par "la spécificité des langues et des cultures de la communauté marocaine, qui représente un nombre important" en Catalogne. Tout d'abord, l'accord prévoit l'enseignement de l'arabe et le tamazight (langue parlée dans les montagnes du Rif et de l'Atlas) dans certaines écoles de Catalogne, mais en dehors des heures scolaires. En collaboration avec le ministère de l'Education, cette mesure pourra s'effectuer grâce aux centres d'enseignement qui le voudront, ceci afin de préserver la langue maternelle des immigrés.
Mais le plan axe surtout sa mission dans le domaine religieux. En effet, l'enseignement de la religion serait diffusé dans les écoles et les mosquées. Un vrai pas en avant pour les immigrés marocains en Espagne par rapport aux autres pays d'Europe : il n'y avait jusque-là aucun cours de religion islamique dans les écoles publiques (malgré 24.000 élèves marocains dans la région). En revanche, le Maroc sera bien le tuteur de l'Islam dans la région : cela signifie que l'Etat marocain surveillera et dictera les contenus religieux enseignés en Catalogne. Cette mesure ne plait pas aux associations musulmanes. Elles estiment, à l'instar d'un de ses représentants Mounir Benjelloum, qu'elles doivent être autonomes concernant la manière d'apprendre l'Islam.
Une astuce dans le but de l'indépendance ?
Le plan Catalunya-Marruecos n'est pas le premier geste de la Catalogne envers "ses" Marocains. La construction d'une grande mosquée à Barcelone avait été un temps envisagé l'année dernière, mais les obstacles à ce projet étaient trop nombreux. Du côté de Madrid, la presse pense que la Generalitat espère, par ses divers efforts, créer des liens avec la population marocaine voire algérienne, en vue d'un présumé vote lors du référendum du 9 novembre concernant l'indépendance. L'objectif serait ainsi d'apaiser l'hostilité du Maroc devant ce projet et d'attirer ces quelques 3 % de la population catalane en faveur du "oui". En effet, les résidents étrangers pourront voter en cas de référendum, ainsi que l'a prévu le Parlement catalan vendredi dernier, lorsqu'il a adopté la loi.
Les médias madrilènes ont alors critiqué Artur Mas, leader de la Generalitat. Le quotidien ABC parle même "d'endoctriner 500 000 Musulmans pour le plan d'indépendance". Une grande partie de l'immigration ne serait cependant pas disposée à accepter cette situation. Certains immigrés sont en train de demander la nationalité espagnole et craignent de perdre ce qu'ils possèdent en Catalogne. D'autres redoutent les difficultés liées à se séparer de l'Union Européenne. Malgré ces efforts, la Generalitat n'a donc pas encore convaincu.
Pierre LEPINE (www.lepetitjournal.com - Espagne) Jeudi 25 septembre 2014
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Écrit par Lepetitjournal Barcelone
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 25 septembre 2014
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