Détail de la fresque réalisée par Ice Colectivo sur le mur de l'Institut Français de Barcelone"Photo: B. Bloomfield
Ils ont tous la vingtaine et se sont rencontrés à Marseille, grâce au graff. Ils dédient la majeure partie de leur vie à voyager et faire découvrir la culture du graffiti par le biais de leur association l'Artmada. Il y a quatre ans, Ice Colectivo était présent au Urban Funk Festival de Barcelone, un festival dédié au sport et à l'art urbain. "Depuis les années 90 jusqu'en 2006, des artistes du monde entier venaient peindre à Barcelone, c'était une vitrine importante, la Mecque européenne du graff", explique Asol. Il y a à Barcelone beaucoup de graffitis hors normes et créatifs. On y trouve un mélange de messages à caractère social et politique, de graphisme underground et aussi de culture hip-hop. La ville est donc un lieu à part dans la culture du graffiti. En 1994, Barcelone voit naître l'entreprise Montana Colors. Montée par deux graffeurs qui souhaitaient offrir un produit de qualité aux aficionados, elle est mondialement reconnue pour la qualité de ses bombes de peinture. L'entreprise propose actuellement plus de 200 références de produits et détient le quasi monopole du marché mondial.
Un revirement conservateur
Pourtant l'époque dorée du graffiti où les murs d'expression libre fleurissaient à Barcelone semble révolue. La reprise de la mairie en 2006 par l'équipe de Jordi Hereu a changé les règles du jeu: amendes pour les graffeurs, nettoyage des murs. Le graff est désormais proscrit dans la ville et se replie à l'extérieur de la cité. "Comme à Marseille...", commente Twix. "Les gens ne cessent pourtant pas de venir peindre. Les endroits touristiques sont remplis de graffitis, mais les dessins ne sont pas toujours le fruit d'une recherche artistique", ajoute Jaws. Finalement il apparaitrait que ce système encourage des démarches plus proches du "vandalisme"que de l'art. "C'est d'autant plus frustrant que les décideurs de la ville avaient compris la dimension artistique de cette pratique et l'avaient inclue dans une forme d'aménagement urbanistique. On est passé de tout à rien", explique Asol. "La performance de graff que nous avons effectuée à l'Institut français nous redonne un peu d'espoir. On peut imaginer qu'une réintroduction dans la ville est possible grâce à la légitimité d'une structure comme celle-ci".
Elisabeth Chanard (www.lepetitjournal.com Barcelone) Mercredi 01 avril 2009