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Logements capsules: premières ouvertures (clandestines) à Barcelone

logement ruchelogement ruche
copie d'écran Youtube
Écrit par Mathilde Dumur
Publié le 12 février 2019, mis à jour le 18 février 2021

Annoncés en fin d’année dernière à Barcelone, les logements-ruches font polémiques, sont illégaux et prétendent forcer leur installation dans la capitale catalane et ailleurs en Espagne.

 

Les logements-ruches, un concept venu du Japon et ramené en Espagne par la start-up Haibu 4.0 propose à la location des chambres de 2,4 mètres carrés, dans une optique "d’aide sociale". Ces logements font énormément polémique pour leur petite taille, et la mairie de Barcelone refuse catégoriquement de les rendre légaux. Mais même ainsi, Haibu 4.0 fait le forcing dans la capitale catalane et espère élargir son offre ailleurs en Espagne.

"Nous sommes simplement un groupe d’entrepreneurs avec une initiative sociale, préoccupés par le manque d’habitats pour les gens les plus modestes et avec des nécessités particulières". C’est ainsi que se présente l’entreprise Haibu 4.0, sur son site web. On y apprend que l'entreprise a une "philosophie sociale", qu’elle prétend "aider toutes les personnes de milieux défavorisés", et que le nom Haibu provient de la signification du mot ruche en japonais. Si cette entreprise fait l’actualité en ce moment, c’est justement pour son programme "social". Sur le modèle japonais, Haibu 4.0 offre à la location, ce qu’on appelle des logements ruches dans une résidence, c’est-à-dire de très petites chambres de 2,4 mètres carrés où il n’y a la place que pour un lit. Récemment plusieurs journalistes de différents médias nationaux ont réalisé des reportages sur ces logements, qui en dépit de l'opposition de la Mairie de Barcelone, accueillent désormais leurs premiers locataires -de façon clandestine. 

 

 

1,20 mètres de haut et de large, un lit avec un matelas de 10 cm, des draps et des objets "Ikea, de qualité moyenne-basse", rapporte le reporter d'El Mundo. La pièce étant si petite, "faire le lit est un travail d'acrobate. Pour mettre la taie d’oreiller il faut sortir de l’habitacle". En dehors des chambres, il y a une pièce commune avec toutes les nécessités. Le prix pour vivre dans ces logements ruches s’élèvent à un peu plus de 200 euros par mois, avec l’électricité, l’eau, la wifi, le service de nettoyage des zones communes, l’air conditionné, l’entretien des ruches et les frais de sécurité inclus. Pour accéder à ces logements-ruches il faut rentrer dans certains critères. La résidence est réservée aux personnes de plus de 25 ans, et de maximum 45 ans. Lors de l’arrivée, il faut avoir un salaire supérieur à 450 euros. Il est interdit d’avoir des antécédents judiciaires et les animaux de compagnies ne sont pas acceptés.

 

 

 

Aujourd’hui, on trouve ces habitations à Barcelone où elles font énormément polémiques et sont illégales. Ce n’est non pas un bras de fer mais bel et bien une bataille qui se joue entre Ada Colau, la maire de la ville et Marc Olivé, investisseur et initiateur du projet. Selon Janet Sanz, adjointe au maire en charge de l’urbanisme, "ce projet n’a pas sa place à Barcelone". Pour la mairie, "ces logements ne remplissent en aucun cas les normes pour vivre avec dignité". L’entreprise se défend en expliquant que "ce n’est pas un habitat longue durée, simplement une étape pour des personnes en période de transition". Marc Olivé affirme que "c’est une solution pour des gens qui sinon se retrouveraient à dormir dans la rue". 

 

 

 

Cette confrontation est finalement symptomatique du boom de l’immobilier qui enflamme les prix en Espagne, et notamment à Madrid et Barcelone. 15,1 euros/m2 en moyenne dans la capitale et 14,6 euros/m2 pour la Catalogne. En 2017, l’Espagne a connu sa plus grosse augmentation des prix des loyers. Selon une étude menée par fotocasa, la croissance du prix du loyer continue et va continuer d’augmenter. Le prix moyen des loyers n’a cessé de croître depuis 2015, mais en 2018 pour la première fois cette augmentation s’est modérée. 

La maire de Barcelone refuse catégoriquement de donner les licences nécessaires pour que les logements-ruches soient considérés comme légaux. Mais Haibu 4.0 s’est déjà installé, sans autorisation, et prétend à l’avenir s’étendre à Madrid, aux Baléares... et à Paris.  

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